Les pratiques chinoises posent, semble-t-il, question. Partout dans le monde, des États pourtant libéraux lèvent des droits de douane contre les véhicules électriques chinois qui sont jugés déloyaux, car largement subsidiés par le gouvernement de Pékin, ce qui contrevient aux règles du commerce international. Après les États-Unis et l’Europe, c’est au tour du Canada de faire passer ses droits à… 100% sur les voitures et à 25% sur les importations d’aluminium. Cette décision marque une nouvelle étape dans la réponse coordonnée des pays occidentaux face à la montée en puissance de l’industrie chinoise. Mais pour quel résultat ?
Le Canada, dont l’économie est fortement dépendante des échanges commerciaux avec les États-Unis, s’aligne ainsi sur les récentes initiatives américaines et européennes visant à limiter l’accès des produits chinois aux marchés occidentaux. « Nous savons tous que la Chine ne joue pas selon les mêmes règles », a déclaré le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, soulignant l’importance de protéger les industries locales face à une concurrence jugée déloyale.
Une stratégie concertée
L’annonce canadienne fait écho aux mesures prises par les États-Unis sous l’administration Biden, qui a considérablement augmenté les tarifs sur les VE chinois, ainsi que sur les batteries, les cellules solaires et l’acier. Cette stratégie vise à sécuriser les chaînes d’approvisionnement occidentales et à répondre à ce que les dirigeants occidentaux perçoivent comme une surcapacité industrielle dirigée par l’État chinois – et qui se déverse donc dans le reste du monde. Chrystia Freeland, ministre canadienne des Finances a, elle, dénoncé « une concurrence déloyale résultant de la politique étatique chinoise qui affaiblit la capacité du secteur canadien des voitures électriques à rester compétitif ».
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Rappelons que l’Union européenne a elle aussi pris des mesures, mais qui reste nettement plus nuancées puisque les droits oscillent entre 27 et 46% selon le constructeur concerné. Ces mesures visent à protéger les constructeurs européens face à l’afflux croissant de véhicules chinois bon marché, une menace perçue pour l’industrie automobile européenne.
Cependant, les tarifs européens restent encore bien en dessous de ceux imposés par le Canada et les États-Unis. Cette différence de sévérité dans les mesures reflète les divers niveaux d’exposition et de dépendance des économies occidentales vis-à-vis du marché chinois. Car il faut se souvenir que la Chine peut elle aussi faire très mal en augmentant la pression économique. Comme elle l’avait fait d’ailleurs en 2018 sur le Canada qui avait arrêté Meng Wanzhou, dirigeante de Huawei. En retour, Pékin avait restreint les importations de graines de canola canadiennes.
Pas les Occidentaux
Le Canada ne demandera toutefois pas de droits à Tesla qui exporte depuis la Chine. La mesure reste ciblée sur les marques « émergentes » et menaçantes telles que BYD par exemple qui a communiqué récemment sur son projet de conquérir le Canada. Pour Ottawa, il s’agit de défendre son industrie et d’éviter des pertes d’emplois ainsi que l’érosion des salaires.
Mais pour combien de temps ? Car les droits de douane ne représentent en réalité qu’un peu de temps de plus pour s’organiser. Et c’est bien cela que le Canada vise : l’implantation et la collaboration des constructeurs occidentaux tels que Volkswagen, Stellantis ou Honda pour la fabrication de batterie ou de véhicule. En clair, le message est le suivant : allions-nous comme s’allient les Chinois… et comme certains Européens avec les Chinois (Audi et SAIC, Volkswagen et XPeng, Stellantis et Leapmotor, etc.).
Mais le constat est là : les décideurs occidentaux s’organisent et s’alignent pour éviter de se faire déborder par l’industrie chinoise qui cherche à s’exporter, faute de demande intérieure. Il y a donc une forme d’organisation et de concertation entre les nations. Reste à voir évidemment si cela suffira à contrer la montée en puissance chinoise et si l’Occident arrivera à restaurer sa souveraineté économique, un concept souvent évoqué, mais, jusqu’ici, pas encore réellement concrétisé.
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