Avec plus de 8,1 millions d’exemplaires, la Renault 4 aussi appelée « 4L » a été la troisième voiture la plus vendue au monde. Un record que rien ne laissait présager lors de sa présentation au salon automobile de Francfort en 1961. Il faut dire que sa carrière aura été longue : plus de 33 ans. C’est en 1956 que le projet fût lancé. Pierre Dreyfus, alors président de la Régie nationale des Usines Renault, lance le projet de la voiture « blue-jean », c’est-à-dire universelle.
L’idée n’est évidemment pas neuve et elle est déjà exploitée par Volkswagen (Coccinelle), mais aussi par Citroën qui, avec la 2CV, est parvenu à motoriser les campagnes grâce à cette voiture peu chère et pratique. L’idée de la Renault 4 part de là : il faut faire une voiture limitée à 4CV fiscaux, dotée d’un plancher plat, qui propose une bonne habitabilité et qui n’est pas beaucoup plus chère que la 2CV en étant toutefois « moins laide » (dixit).
Novatrice
La R4 est la première berline-break à posséder quatre portes, un grand hayon, un compartiment à bagages spacieux et un espace intérieur modulable. Il y a soixante ans, elle ne fait rien d’autre qu’établir une nouvelle norme avec ce concept, créant un standard industriel dont les caractéristiques ont perduré jusqu’à aujourd’hui.
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La R4 était également la première voiture de tourisme Renault à traction. Plébiscitée pour son habitacle, son faible coût d’utilisation et sa polyvalence, elle ne tarde pas avant de s’écouler à plus d’un million d’exemplaires en… six ans seulement ! L’histoire va continuer jusqu’en 1992 avec, au fil des ans, de nouvelles versions, un équipement revu, des moteurs plus puissants ou des variantes de carrosserie différentes (fourgon, quelques rares cabriolets, etc.)
Le modèle qui nous attend pour une petite balade n’est pas un des tout premiers, mais une R4 TL de 1986. Elle est dans un état impeccable, chouchoutée par son propriétaire qui nous assure que tout est strictement d’origine. Le moteur n’est plus le 0,7 litre de 24 ch du modèle original. Depuis 1983, toutes les R4 sont en effet équipées d’un « Cléon fonte » de 1,1 litre et 34 ch et d’une boîte 4 vitesses.
En s’installant au volant, on est frappé par le moelleux de la sellerie : les fauteuils sont dépourvus d’appuie-tête encore, mais l’ambiance est plus cossue d’au départ avec des inserts de tissus sur les portières. Surprenant, aussi pour ma fille de 10 ans qui m’accompagne et selon laquelle « le tissu gratte un peu ». Bienvenue dans mon enfance !
Étonnant confort
On trouve rapidement une bonne position de conduite, mais il faut évidemment régler les rétroviseurs en passant la main par la fenêtre… coulissante. Encore une originalité de la R4 ! Le moteur démarre comme s’il sortait de l’usine.
On saisit le pommeau longitudinal qui, comme sur la Deuche, est implanté dans la planche de bord afin de dégager l’espace au plancher. Les verrouillages sont plutôt précis et l’embrayage facile à appréhender. On démarre en prenant ses marques et en apprenant à composer avec la démultiplication importante de la direction, une caractéristique toutefois nécessaire, l’auto se passant évidemment de direction assistée.
La R4 gambade gaiement à travers les champs qui entourent le musée de la Collection Mahy, lieu de notre rendez-vous. La souplesse de conduite est saisissante tout comme le confort de suspension qui est étonnant : les éléments absorbent avec douceur les irrégularités, petites ou grosses, laissant flotter dans l’habitacle un sentiment de plénitude. Franchement, la R4 n’a rien à envier aux voitures modernes.
Des repères et de la confiance
En virage, l’engin prend du gîte, mais on s’habitue et cela semble logique. Tout comme les freins (à tambours) qui font peur à la première sollicitation lorsque rien ne semble se passer. Il faut appuyer fort et accompagner en rétrogradant, mais une fois qu’on a compris cela, la confiance revient. Le moteur convient à la tâche. Certes, ce n’est vraiment pas un foudre de guerre ce qui, avec ses 34 ch et son couple faiblard (73,5 Nm à 2.500 tr/min), serait d’ailleurs assez étonnant.
Par contre, quelle souplesse et quel équilibre ! En effet, même s’il n’y a pas de compte-tours, on est littéralement scotché par ses capacités de reprises qui s’opèrent sans cogner dès les plus basses rotations, ce qui permet de rouler sans heurt à 40 km/h en 4e. Cela dit, cet accord moteur/boîte parfait a été et reste encore l’une des marques de fabrique de Renault. Ce que prouve aussi la consommation qui, de l’aveu de notre hôte, tourne autour des 6 l/100 km, jamais plus.
Au terme de notre essai, les mines sont souriantes, autant celles des passagers que du conducteur qui viennent tous de déguster l’un des plus jolis bouts de l’histoire de l’automobile. Déjà, les enfants presse pour que le paternel en acquière aussi une. Pas impossible, mais il faudra se dépêcher, car les prix montent.
Comptez 5000 euros pour un modèle à restaurer. Et de 8.000 à 10.000 euros pour un exemplaire exempt de travaux.
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