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ESSAI Rolls Royce Ghost Series II: comment améliorer une Rolls

Après quatre ans de carrière, la plupart des voitures bénéficient d’un face-lift. Chez Rolls-Royce, on ne parle pas de face-lift mais de deuxième série. C'est plus chic, mais au fond c'est pareil : ça veut dire que la voiture est mise à jour. Mais comment peut-on améliorer un tel bijou !?

Laurent Zilli Laurent Zilli | Publié le 3 mars 2015 | Temps de lecture : 16 min

Quatre ans après avoir conduit la Ghost, première Rolls de ma carrière, le hasard du calendrier m’a désigné découvreur de cette «Series II». Cette voiture m'avait véritablement marqué. Bien sûr, elle avait un volant, des pédales, un moteur, quatre roues… mais conduire la “petite” Rolls avait pourtant été une expérience incomparable. Avec elle, on quittait le monde de l'automobile pour entrer dans autre chose. Mais difficile de vous décrire dans quoi… 

Cajolé

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Conduire la Ghost, c'est se déplacer sur un nuage. C'est se sentir cajolé par les dizaines d'artisans qui ont coupé le cuir, fabriqué les sièges, poli les boiseries, construit le moteur, assemblé toute la voiture, tracé le liseré qui court de l'extrémité des ailes avant à celle des ailes arrière… Tout au long de la genèse d'une Rolls-Royce, quelle qu'elle soit, un seul robot intervient : celui qui peint la carrosserie. Tout le reste est encore réalisé par la main humaine et on le ressent à bord à chaque seconde. Au-delà de tout critère rationnel, c'est l'argument qui écrase tous les autres !

Retouches légères 

Pour être franc, et même pour les journalistes qui sont autant amoureux du dessin que passionnés par ce que cache la robe, il y a peu de choses plus barbantes que d'écouter un designer nous parler de son travail lors d'une conférence de presse. Pourtant, par on ne sait quelle magie – peut-être celle de la marque elle-même – on boit béatement les paroles du designer qui a conduit la subtile refonte esthétique de la Ghost. Jamais il ne fut plus passionnant d'entendre quelqu'un expliquer que tous les panneaux de carrosserie sont nouveaux, que la ligne qui sculpte le flanc a été redessinée et que sa naissance sur l'aile avant est inclinée de sept degrés supplémentaires pour accentuer le dynamisme, que les phares ne sont plus strictement rectangulaires et que les feux de jour LED en parcourent désormais tout le contour, ou encore que le nouveau double trait qui encadre la baguette chromée du centre de capot est censé évoquer la trainée de vapeur laissée par un avion dans le ciel. A chaque explication, comme hypnotisé, on se dit “Ah oui, c'est bien, ça !”.

C'est à bord de la voiture que la question posée en titre est la plus pertinente. La qualité de l'habitacle d'une Rolls est exactement comme vous l'imaginez. Plutôt non : elle est au-delà. Et tenter de comparer avec ce que fait un autre constructeur est vain. Pas parce que c'est mieux ou moins bien que chez Mercedes, ou Audi, ou même Bentley. Simplement parce que les références du monde automobile ne s'appliquent pas ici. Tout ce qu'il y a à savoir, c'est que l'habitacle d'une Rolls ne souffre aucun reproche, si ce n'est ceux que peuvent faire naître des goûts divergents. Et donc, comment améliorer cela ? En en changeant le moins possible. Les sièges avant offrent un meilleur maintien latéral – car rappelons que la Ghost a au-moins autant vocation à être conduite par son propriétaire que par le chauffeur de celui-ci – et ils gagnent aussi un support de cuisses extensible, électriquement bien sûr. Le touché de la planche de bord a été raffiné et c'est plus qu'un détail, car Dieu sait qu'une Rolls-Royce est une voiture tactile ! Les formes de la banquette arrière ont elles-aussi été revues et lorsqu'on positionne les deux places en position «Lounge», elles tournent légèrement l'une vers l'autre pour que les occupants puissent converser plus confortablement ! Enfin, deux nouvelles essences de bois sont disponibles. Et c'est tout. Et il n'en faut pas plus.

Le contenu technologique en revanche suit l'évolution du temps mais, Rolls-Royce oblige, sans vous danser ostensiblement sous le regard. Partant du principe qu'une Rolls est avant tout une voiture de capitaine d'industrie, la connectivité a été améliorée, pas seulement au profit des loisirs, mais surtout du business : web, téléphonie, vidéo-conférence, chaînes télé d'info continue, etc. Toutes les fonctions – qui font merveilleusement oublier qu'on utilise en fait un iDrive de BMW – peuvent évidemment être activées par commande vocale, ou par deux ensembles de molette rotative et de quelques boutons essentiels. Deux ? Mais voyons : l'une à l'avant, l'autre à l'arrière. Notez au passage que la molette avant est frappée du Spirit of Ecstasy, et que sa surface fait office de Touchpad. On peut donc contrôler les équipements de la voiture en caressant une femme ailée… Et pourquoi le vaste écran HD de plus de 10'' n'est-il pas tactile ? Parce que dans une Rolls, il n'y a pas de places pour de grosses traces de doigts sur un écran !

