ESSAI Mazda CX-3: adulte

Le segment le plus bouillonnant du moment, et ce n'est pas fini, est celui des crossovers urbains. Pour s'y imposer, le CX-3 adopte une attitude opposée à celle de ses rivaux.  

Publié le 7 avril 2015
Temps de lecture : 7 min

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ESSAI Mazda CX-3: adulte

Au milieu les “Z'avez vu mon design de dingue ?” du Nissan Juke, les “Matez-moi toutes ces jolies couleurs !” du Renault Captur” ou les “Quoi, tu veux ma photo !? Coup de boule !?” de l'Opel Mokka, pour ne citer que quelques exemples, arrive le CX-3, discret, bien habillé, soigné jusqu'au bout des ongles. Ou comment séduire sans même avoir l'air d'essayer…

Sobriété n'est pas anonymat

Avec son design baptisé “Kodo” (qui se traduit par “l'âme du mouvement” paraît-il…) Mazda a en effet créé une identité visuelle sobre mais pas banale, séduisante mais pas racoleuse, expressive mais pas sur-jouée. Et autant dans les segments de la compacte Mazda 3 ou de la grande berline Mazda 6, on trouve d'autres marques qui parviennent à associer une ou plusieurs de ces caractéristiques, autant dans celui du CX-3, ça manquait. Ce qui pourrait faire du petit Mazda un succès, c'est le fait qu'il se distingue du reste, justement parce qu'il ne cherche pas à se distinguer à tout prix.

Dans l'habitacle, c'est mieux encore. Mazda semble être le constructeur généraliste japonais qui a le mieux compris le concept cher aux conducteurs européens de “qualité perçue”. Ca ne veut pas dire qu'il utilise moins de plastiques durs que les autres (Opel par exemple en utilise même beaucoup moins), mais le dessin général et l'idée de contraster les matériaux un peu moins nobles par une touche de (faux) cuir à coutures apparentes procure à l'intérieur élégance et sensation de qualité, sans le côté souvent psychorigide de l'approche germanique de la qualité perçue. Joli travail !

Comme un grand

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Avec près de 4,3 mètres de long, le CX-3 se situe parmi les plus grands de son genre. Logique donc qu'il soit parmi les plus spacieux, notamment aux places arrière. Même assis derrière le sympathique grand échalas qui me servait de copilote durant les essais, les genoux ne touchent pas le siège avant et lorsque c'est le grand échalas en question qui prend place sur la banquette, sa tête ne touche pas le plafond. Bon point donc car, croyez-le, ce collègue-là est le test ultime en matière d'habitabilité ! Le coffre en revanche est juste dans la moyenne et le seuil de chargement est un peu haut. Mais rien de vraiment handicapant.

Comme un grand aussi au niveau de l'équipement, le Mazda CX-3 reçoit tout d'abord le système d'info-divertissement à “double commandes” (via l'écran tactile ou via le petit module placé entre les sièges) qui est probablement l'un des plus intuitifs. Mais surtout, on peut cocher des options qu'on ne trouve pas forcément ailleurs, comme l'affichage tête haute, la reconnaissance de panneaux routiers ou le système de freinage d'urgence automatique en ville. Jusque-là, le «safety shield» de Nissan était le système le plus complet, le voici dépassé d'une demi-longueur. 

Au Nord, y avait des Mazda

Dans sa proposition de mécaniques non plus, Mazda ne fait rien comme les autres. En essence par exemple, alors que ses concurrents reçoivent en général des 1.6 ou 1.2, le CX-3 reçoit un 2 litres atmosphérique proposé en 120 ou 150 chevaux. Voilà qui posera le même problème qu'avec les 2.2 diesels des Mazda 3, 6 et CX-5 : dans leur catégorie respective, ces moteurs sont “trop grands” et donc frappés par des taxes en Wallonie et à Bruxelles qui les empêchent d'être concurrentiels. En Flandre par contre, les taxes sont désormais calculées sur les caractéristiques écologiques des moteurs (pas seulement le CO2) et comme les technologies Skyactiv de Mazda rendent ces moteurs aussi propres que les moteurs downsizés des concurrents, les ventes du constructeur progressent considérablement en Belgique, sans qu'on puisse vraiment le constater sur les routes du Sud du pays. Pour ceux qui seraient tout de même prêts à consentir au sacrifice fiscal, le 2 litres 120ch est uniquement disponible en deux roues motrices, le 150ch en 4×4 et dans les deux cas, on peut choisir entre boîte manuelle ou automatique, toujours 6 rapports.

