Depuis quelques années, les automobilistes ont pris l’habitude de pouvoir reproduire l’environnement de leur smartphone directement sur l’écran de leur voiture. Ces protocoles – appelés Android Auto pour les téléphones fonctionnant sous Android et Apple CarPlay pour les appareils tournant sous iOS – permettent de retrouver les applications préférées telles que Spotify, Google Maps ou Plan ou encore Waze ou Chargepmap pour ceux qui ont une voiture électrique. Cette manière de fonctionner est avantageuse à plus d’un titre, car elle permet de s’affranchir du système embarqué qui est généralement moins complet et qui, souvent, n’est pas mis à jour automatiquement.
Or, General Motors vient d’annoncer qu’il allait supprimer ces interfaces de ses véhicules. Pourquoi ? Tout simplement parce que le constructeur entend intégrer les applications les plus courantes directement à son interface « maison », comme Tesla l’avait déjà fait pour la sienne pour ce qui concernait Spotify (il suffisait d’encoder ses accès pour disposer de l’application). De ce fait, le Chevrolet Blazer EV qui est attendu pour la fin 2023 sera le premier véhicule à inaugure un nouveau dispositif de bord fonctionnant sous Android Automotive, un système d’exploitation développé par Google et déjà utilisé chez Polestar, Volvo ou Renault.
Quand c’est gratuit, c’est toi le produit
Les Gafams s’installent donc aussi dans nos automobiles. On se demande pourquoi GM agit de la sorte. Mauvaise question évidemment et, réponse évidente : GM souhaite pouvoir aussi accéder aux données de l’utilisateur qui, actuellement, lui échappent lorsque Android Auto ou Apple CarPlay sont utilisés. Les déplacements, les habitudes, savoir où on fait le plein (ou où on recharge), la musique que l’on écoute, où on fait ses courses : voilà autant de données ultra-précieuses qui pourront probablement être monnayées par la suite auprès d’annonceurs divers. Le filon est donc particulièrement riche et d’autres constructeurs pourraient donc rapidement emboîter le pas à GM qui, pour l’heure, propose néanmoins toujours les protocoles de connexion (Android Auto et Apple Car Play)
Publicité – continuez à lire ci-dessous
L’Europe va s’en mêler
L’enjeu de la collecte et de l’exploitation des données dépasse toutefois le petit pré carré des constructeurs. Et le petit manège de GM n’a pas échappé au régulateur européen qui, rappelons-le, essaie de protéger les données personnelles des utilisateurs européens via le RGPD. C’est pour cette raison que l’UE veut que les données des voitures connectées soient aussi régulées.
Pour l’Europe, il s’agit de garantir aux entreprises et à l’industrie un accès équitable aux précieuses données automobiles. Car le potentiel est énorme. Selon le cabinet de conseil Fortune Business Insights, ce marché pourrait atteindre 400 milliards d’euros (435 milliards de dollars) d’ici à 2030. Or, à l’heure actuelle, la propriété de ces données n’est pas clairement définie dans la législation européenne, ce qui a donné lieu à des différends entre les constructeurs automobiles et les utilisateurs industriels. Un complément de la législation publiée en 2022 est donc envisagé par la Commission, ce qui ne ravit pas les constructeurs et notamment l’ACEA qui regroupe les fabricants automobiles en Europe qui considère que le règlement de 2022 va déjà trop loin. Forcément, car cela signifierait que les constructeurs ne pourraient pas partager les données avec des tiers, qu’ils soient annonceurs ou tout simplement concessionnaires automobiles.
À la recherche d'une voiture ? Cherchez, trouvez et achetez le meilleur modèle sur Gocar.be