Plus dynamique 

Bien sûr la notion est très relative, mais la Ghost a toujours fait figure de voiture dynamique parmi les Rolls-Royce. Aujourd'hui, le coupé Wraith l'est certes encore un peu plus, ce qui n'enlève rien au fait que oui, la Ghost est une voiture qu'on a plus plaisir à conduire soi-même qu'une colossale Phantom. Et pour accentuer ce trait de son caractère, la Ghost peut être commandée avec le Dynamic Driving Package, qui comprend des suspensions spécifiques, un calibrage de direction différent et un volant plus épais. Par ailleurs, les ingénieurs ont aussi retravaillé le train arrière de toutes les Ghost pour réduire encore le niveau de vibrations. Mais dynamique ou pas, on ne change rien au magnifique V12 6.6 de 570 chevaux et 780 Nm. On lui a juste adjoint les services de la dernière version de la boîte automatique 8 rapports ZF, dont la gestion fait en partie appel au… GPS. Ce qui lui permet d'anticiper les virages, les montées, les descentes et donc de se préparer à enclencher en toute discrétion le rapport le plus adéquat.

Nous avons essayé une Ghost dotée du Dynamic Drive Package. Ce serait mentir que d'affirmer qu'elle s'en trouve diablement plus dynamique, le parcours peu exigeant que nous avons suivi ne nous ayant pas permis de le vérifier. On perçoit bien légèrement plus de feedback dans la direction, et aussi un peu plus de fermeté dans l'amortissement. Mais en l'occurrence, il semble que ça nuise à l'expérience Rolls-Royce. Car notre Ghost Dynamic était une version longue (5,57 mètres au lieu de 5,4), par définition moins rigide. Et donc avec ces suspensions plus fermes, les passages sur un revêtement dégradé produisaient un effet tout sauf élégant et confortable. Toutes proportions gardées, bien sûr. Ca reste du très haut niveau. Mais cette configuration met en évidence que tout progresse très vite, y compris les châssis et les plateformes. Et face au confort absolument im-per-tur-bable d'une toute jeune Mercedes Classe S, de son tout jeune châssis et, éventuellement, de ses toutes fraîches suspensions pilotées Magic Body Control qui anticipent les plaies du macadam, la Rolls accuse le poids de ses cinq courtes années d’existence. Ô temps, suspends ton vol…

Bref, donnez-moi plutôt une Ghost sans Dynamic truc, de préférence en version “courte”. Et donnez-moi le fin volant qui permet de conduire non pas du bout des doigts, mais du bout d'un seul doigt. Qu'importe le feedback, le touché de route… Avoir une direction Rolls entre les mains reste une expérience unique. Qu'importe si les virages sont franchis un peu moins vite : la voiture est tout de même bien assez rapide. Et qu'importe enfin si la Ghost n'est pas la “meilleure” voiture selon une analyse technique objective et implacable. Car après tout, répétons que nous ne sommes pas ici dans le monde de l'automobile, où l'on choisit de s'offrir telle voiture ou telle voiture. On n'hésite pas entre une Rolls et une autre. Même la future superlative Mercedes Classe S Pullman (qui remplacera la Maybach) ne sera pas une concurrente. Rolls-Royce n'a pas de concurrent. S'en offrir une, ce n'est pas s'offrir une voiture, c'est une sorte d'accomplissement. C'est la définition ultime de “se faire plaisir”. 

Conclusion

Non, la Ghost Series II n'est pas la meilleure voiture du monde. Mais comme on ne peut la comparer à aucune autre, parce qu'elle offre quelque chose de difficilement descriptible que les autres n'offrent pas, ce n'est pas un problème : le mythe est intact !

+

Le mythe Rolls Royce

Finitions sublimes

Voiture vraiment performante

Luxe inouï

Douceur incomparable de la conduite
 

 

Pack dynamique sans grand intérêt

Rigidité parfois prise en défaut

Pas la plus technologique

La Ghost Series II SWB en quelques chiffres

Moteur : V12 essence, 6.592cc; 570ch à 5.250tr/min; 780Nm à 1.500tr/min.

Transmission : aux roues arrière.

Boîte : automatique 8 rapports.

L/l/h (mm) : 5.399/1.948/1.550

Poids à vide (kg): 2.435

Volume du coffre (l) : 490

Réservoir (l) : 82

0 à 100 km/h (sec.) : 4,9

Prix : 277.000 € TVAC

Puissance : 570 ch

V-max : 250 km/h

Conso. mixte : 14l/100km

CO2 : 327 g/km

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