Souvenez-vous : la décision de géants chinois de la Tech comme Huawei et Xiaomi de se lancer dans la production automobile a d’abord été accueillie avec scepticisme. Car il faut se souvenir qu’Apple ou Google ne sont jamais parvenus à concrétiser leur projet automobile, malgré des milliards de dollars investis. Les spécialistes jugeaient la fabrication d’une voiture bien plus complexe que celle d’un smartphone ou d’une tablette, décrédibilisant ces nouveaux acteurs.
Mais contre toute attente, ces entreprises ont déjoué les pronostics en dévoilant des modèles comme le SU7 de Xiaomi à la qualité proche des standards premium européens, mais pour un prix inférieur à 30.000 euros. Un tour de force, mais qui n’a pas convaincu les constructeurs traditionnels. Ceux-ci n’ont pas saisi les avantages de ces méthodes en matière de compétitivité, contrairement à Tesla qui a été un des seuls constructeurs à faire évoluer radicalement ses procédés. Une grave erreur, car les constructeurs traditionnels vont devoir changer de partition.
Des renouvellements éclairs
Historiquement, des marques comme Volkswagen ou Toyota maintiennent un modèle sur le marché pendant six à huit ans, souvent en procédant à des mises à jour ou facelifts à mi-parcours. Mais tout ça fait désormais partie du passé. La nouvelle dynamique venue de Chine vise à rassasier des clients toujours plus friands de nouveautés et de technologies. Désormais, la durée de vie des véhicules a toutes les chances de se réduire à seulement quatre ou cinq ans, ce qui nécessite de réévaluer et réaménager les stratégies de développement des véhicules.
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Et justement, la clé réside dans les délais de développement pour lesquels il existe un gros décalage : alors qu’un constructeur occidental met 4 ans à développer un véhicule, les Chinois n’en mettent que deux, voire moins. Et c’est justement cette réduction des délais qui permet d’amortir les coûts sans augmenter les prix. La preuve avec BYD qui a commercialisé quatre nouveaux véhicules en l’espace de 6 mois. Les cadences augmentent et les marques occidentales ne suivent plus.
La solution de l’assemblage modulaire
Pour développer plus rapidement des véhicules, les constructeurs chinois misent sur une approche modulaire bien plus poussée que celle mise en œuvre par les constructeurs européens, américains ou japonais pour ne citer que ceux-là. Cette approche s’inspire largement de celle utilisée pour les téléphones portables : plutôt que de repenser chaque modèle dans son intégralité, ceux-ci assemblent des modules préexistants, notamment en dissociant le développement du logiciel embarqué de celui du matériel ou hardware.
Mais il y a encore d’autres aspects sur lesquels les constructeurs occidentaux sont en retard. Selon le consultant Kearney interrogé par Les Échos, il faut aussi compter sur le fait que les Chinois externalisent une partie importante de leur production. Xiaomi, par exemple, confie l’assemblage de ses véhicules à d’autres constructeurs, à l’image de ce que fait Apple avec ses iPhone. D’autres entreprises vont encore plus loin en intégrant directement des sous-traitants dans leurs chaînes de production, rémunérant ces derniers à la pièce pour des tâches spécifiques comme l’emboutissage ou la peinture. Bien sûr, tout n’est pas parfait et il peut y avoir des problèmes de qualité pendant les premières semaines de production ou des bugs logiciels qui sont alors corrigés à distance. Un compromis que les consommateurs semblent accepter.
Une influence mondiale
La Chine impose donc progressivement (mais rapidement aussi) ses standards à l’échelle internationale. Il semble évident que les constructeurs occidentaux ne peuvent plus ignorer cette transformation. Mais celle-ci risque de se faire dans la douleur. Conscient de la menace, Volkswagen va restructurer certaines de ses usines en Allemagne et vient d’annoncer 30.000 suppressions de postes. Chez Renault, Luca de Meo a déjà intégré cette nouvelle manière de faire. La future Twingo, par exemple, sera développée en seulement deux ans grâce à des partenariats avec des ingénieurs chinois.
Désormais, il ne s’agit plus de contrôler l’intégralité du processus d’assemblage en mobilisant des milliers d’ingénieurs pour optimiser chaque étape. Il faut impérativement adopter un modèle plus flexible et moins coûteux, à l’image des pratiques en cours dans la Tech. Pour les Occidentaux, l’enjeu n’est rien d’autre que la survie.
Photos : Huawei & Xiaomi
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