Bref, en “Région Wallonie-Bruxelles”, ce sont surtout les gros rouleurs pouvant justifier le choix d'un diesel que le CX-3 intéressera. Là, le choix est plus classique, avec un 1.5 turbo diesel 105ch qui arrivera aussi en juin sous le capot de la Mazda 2. La spécificité de ce moteur est qu'il répond aux normes Euro6 sans coûteux système de post-traitement des gaz d'échappement, et sans rien céder à ses concurrents en termes de performances. En tout cas sur papier… Lui aussi est disponible avec 2 ou 4 roues motrices, avec boîte auto ou manuelle, seule la combinaison 2WD + boîte auto n'existant pas.

Economique

En route avec le 1.5 Skyactiv-D, associé dans notre voiture d’essai à la traction et, donc, à la boîte manuelle. Dès le départ, le CX-3 fait bonne impression. Bien qu'on perçoive quelques évolutions depuis que nous l'avions découvert en novembre dernier dans la Mazda 2, le 1.5 est globalement tel que nous nous en souvenions. S’il fait preuve d'un remarquable silence de fonctionnement et d'un appétit très mesuré (une moyenne réelle légèrement supérieure à 5 litres), ses performances par contre ont un petit goût de trop peu : pas grand-chose sous 1.600 tours, plus trop de souffle au-delà de 3.000, ça ne lui laisse pas grand-chose pour s'exprimer. A notre avis, le problème vient de la boîte dont les rapports, surtout à partir de la 4e, sont aussi longs que le débattement du levier de vitesses est court, façon MX-5. A croire que les ingénieurs se sont dits : “Bon, les conducteurs vont devoir beaucoup jouer du levier pour essorer le moteur, donc autant que ce soit sympa de le faire”. Oui, c'est sympa mais c'est tout de même dommage. En même temps, le comportement du CX-3 est sain et plutôt neutre, pas vraiment typé sport donc au fond, la voiture est cohérente, même si la relative dureté des suspensions ne plaira pas à tout le monde.

Conclusion

Nouveau bulletin positif pour Mazda. Qualité, sobriété, séduction… Le côté adulte de ce CX-3 devrait attirer ceux qui ne se reconnaissaient pas dans un segment jouant globalement le jeunisme. Les tarifs ne sont pas encore établis, mais une version de base devrait coûter environ 18.000 euros.

+ 

Design sobre

Qualité et présentation de l'habitacle

Diesel très silencieux

Espace à bord

Position de conduite, commandes agréables

Moteur essence fiscalement pénalisé

Performances du 1.5 diesel un peu décevantes

Amortissement un rien trop ferme

Le Mazda CX-3 1.5 Skyactiv-D en quelques chiffres

Moteur : 4 cylindres turbo diesel, 1.499cc; 105ch à 4.000tr/min; 27Nm de 1.600 à 2.500tr/min.

Transmission : aux roues avant

Boîte : manuelle 6 rapports

L/l/h (mm) : 4.275/1.765/1.535

Poids à vide (kg): 1.165

Volume du coffre (l) : 350 – 1.260

Réservoir (l) : 48

0 à 100 km/h (sec.) : 10,1

Prix : NC

Puissance : 105 ch

V-max : 177 km/h

Conso. mixte : 4 l/100km

CO2 : 105 g/km

Les autres motorisations

2.0 SKYACTIV-G : 120ch, 5,9l/100km, 192km/h, +/- 18.000 euros TVAC.

2.0 SKYACTIV-G : 150ch, 6,4l/100km, 200km/h, prix NC

1.5 SKYACTIV-D AWD : 105ch, 4,7l/100km, 173km/h, prix NC

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Par Laurent Zilli Professionnel indépendant de la rédaction et de l'édition

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