Il va falloir faire entrer ça dans nos petits cerveaux : Kia n’est plus le gentil constructeur qui suit le mouvement tout en essayant de rendre une copie parfaite. Depuis la Stinger, le constructeur coréen a décidé de sortir du lot et de montrer la voie. Son nouveau haut de gamme a en effet de quoi faire pâlir l’hélice BMW et, dans un autre registre, cette nouvelle Proceed est tout aussi étonnante…

Démocratisation d’un concept

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Ce n’est évidemment pas un hasard si Kia sort coup sur coup deux modèles aussi spéciaux. Se rendant compte qu’il fallait passer la vitesse supérieure si elle voulait de démarquer, la firme asiatique a en effet décidé d’investir dans des produits-phares, capables de changer son image plan-plan. Mission accomplie ! La Stinger est une réussite absolue, et quelque chose nous dit que cette Proceed va marquer son temps. Il s’agit en effet du premier shooting-brake 5 portes proposé par un constructeur généraliste.

L’histoire retiendra donc que Kia a démocratisé ce concept lancé par Mercedes avec ses CLS et CLA SB. « Il n’y a plus de place pour un coupé ou un cabrio dans le segment C », affirment les responsables de la stratégie de la marque. « Par contre, nous sommes convaincus qu’il reste du potentiel pour une voiture dégageant de l’émotion. Et nous faisons le pari du shooting-brake car il combine un design attirant et les aspects pratiques d’un break. » En résumé, l’émotion et la raison dans un seul et même véhicule. Voyons cela…

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Belle et pratique ?

Le prototype que Kia nous montrait depuis quelques mois faisait clairement penser à une « Stinger (shooting-)break ». La réalité est un peu différente : de face, on reconnaît la Ceed. Mais il est vrai que de profil, la ligne élancée et particulièrement basse de la Proceed (43mm de moins que la Wagon, ce qui en fait la voiture la plus basse du segment C !) produit déjà un effet très différent. Et vue de derrière, cette Kia pas comme les autres évoque clairement la Porsche Panamera Sport Turismo. Jolie référence ! Voilà donc pour l’émotion, clairement présente même si la Proceed aurait été encore plus spectaculaire avec une largeur comparable à celle de la Stinger.

Et côté pratique ? D’abord, pas de panique : la ligne très très basse ne signifie pas qu’on soit mal installé à bord, y compris à l’arrière. Certes, il fait un peu plus sombre aux places arrière mais l’ensemble reste confortable et suffisamment spacieux pour une famille. Quant au coffre, il est 50% plus grand que dans la Ceed normale : 595 litres, soit seulement 30 de moins que celui de la Wagon. Pas mal du tout ! Là où le bât blesse par contre, c’est au niveau de l’accès à ce coffre. Clairement trop haut, avec une ouverture pas énorme. Et puis, on se demande un peu où sont les 595 litres. La faute aux compartiments, planchers, barres de séparation et autres, qui donnent l’impression que Kia a tout fait pour réduire le volume disponible. Mais sans doute qu’à l’usage et avec l’habitude on arrivera à bien exploiter ces près de 600 litres bien camouflés !

Pour résumer ce chapitre, on dira donc que si le volume total est effectivement supérieur à celui de la hatchback, ce shooting-brake est quand même loin d’offrir les mêmes aspects pratiques que la Wagon. Logique : comme le disait un responsable de Kia lors de cet essai en avant-première, « on ne peut pas tout avoir : du style et un camion de déménagement ». Mais le compromis obtenu est intéressant. Et puis, quelque chose nous dit que les futurs acheteurs choisiront davantage cette auto pour son look que pour aller chez Ikea. Mais son volume de coffre officiel leur donnera bonne conscience… et bonne image auprès de la famille !

Moteurs

La Proceed entend soigner son image. Pour le moment, il n’est donc pas prévu de vendre des versions de base : la gamme débute avec la GT Line et fait l’impasse sur les motorisations les moins puissantes (1.4 essence et 1.6 CRDi 115). On retrouve donc les petits moteurs essence turbos de la nouvelle Ceed 120 et 140 chevaux, ainsi que le 1.6 CRDi 136. Mais comme Kia veut positionner sa nouveauté comme un produit image, le modèle qui nous a été confié pour cet essai était évidemment la Proceed GT de 204 chevaux. La classe !

En prenant place sur le siège passager, on retrouve avec bonheur l’ambiance très qualitative de la nouvelle Ceed. Présentation impeccable, matériaux au top, position de conduite irréprochable, ergonomie très réussie… On se sent tout de suite chez soi. Certains regretteront peut-être de ne pas avoir de vraie spécificité pour cette Proceed GT mais je pense qu’à long terme, personne ne s’en plaindra.

Quant aux sensations de conduite, même si le parcours d’une heure tracé autour du QG de la marque à Francfort ne nous permet pas de tirer des conclusions définitives, je peux vous affirmer une chose : comme sur la Stinger, on sent très bien le travail d’Albert Biermann (ex-BMW M) sur cette auto. Certes, il s’agit d’une traction et elle est donc incomparablement moins efficace que sa grande sœur mais cette Proceed GT n’a rien à envier aux références du segment C proposant une puissance équivalente. La direction se révèle très communicative et précise, la motricité ne prête pas le flanc à la critique et l’ensemble se révèle très stable. Le comportement ne semble pas très joueur, avec un train arrière soudé au sol mais ceci est à confirmer sur un parcours plus fun.

En tout cas, cette Proceed est bien née et devrait donner des idées aux autres. A moins qu’ils n’attendent de voir si Kia connaît le succès avec ce modèle. Mais pour ma part, j’y crois !

Conclusion

Voilà donc Kia dans le rôle du « trendsetter », du constructeur qui ose innover et montrer la voie aux autres. Le succès sera-t-il au rendez-vous ? De toute façon, le pari n’est pas très risqué financièrement puisque la base reste celle d’une Ceed. Et pour l’image globale de la marque, c’est déjà une réussite !