Mercredi dernier, un groupe d’économistes emmené par le gouverneur de la Banque Nationale ont remis un prérapport au gouvernement. Celui-ci listait une série de neuf mesures visant à préserver le pouvoir d’achat des Belges et la compétitivité des entreprises. Parmi les propositions, il y avait la fin des avantages offerts aux voitures de société, mais aussi la réduction de la vitesse sur les autoroutes, un moyen selon les experts de réduire immédiatement la consommation globale de pétrole.
Actuellement, les économistes ont lancé la proposition, mais ils n’ont précisé aucune des modalités. Est-ce plutôt 110 km/h ? Ou moins ? Du côté des experts, on avoue ne pas être rentré dans les calculs, mais seulement avoir fait des propositions de travail. Ce qui est un comble. Comment en effet peut-on mettre une proposition sur la table alors qu’on ne mesure même pas son impact ?
VIAS a calculé
On l’aura compris, cette proposition est à nouveau un monstre du Loch Ness que l’on agite. Et la responsabilité reviendra donc aux politiques. L’institut pour la sécurité routière, VIAS, a, lui, effectué la démarche jusqu’au bout.
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L’organisme a ainsi calculé que si on effectue 1.000 km par mois sur l’autoroute et que l’on roule à 100 km/h au lieu de 120 km/h, l’économie ne serait que de 5 litres de carburant sur le mois. Maigre. Et si on pousse encore un peu plus loin, en limitant la vitesse à 90 km/h, l’économie se chiffrerait à 8 litres sur le mois écoulé. Soit 0,8 l/100 km seulement. La différence n’est donc pas criante.
Bien évidemment, 5 ou 8 litres de gagnés, c’est toujours cela et, ramené à la masse de voitures, l’économie directe peut donc être relativement importante. Cela dit, VIAS n’y est toutefois pas favorable, car de l’aveu de l’Institut, cette limitation ne serait pas du tout respectée. Elle représenterait donc un danger pour la sécurité routière. En revanche, indique VIAS, moduler la vitesse aux abords des grandes villes fait plus sens, car cela réduit les bouchons qui sont autrement plus consommateurs de carburant.
Politiquement une bonne idée ?
Les politiciens pourraient-ils adopter une telle mesure ? En fait, ça semble très compliqué. D’ailleurs, la mesure de réduction de la vitesse proposée par le groupe d’experts en a fait bondir plus d’un. À commencer par l’ex-président du CD&V, Joachim Coens qui considère que la décision de rouler moins vite pour économiser du carburant revient au conducteur et pas aux autorités.
La ministre flamande de la Mobilité, Lydia Peeters (Open VLD), est elle aussi montée au créneau en indiquant qu’il n’y aurait pas de limitation de vitesse supplémentaire sur les autoroutes flamandes.
En Wallonie, le son de cloche est le même : Valérie De Bue (MR) a indiqué qu’elle était favorable à des limitations de vitesse dynamiques en fonction du trafic ou de la météo, mais certainement pas de manière permanente et injustifiée.
Il n’y a que le groupe des Verts, comme la Vice-Première, Petra De Sutter (Groen) ou le ministre de la Mobilité, Georges Gilkinet (Écolo), qui semblent favorables à cette mesure. Mais le ministre fédéral de la Mobilité doit aussi l’avouer, il n’existe aujourd’hui pas de consensus avec ses homologues régionaux sur la question. On comprend surtout que, politiquement, la réduction de la vitesse sur les autoroutes s’apparenterait à un suicide. Ce que personne ne semble prêt évidemment à assumer. Tant mieux !
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