La Commission européenne a décidé de sortir du moteur thermique à l’horizon 2035, une échéance à partir de laquelle plus aucun acheteur ne pourra acquérir de voiture neuve thermique. Cette transition forcée représente un sacré défi, car elle devra s’opérer en moins de 15 ans, et ce alors qu’il reste un gros bout de chemin à parcourir.
En effet, outre le fait que l’infrastructure de recharge est aujourd’hui insuffisamment développée, on peut aussi se poser la question de l’équité sociale (et donc des aides potentielles à l’achat), mais aussi de la disponibilité des voitures électriques pour tous en ces temps de guerre et de pénuries ainsi que de notre approvisionnement énergétique pour recharger toutes ces voitures.
Cela dit, au sein de cette même Commission, il y a comme des voix dissonantes. Ou en tout cas, on les perçoit comme telles. En effet, en 2025, la norme Euro 7 (la dernière ?) est censée être introduite, c’est-à-dire le règlement qui prescrit les règles en matière de rejets polluants pour les moteurs thermiques. La publication du contenu de cette norme Euro 7 a été maintes fois repoussée et elle est désormais prévue pour juillet de cette année. C’est en tout cas ce qu’a déclaré Thierry Breton, commissaire européen chargé au marché intérieur : « la Commission européenne progresse sur la norme Euro 7, qui devrait être approuvée en juillet. »
La plus stricte du monde
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Il faudrait en effet que les discussions aboutissent, car on annonce cette norme comme la plus stricte jamais édictée au monde, ce qui risque de poser pas mal de problèmes aux constructeurs qui disposent aujourd’hui de très peu de temps pour effectuer leurs recherches et développer ces nouveaux moteurs. Deux ans et demi, c’est en effet très peu.
Le commissaire européen va encore plus loin dans son discours. Il attend en effet des constructeurs qu’ils produisent les moteurs les plus propres au monde : « nous voulons abaisser les limites d’émission en fonction des dernières évolutions technologiques, nous devons comprendre comment les émissions sont liées au style de conduite, notamment en utilisant les technologies numériques.
Nous accorderons une attention particulière à la durabilité de nos exigences. Tout cela garantira qu’en Europe, nous produirons les véhicules à moteur thermique les plus propres au monde. » Très bien et bravo pour les avancées technologiques, mais on peut se poser la question de l’intérêt de la débauche de moyens exigés par les autorités européennes, alors que notre région s’apprête à quitter le monde du moteur thermique et que les exigences des autres pays qui n’ont pas encore pris de mesures pour la transition vers le véhicule électrique sont sensiblement moindres que chez nous.
Thierry Breton indique toutefois que ces efforts sont nécessaires, car les constructeurs doivent penser aux exportations de moteurs thermiques qui devront rester un débouché commercial important « je pense que c’est un atout pour l’Europe, il est important de rester présent sur le marché mondial, il est important de penser aux exportations. Nous savons que la demande de moteurs thermiques va se poursuivre, mais nous devons veiller à produire les véhicules les plus propres possibles ».
Tout ceci nous amène à nous interroger sur la position de la Commission européenne qui semble penser que ses exigences d’aujourd’hui seront celles du reste du monde demain. Conserver un savoir-faire pour les moteurs thermiques en Europe est naturellement essentiel, mais si les technologies de dépollution sont très avancées, cela signifie qu’elles seront aussi plus chères, rendant de ce fait les moteurs thermiques européens certes propres, mais onéreux sur le marché international et donc peut-être aussi moins compétitifs du fait d’une (trop) grande propreté.
Vouloir faire propre est évidemment louable, mais il ne faut jamais oublier que ces développements doivent s’inscrire dans une logique industrielle viable et rentable sur le long terme pour les constructeurs qui mobilisent en outre actuellement la majorité de leurs moyens financiers pour assurer la transition vers la voiture électrique qui leur est aussi imposée.
Bref, on se demande si la Commission ne demande pas l’exécution d’un grand écart à une personne qui ne s’appelle pas Jean-Claude Van Damme… En outre, la Commission reconnaît elle-même implicitement que la transition vers l’énergie électrique a encore ses limites aujourd’hui. Alors quoi ?
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