ESSAI Aston Martin Vantage AMR : Puriste !

Comme si une Aston Martin à boîte manuelle ne s’adressait pas encore assez aux puristes, le constructeur britannique a choisi une boîte 7 rapports au maniement compliqué pour sa série spéciale Vantage AMR…

7 / 10
Publié le 7 janvier 2020
Temps de lecture : 5 min

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ESSAI Aston Martin Vantage AMR : Puriste !

Dans le jargon des Aston de route, AMR (pour Aston Martin Racing) est synonyme de poids en baisse et de sensations de conduite en hausse. Après la DB11 l’an dernier, c’est désormais au tour de la « petite » Vantage de recevoir l’appellation mythique, pour une série spéciale limitée à 200 exemplaires. Parmi ceux-ci, 59 seront rendus encore plus exclusifs par leur teinte « Vantage 59 », illustrée ici et célébrant le 60e anniversaire de la victoire d’Aston Martin aux 24 Heures du Mans.

Boîte alambiquée

Le plus intéressant dans cette série spéciale sont évidemment les modifications techniques dont elle a bénéficié : freins en carbone céramique de série, différentiel à glissement limité aux réglages spécifiques et 95 kilos de moins sur la balance. Un gain de poids à mettre en grande partie au crédit de l’adoption d’une boîte de vitesses manuelle au lieu de l’habituelle transmission automatique.

Dans le cas présent, c’est une boîte manuelle… à 7 rapports dont est dotée la Vantage AMR ! Et comme si cela ne suffisait pas à se démarquer, Aston Martin l’a affublée d’une commande « dog-leg » : la première est en bas à gauche, vers le conducteur donc, là où se trouve habituellement la seconde. Une architecture héritée de certains modèles de course automobile, qui permet d’accélérer les passages entre 2e et 3e, et entre 4e et 5e, puisqu’elles se trouvent deux par deux sur la même ligne de la grille. Une solution probablement efficace sur le papier, mais qui s’avère bien compliquée dans la pratique…

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Cafouillage mental

Pour appréhender cette nouvelle boîte, il faut en effet effacer de son esprit tous les automatismes acquis, et garder en tête l’emplacement de chaque rapport. Un exercice loin d’être évident au départ, surtout en conduite active. Il m’est arrivé à plusieurs reprises d’engager la 4e au lieu de la 5e ou, pire, la 2e au lieu de la 3e. A cela s’ajoute le fait que la boîte n’accepte pas les imprécisions dans les enchaînements de rapports. Pas question ici de « glisser » le levier pour passer de 3 en 4 ou de 5 en 6 : les mouvements doivent être décomposés et le doigté précis pour engager la vitesse souhaitée, à la manière d’une sportive italienne des années 80. On apprécie en revanche le « rev matching » (baptisée AMSHIFT) automatique qui peut être activé par un simple bouton, et reproduit les effets du talon-pointe en donnant un léger coup de gaz au rétrogradage, histoire de garder le moteur dans les tours et intensifier les relances. Une chose en moins sur laquelle se concentrer !

A ces difficultés psychomotrices se mêlent les conditions météo exécrables du jour de notre essai, probablement les pires que nous ayons connues en ce mois de décembre : ciel bas, luminosité absente, pluie épaisse incessante voire grêle légère par endroits. Bref, des conditions loin d’être idéales pour « attaquer » sur les routes ardennaises jonchées de feuilles mortes, et surtout pas avec avec un 4 litres V8 de 510 chevaux qui transmet toute sa puissance aux roues arrière. Et même si le couple a été réduit (625 Nm tout de même), la vigilance est de mise à tout instant ! En mode Sport (le mode de conduite basique), la Vantage AMR reste une grande GT, comme attendu. Le muscle est évident mais le tempérament est presque sage, même si on sent bien qu’il ne faut pas trop la titiller, sous peine de faire valser le train arrière qui ne semble attendre que ça. Ce qui se confirme bien vite en mode Sport+ ! Assistances à la conduite réduites et réactivité exacerbée, le travers guette à tout instant, et le dosage de l’accélérateur doit être parcimonieusement distillé pour éviter le rail-sanction qui n’est jamais très loin. Le pilote aguerri appréciera et y prendra un plaisir certain, surtout s’il est le propriétaire de la voiture. Mais pour ma part, pour m’assurer de restituer intacte ma mouture, je n’essaierai pas cette fois le mode Track, encore plus pointu…

Conclusion

En optant pour une boîte aussi compliquée, Aston Martin réserve cette Vantage AMR aux puristes de la première heure, ceux qui prendront le temps d’apprendre à en maîtriser parfaitement le maniement. Eux l’apprécieront vraiment !

La Vantage AMR « Vantage 59 » en quelques chiffres

Moteur : V8, essence, biturbo, 3.982cc ; 510ch à 6.000tr/min ; 625Nm de 2.000 à 5.000 tr/min.

Transmission : aux roues arrière.

Boîte : manuelle 7 rapports.

L/l/H (mm) : 4.465/1.942/1.273

Poids à vide (kg) : 1.360

Volume du coffre (l): 270

Réservoir(l) : 73

0 à 100 km/h (sec.) : 4

Prix : 211.745€ TVAC

Puissance : 510 ch

V-max : 314 km/h

Conso. mixte :  +/- 12,5l/100km

CO2 : 285 g/km

Qualités
  • Sensations
  • Moteur pointu
  • Boîte précise
  • Freinage mordant
  • Comportement joueur
Défauts
  • Boîte compliquée
  • Visibilité périphérique

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Par Nicolas Morlet Journaliste freelance

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