Ce qui était autrefois le symbole de la mobilité – certes austère – de l’ex-Allemagne de l’Est (la RDA), la Trabant, va connaître une réincarnation pour le moins inattendue et presque high-tec. Mais la question est pourquoi ce revival ? Réponse évidente : avec les sanctions occidentales, la Russie ne peut actuellement plus compter que sur les marques chinoises pour alimenter son marché automobile.
Et cette situation ne plaît qu’à moitié à Moscou qui préfère dès lors jeter un coup d’œil dans le rétroviseur plutôt qu'à travers le pare-brise. Une autre raison pourrait aussi se trouver dans le fait que le Kremlin souhaite aussi se départir de son image d’État entièrement tourné vers le pétrole. De ce fait pour dans l’optique d’une propagande qui vire au vert, l’arrivée d’une Trabant à batterie semble être une bonne pioche. Cela dit, il y aura des problèmes à surmonter. Car pour avec une infrastructure de recharge inexistante, les Russes devront pour probablement débrancher leur grille-pain ou alors utiliser un générateur... à pétrole.
Rétro, mais originale
Le design de la nouvelle e-Trabant reste fidèle aux lignes angulaires du modèle original, notamment avec un cerclage autour des optiques avant. La ligne reste des plus simples et des plus sobres, analogue – et n’ayons pas peur des mots – à celle d’une forteresse communiste. Cela dit sous le capot, tout est différent. Le moteur à deux temps a été remplacé par un pack de batterie de seconde main qui présenterait encore 50% de capacité – vraisemblablement une capacité de 45 kWh – et fourni par le fabricant chinois CATL. Le moteur électrique serait aussi de seconde main et il animera les roues arrière. Sa puissance reste à ce jour non communiquée.
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On l’aura compris : la Russie n’est pas encore prête industriellement pour une autonomie totale et il est donc toujours nécessaire à ce jour de faire appel au partenaire chinois. Un porte-parole du ministère russe de l'Industrie a indiqué que : « nous montrons que nous pouvons apporter des innovations à l’échelle locale sans technologies occidentales tandis que nous poussons aussi plus loin le concept de durabilité avec des éléments techniques de réemploi. » La petite citadine aurait ainsi une autonomie d'environ 150 km. Rien ne sera vraisemblablement simple au début. Mais il y a une bonne nouvelle pour ceux qui veulent aller plus loin : Trabant annonce une version à prolongateur d'autonomie sous l’appellation « Trabant Trojka ».
À l'intérieur, le design rétro sera agrémenté de technologies modernes, tels qu'un tableau de bord numérique (compatible MS-DOS) et un assistant vocal et d'écoute intégré. En raison du boycott commercial, la connectivité des smartphones ne sera possible qu'avec des téléphones fabriqués en Chine« e-Trabant n'est pas un simple gadget à l’accent nostalgique », a expliqué Pyotr Rybak, concepteur en chef de Moskvitch Electric, l'entreprise à l'origine du projet. « Nous visons les jeunes citadins qui sont à la recherche d’une voiture électrique abordable et simple qui ne passe pas les frontières. C'est notre pied de nez à la génération Tesla ».
Hors de Russie ?
Pour la production, tous les regards se tournent vers l'ancienne usine Renault près de Moscou, qu'AvtoVAz a récupéré dans son escarcelle lorsque le constructeur français a mis fin à ses activités. Selon le gouvernement russe, l'e-Trabant pourrait être commercialisé à partir de fin 2030, d'abord sur son propre territoire bien sûr, et selon un plan quinquennal. Mais le Kremlin rêve aussi d’inonder certains pays partenaires comme la Serbie et la Hongrie, où le modèle jouit encore d'une certaine affection.
Malgré leur isolement, les Russes semblent avoir bien cerné l’intérêt que représente la demande pour des modèles électriques bon marché. En cela, la démarche est la même que celle de Renault ou de Volkswagen qui commercialisent des voitures électriques d'entrée de gamme. Cela dit, on ignore encore le prix auquel sera proposé l’e-Trabant. Un détail encore : le coffre s'ouvre avec une ridelle, à la façon du hayon d'un pick-up. Dans un communiqué, la marque défend ce choix le jugeant « idéal comme banquette pour les pêcheurs amateurs qui sont nombreux parmi les amateurs du modèle. »
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