Une interview de notre ministre de la Mobilité, Georges Gilkinet (Ecolo), a été publiée mardi dernier dans le journal Het Nieuwsblad. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’homme politique a tenu des propos pour le moins surprenants et qui n’ont d’ailleurs pas manqué de provoquer quelques réactions chez d’autres collègues.
En l’occurrence, Georges Gilkinet s’est exprimé par rapport à la voiture autonome ou en tous cas par rapport aux avancées qui la concerne, car la voiture totalement autonome n’existe pas encore. Cela dit, de nombreux constructeurs atteignent aujourd’hui une autonomie de niveau 3, ce qui signifie que la voiture peut elle-même actionner le volant de sorte que le conducteur peut s’adonner à d’autres tâches, mais toujours en étant capable de reprendre la main si nécessaire. Cette conduite autonome ne peut s’opérer qu’en plein jour, dans un embouteillage et à une vitesse maximale de 60 km/h. Elle est du reste déjà autorisée en Allemagne.
Pas en Belgique
Mais cette autorisation n’interviendra pas en Belgique selon Georges Gilkinet, car « il s’agit d’une forme intermédiaire de conduite autonome : les personnes qui sont assises dans leur voiture en train de jouer ne sont pas suffisamment alertes pour pouvoir réagir rapidement », estime le ministre. Gilkinet estime donc que ce degré d’autonomie est plus dangereux que sécurisant et il avance d’autres inconvénients et solutions comme le fait que les voitures autonomes bloquées dans les embouteillages polluent, que pour les longs trajets il vaut mieux prendre le train, car les voyageurs peuvent vraiment se reposer à bord.
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Ces propos ont fait bondir d’autres représentants politiques dont ceux du MR qui s’est dit « surpris et consterné » par ces déclarations. Le parti libéral francophone exhorte le ministre à tenir ses promesses et à poursuivre le dialogue entre les régions pour justement développer ces technologies d’avenir et permettre des essais et des projets pilotes pour les voitures autonomes afin aussi de pouvoir « mieux cerner le potentiel de ces véhicules […] et les forces et faiblesses de nos infrastructures routières et autoroutières pour que de tels véhicules puissent circuler en toute sécurité à l’avenir. »
On sait que la Flandre sera particulièrement opposée à la position de Georges Gilkinet, car la Région a prévu de faire de la voiture autonome un pôle de développement économique majeur dans les années à venir en levant tous les freins à son développement. Fin septembre, la Taskforce Autonomous Transport a d’ailleurs été lancée pour orienter l’essor du transport autonome en Flandre.
Une technologie qu’on ne peut arrêter
Pour VIAS interrogé par Het Nieuwsblad, la technologie est pourtant « inarrêtable », y compris pour les voitures particulières (car les développements concernent aujourd’hui beaucoup les véhicules de flottes captives, comme pour la logistique par exemple). Même son de cloche chez Touring qui se dit « déçu de la réticence du ministre » à accompagner et favoriser le développement de ces véhicules tout en soulignant que ces véhicules pourraient faire progresser de manière significative la sécurité routière, mais aussi la fluidité du trafic et donc aussi de contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre et la pollution.
Touring va même plus loin et pointe les propos contradictoires du ministre qui favorisent en réalité une « circulation automobile moins propre, moins fluide, moins sûre, moins confortable, juste pour ne pas creuser l’écart avec le train. C’est une stratégie destructrice », ajoute encore l’organisme.
Mais les points de vue sont-ils tellement divergents ? Nous avons pu avoir un échange avec le cabinet de Georges Gilkinet et il apparaît que les propos parus dans Het Nieuwsblad ont peut-être été mal compris. En effet, le ministre prône surtout une réflexion rigoureuse autour de cette technologie et il souhaite surtout éviter toute précipitation pour éviter les accidents. « Les voitures autonomes offriront un choix supplémentaire aux citoyens et entreprises. Mais cette mobilité doit être correctement encadrée. A ce stade des connaissances, j’estime que nous ne disposons pas de toutes les garanties nécessaires en matière de sécurité et de responsabilité pour passer au niveau de conduite 3 en matière de mobilité autonome », a-t-il déclaré. Georges Gilkinet n’est donc pas opposé à la voiture autonome, mais il tient simplement à rester prudent et à disposer de réponses convaincantes autour des questions de sécurité routière. Qui pourra lui en vouloir dès lors de dresser un cadre strict autour de cette matière ?
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