Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, les pays occidentaux ont pris des trains de sanctions successifs afin d’enrayer l’économie russe et plus particulièrement de réduire autant que possible les bénéfices retirés de la vente d’hydrocarbures qui permettent de financer la guerre. L’Europe et certains ont ses alliés ont même été jusqu’à déclarer un embargo total sur le pétrole russe de sorte qu’aujourd’hui, il n’y a plus que de toutes petites quantités de pétrole brut ou de gaz naturel qui pénètre sur le Vieux Continent. Du moins officiellement.
Sauf que ce tableau ne reflète pas exactement la réalité et, actuellement, des volumes importants de pétrole brut continueraient d’être échangés sur les marchés mondiaux, permettant à Vladimir Poutine de continuer à engranger de plantureux bénéfices. Et l’Europe serait d’ailleurs particulièrement concernée par cette absorption, si l’on en croit diverses sources européennes, ukrainiennes et industrielles.
Impossible à tracer
Premier indice : les volumes de production et d’exportation de brut russe sont restés stables depuis le début de la guerre, ce qui indique qu’ils doivent bien trouver preneur quelque part. Et il est donc possible selon un économiste interrogé par Business AM que le pétrole russe aboutisse chez des clients européens par le biais d’intermédiaires.
Comment est-ce possible ? Et bien tout simplement parce que le pétrole brut est très difficile – si pas impossible – à tracer sur les marchés mondiaux. Il est en effet très facile de le mélanger avec d’autres cargaisons en provenance d’autres pays producteurs et il devient donc impossible d’identifier la véritable source d’approvisionnement. Et ce n’est pas tout : toute action de raffinage efface toute trace d’origine du pétrole.
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Des compagnies complices ?
Dans cette grande valse pétrolière, ce sont certains pays ainsi que des compagnies maritimes peu regardantes et souvent enregistrées dans des paradis fiscaux qui mènent la danse. Parmi les voies d’accès soupçonnées : l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan qui passe par l’Azerbaïdjan et la Turquie. Ces soupçons sont plutôt fondés, car, par exemple, entre avril et juillet 2022, l’Azerbaïdjan n’aurait jamais exporté autant de barils de toute son histoire. Bien entendu, les autorités nient…
La Russie peut compter sur la Turquie qui a toujours joué double jeu dans ses relations internationales. Celle-ci a d’ailleurs décidé de ne pas appliquer les sanctions contre le pétrole russe tandis qu’elle a aussi doublé ses importations de pétrole en provenance du plus grand pays du monde selon Reuters.
La Russie continuerait donc d’empocher autour de 600 millions d’euros par jour grâce au pétrole, une manne financière qui, paradoxalement, proviendrait majoritairement d’Europe. Ce qui signifie donc que le pétrole russe continue de couler à flots dans nos stations-service. Le Centre finlandais de recherche sur l’énergie et l’air pur (CREA) a indiqué qu’il détenait les preuves « que certaines entreprises internationales achètent des produits de raffinage fabriqués à partir de pétrole russe et les vendent en Europe ».
Dernier rouage de cette machinerie manifestement bien huilée : la Russie dispose aussi d’une vaste flotte de « bateaux fantômes » qui lui permet de contourner l’embargo et le plafonnement des prix. La Russie livre principalement la Chine et l’Inde où les importations ont augmenté de respectivement +19% et +800% en 2022, selon l’AIE.
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