Si on oublie Jaguar, qui avait imaginé puis abandonné un tel projet pour la Type E, Opel est le tout premier constructeur à s’intéresser au sujet tendance du moment, sur lequel s’activent déjà de plus en plus de start-ups : le rétrofit, ou conversion électrique de voitures anciennes. La voiture choisie pour essuyer les plâtres est donc la Manta de première génération, petit coupé sportif très populaire dans les années 70, qui commence à avoir le succès qu’il mérite sur le marché de la collection.
Rétrofit et Restomod
Comme vous le voyez, la Manta n’est pas seulement électrifiée, mais subit aussi une légère cure « Restomod ». Vraiment légère, car Opel a joliment respecté l’originale. En dépit des apparences, pratiquement rien n’a été changé à la tôlerie, à part la traverse inférieure avant, et l’effacement de toute trace de pare-chocs. Idem à l’intérieur. Outre de nouveaux sièges avant, les deux écrans sont intégrés à la planche de bord d’origine. La console centrale est celle de 1974, tout comme les manivelles des fenêtres, les poignées d’ouverture des portes et même les ceintures.
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Parfait mélange
Si la transformation physique n’a pas encore dégouté les puristes, voici ce qui va les achever. Sous le capot, le moteur 1,9 litre 105ch d’origine est remplacé par un moteur électrique de 147 chevaux et 255 Nm. Bonne nouvelle, ce moteur et ses composants pèsent exactement la même chose que le vieux bloc essence. Mais il y a bien sûr les batteries de 33 kWh (+/- 200 km d’autonomie), qui ajoutent quelque 170 kg dans le coffre. C’est beaucoup pour une légère voiture des seventies mais le truc, c’est que la nouvelle répartition des masses (48% à l’avant, 52% à l’arrière) offre un comportement plus dynamique qu’à l’origine. Il va sans dire que les suspensions ont été modifiées pour supporter la charge et afficher une efficacité un peu plus moderne, de même que les freins, désormais à disques sur les quatre roues. Ce qui n’a en revanche pas été modifié d’un poil, c’est la direction et… la boîte manuelle 4. Oui, ceci est une voiture électrique manuelle, avec embrayage et tout. Et ça fait toute la différence avec une électrique moderne…
Le choix
Ce qui est génial avec ce concept, c’est qu’il laisse le choix. Car si boîte et embrayage sont préservés, on n’est pas forcé de s’en servir. La seule procédure obligatoire, c’est débrayer, choisir un rapport, embrayer. Tout ça à l’arrêt : pas besoin de faire patiner, ça fonctionnera comme une automatique. Imaginez : la semaine, vous faites toute la journée en 3e ou même en 4e, sans plus rien toucher d’autre que l’accélérateur et le frein, car le couple de l’électrique permet de le faire. Confort idéal pour le trafic du matin. Le week-end, place au fun. On démarre en 1ère pour faire cirer les roues, on enchaîne les rapports, on rétrograde pour une relance ou pour ralentir au frein moteur (et au passage, on recharge les batteries). Et toutes les sensations y sont : la direction à l’ancienne, la tenue de cap pas toujours parfaite, le touché des pédales, le « klonk » et le feeling dans la main des passages de rapports, via une commande de boîte délicieusement imprécise. Tout est là, parfaitement old school. « Non, pas le bruit du moteur », proteste le puriste. C’est vrai, ça manque. Mais on va arrêter de se la raconter : un 1.9 Opel des années 70, ce n’est pas exactement un V12 Ferrari…
Et si la conversion vous prive certes de la sonorité d’un vieux moteur, elle vous soulage aussi de toutes ses tares. La peur de la surchauffe, les fuites d’huile, l’angoisse qui vous prend au moindre bruit inhabituel, les pièces introuvables et/ou onéreuses. Et les 10-15 l/100km. Je suis d’accord, toutes les anciennes ne doivent pas être candidates à l’électrification. Mais un paquet le sont. Et quand on aime son ancienne, qu’on a envie de la conduire tous les jours, même au-delà de 2030, le sacrifice du moteur n’est pas cher payé. D’autant qu’il implique aussi son lot de bénéfices. Moi en tout cas, je suis sorti de cet essai avec la banane, en imaginant volontiers le même sort pour ma Peugeot 205 XR 1986 adorée !
Réflexion
Face aux réactions enthousiastes suscitées par cette Manta, Opel réfléchit à comment commercialiser le concept. Produire en interne une petite série de voitures ? Vendre un kit de conversion installé par des spécialistes ? Je parierais sur la deuxième solution, plus simple sur le plan légal. Et je parie aussi que toutes les marques disposant d’un service de restauration de ses modèles ne tarderont pas à proposer du rétrofit de ce genre !
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