Droits de douane automobiles américains : quels constructeurs sont gagnants ou perdants ?

L’annonce a retenti comme un coup de canon : Donald Trump vient d’annoncer la mise en place de droits de douane de 25% sur toutes les pièces ou véhicules automobiles à partir du 2 avril 2025. Pour le secteur, c’est un nouveau coup dur. Certains s’en sortiront mieux que d’autres. Et voici lesquels.

Publié le 27 mars 2025
Temps de lecture : 6 min
Droits de douane automobiles américains : quels constructeurs sont gagnants ou perdants ?

La menace a été mise à exécution. Alors que pendant des semaines, on ne parlait plus du dossier, cette semaine Donald Trump a fait une sortie fracassante – comme à son habitude – annonçant la levée de droits de douane de 25% sur tous les véhicules automobiles importés aux États-Unis, de même que sur les pièces détachées. 

L’annonce a une fois de plus surpris par sa brutalité. Et, forcément, elle fait son petit effet, les spéculateurs pariant déjà la hausse et à la baisse sur les titres de plusieurs constructeurs. Partout dans le monde, les différents gouvernements se sont indignés de cette décision qui ne fera selon eux que casser la dynamique du commerce international. L’Europe est évidemment concernée au premier chef, mais aussi le Japon ou la Corée du Sud.

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© YouTube

Les Européens en difficulté ?

Pour les constructeurs européens, c’est évidemment une nouvelle tuile qui s’ajoute à celle de la crise de la Covid, des semi-conducteurs, de l’énergie et celle plus récente de la baisse des ventes de voitures électriques. En cinq ans, ça commence à faire beaucoup. Les banques d’affaires n’ont pas tardé à faire chauffer leurs calculettes. C’est le cas notamment de Jeffries qui a calculé qu'en 2023, les constructeurs automobiles européens avaient exporté vers les États-Unis des voitures d'une valeur totale de 59,25 milliards de dollars, loin devant le Canada – qui assemble de nombreux véhicules qui sont ensuite réexportés vers les États-Unis –, qui arrive en deuxième position avec 28,1 milliards de dollars.

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Dans ce contexte, les constructeurs européens se trouvent pris entre deux feux. Car d’une part, leurs exportations vers les États-Unis seront taxées au prix fort, mais, d’autre part, les marques qui fabriquent sur le sol américain réexportent de 50 à 60% de leur production... qui sera exposée aux mesures de rétorsion qui seront forcément prises par d’autres pays. Ainsi, la plus grande usine mondiale de BMW se trouve précisément aux États-Unis, à Spartanburg en Caroline du Nord. Si les pays étrangers levaient à leur tour des droits de douane, cela pourrait être préjudiciable à l’usine qui exporte 225.000 véhicules par an (mais tous les moteurs sont, eux, importés). Et il y aurait donc un impact sur l’emploi américain. Trump n’y a-t-il pas pensé ?

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© BMW

Un coup de poker ?

Pourtant, les droits de douane sont vus – et présentés au grand public – par l’administration Trump comme un moyen de relocaliser des usines et créer de l’emploi aux États-Unis. Le président avance des investissements en automobile de 1.000 milliards de dollars sur le sol américain dès cette année. De belles promesses, mais qui pourraient très bien ne jamais se réaliser. Car Trump est (théoriquement) au pouvoir pour 4 ans. Et rien ne dit que les choses ne changeront pas par la suite. Il est donc peu probable que tous les constructeurs se ruent sur des terrains pour construire de nouvelles usines à plusieurs milliards de dollars et au sein desquelles la main-d’œuvre sera plus chère qu’actuellement.

Qui gagne et qui perd ?

Naturellement, certaines marques vont être beaucoup plus impactées que d’autres par ces droits de douane et précisément celles qui ne construisent pas ou très peu sur le sol américain. C’est le cas de Jaguar/Land Rover dont 100% des véhicules sont importés aux États-Unis. Parmi les autres marques qui risquent d’être mal en point, car très présentes aux USA : Volvo (90% de voitures importées), Mazda (81%), Volkswagen (80%), Hyundai/Kia (65%), Mercedes (63%), BMW (52%), Toyota (51%) ou Subaru (45%) pour qui le marché US est le plus gros débouché. Comble du comble, les constructeurs américains sont aussi concernés, car ils produisent beaucoup dans les pays limitrophes : GM importe 46% de ses véhicules, Stellantis 45% et Ford 21%. L’impact sera en tout cas bien réel : si les droits de douane de 25% sont bien appliqués, ils devraient coûter environ 2% du chiffre d'affaires du groupe pour BMW, 1% pour le groupe Volkswagen et 10% pour Porsche pour lequel le marché américain (et la Californie surtout) reste très important.

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© Mercedes

Jusqu’ici les commentaires restent encore discrets : Volvo a simplement indiqué qu’il se plierait aux règles tandis que les trois constructeurs américains se sont dits alignés avec l’idée de recréer de l’emploi aux États-Unis, mais que cela devait se faire en bonne intelligence afin que ce ne soit pas les clients qui paient la note. Or, c’est bien ce qui risque d’arriver.

Des gagnants tout de même

Cela dit, il y a tout de même des gagnants dans l’opération. Ainsi, les analystes estiment que Ferrari ne sera pas impacté par ces droits de douane dans le sens où sa clientèle se moque globalement des variations de prix. Mais celui qui s’en tire le mieux – et ce n’est pas vraiment une surprise –, c’est Elon Musk. Car Tesla dispose de deux usines aux États-Unis, en Californie et au Texas et toutes les voitures qui y sont produites sont vendues aux États-Unis. Voilà qui explique peut-être aussi pourquoi Elon Musk ne voyait pas trop d’un mauvais œil la fin des crédits d’impôt gouvernementaux pour l’achat d’une voiture électrique. Car le prix que représentent 25% de droits de douane est évidemment bien plus important que les crédits d’impôt en question, même si 25% des pièces des Tesla américaines proviennent malgré tout de l’étranger.

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© Mercedes

Mais globalement, les gagnants sont très peu nombreux. Et les perdants seront très certainement les consommateurs qui trouveront leurs possibilités de choix réduit et des prix plus élevés, comme le rappelait un analyste.

Mais l’histoire ne va probablement pas s’arrêter là. La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen a déclaré que « Nous allons maintenant évaluer cette annonce, ainsi que les autres mesures envisagées par les États-Unis dans les prochains jours. L'UE continuera à rechercher des solutions négociées, tout en préservant ses intérêts économiques. » Le ministre de l’Économie allemand et vice-chancelier, Robert Habeck, s’est montré plus ferme, indiquant « qu’il est clair que nous ne nous inclinerons pas devant les États-Unis » et que ces droits de douane « affecteront les chaînes d’approvisionnement mondiales et rendront aussi les voitures américaines plus chères. » Maus Donald Trump n’a pas attendu pour réagir menaçant d’augmenter encore les droits de douane pour l’Europe et le Canada si les deux pays s’entendaient pour « nuire économiquement aux États-Unis ». L’affaire est donc loin d’être close.

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Par David Leclercq Rédacteur automobile
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