Les constructeurs recourent-ils à l’obsolescence programmée pour les voitures électriques ?

Un spécialiste de la réparation des voitures électriques, EV Clinic, s’interroge sur certains choix techniques des constructeurs qui seraient à l’origine des pannes ou de complications dans les dépannages. L’entreprise jette en réalité un pavé dans la mare et pose clairement la question de l’obsolescence programmée.

Publié le 27 février 2023
Temps de lecture : 6 min

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Les constructeurs recourent-ils à l’obsolescence programmée pour les voitures électriques ?

EV Clinc (Croatie) est un des grands spécialistes de la réparation des voitures électriques et hybrides rechargeables. Autant dire que l’entreprise connaît donc les moindres recoins de ces automobiles et qu’ils sont donc légitimement en mesure de dresser certains constats. Et justement, EV Clinic communique régulièrement sur cette matière et pas toujours dans le sens que les constructeurs souhaiteraient.

En l’occurrence, EV Clinic a pris le pli de dénoncer régulièrement les failles que ses techniciens constatent. Et l’opération prend d’ailleurs parfois des proportions assez extraordinaires, car cela aboutit à la publication de vidéos sur la chaîne YouTube. En particulier, les ingénieurs s’interrogent sur certains choix posés par les constructeurs et qui font penser à de l’obsolescence programmée. Plusieurs modèles ont été passés au crible. Voici ce qui ressort de l’analyse des ingénieurs.

« Mercedes programme des défauts »

EV Clinic n’y va pas avec le dos de la cuillère. En février 2023, l’entreprise a communiqué sur ses expériences avec Mercedes en indiquant que « depuis 2001, chaque Mercedes Diesel, essence, électrique, hybride a été fabriquée avec des défauts programmés, à la fois mécaniques et électroniques. » L’accusation est grave, mais selon EV Clinic, elle permettrait au constructeur de faire gonfler le prix des factures, car les pièces électroniques sont très chères.

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Photo: EV Clinic

EV Clinic a aussi constaté qu’à la suite d’un accident pas tellement grave avec 3 SUV électriques de la marque à l’étoile (suffisant tout de même pour déclencher un airbag), les véhicules ont perdu en puissance et que la batterie s’est désactivé. Selon les ingénieurs de Zagreb, cette pirouette obligerait le client à changer le pack, facturé 75.000 euros si on prend l’exemple de l’EQV ! EV Clinic soutient ses déclarations par le fait que l’anomalie est impossible à résoudre et que le code informatique créée un code d’erreur qui ne peut pas être supprimé même avec des outils de développeurs. EV Clinic dit avoir constaté cela sur les EQC, EQB, EQA, eSprinter et sur la gamme d’hybrides rechargeables.

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On pourrait se poser la question de savoir pourquoi EV Clinic s’en prend spécifiquement à Mercedes. Et la réponse est donnée : c’est parce que le constructeur utilise les mêmes batteries que, par exemple, le groupe Stellantis (Opel Vivaro-e et Citroën ë-Jumpy) qui, lui, ne rencontre pas ce problème de désactivation. La seule différence qui existe entre ces véhicules, c’est la partie logicielle qui est développée en interne chez chaque marque. Jouant les lanceurs d’alertes, EV Clinic dit mettre le problème sur la table pour éviter justement de servir les discours des anti-électromobilité, mais aussi pour que les assureurs prennent la mesure de la chose puisque, souvent, ce sont eux qui règlent les factures au final. Selon l’entreprise, avec les Mercedes, le prix des réparations augmenterait de +400%. EV Clinic n’en donc démord pas et indique aux consommateurs qui veulent bien l’entendre que « il est recommandé d’éviter absolument toutes les séries et modèles de motorisation Mercedes-Benz, car bientôt plus personne ne pourra vous aider. »

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Photo: EV Clinic

Tesla aussi sous les feux de la rampe

EV Clinic indique aussi traiter beaucoup de modèles Tesla. Et là aussi, l’entreprise croate tire plusieurs conclusions. Comme le fait que le moteur d’un Model S ne peut pas vivre au-delà de 250.000 ou 300.000 km sans une vidange de l’huile de transmission, une opération qui s’accompagne aussi du changement des roulements à billes. Selon EV Clinic, ce problème est nettement identifiable par le conducteur qui percevra l’apparition de bruit de roulement, de vibrations et d’un échauffement plus important des fluides.

Cela dit, EV Clinic ne pousse pas le bouchon aussi loin que pour Mercedes. Il ne s’agit pas du tout ici d’une obsolescence programmée et le réparateur qualifie même la partie groupe motopropulseur de Tesla comme étant « la meilleure au monde ». Mieux : les Tesla sont plus réparables que n’importe quel autre VE ce qui permet de diviser la facture par 20. Et il y a une bonne raison à cela : « parce que le véhicule est un ordinateur portable avec ses propres diagnostics intégrés. »

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La Nissan Leaf aussi sur le grill

Les autres constructeurs seraient-ils donc parfaitement réglos ? Pas exactement selon EV Clinic qui pointe aussi Nissan parmi les fabricants qui font « du tort à la communauté automobile des véhicules électriques ». Premier exemple : la batterie qui s’effondre dès 100.000 km, qui coûte cher et qui ne pourrait pas être réparée. Cette caractéristique serait le fait d’un refroidissement défaillant. Si cela peut probablement être compréhensible pour le tout premier modèle, EV Clinic s’interroge sur le fait que la deuxième génération de modèle souffre du même mal.

Les ingénieurs du réparateur se demandent d’ailleurs pourquoi un système de refroidissement a été conçu pour l’OBC, mais que celui-ci n’a pas été développé pour la batterie qui en a besoin. Selon EV Clinic, Nissan obligerait le client à dépenser de l’argent, notamment en pointant du doigt le chargeur alors que le problème ne vient pas de là. Le consommateur se retrouverait souvent avec une facture à régler de 8.000 euros avant que Nissan procède au remplacement de la batterie sous garantie. Une pirouette qui permettrait de réduire les frais supportés par le constructeur.

Quelles conclusions tirer ?

EV Clinic est-il un vrai lanceur d’alerte ? Manifestement, l’expérience et les compétences de ce réparateur ne sont pas à mettre en doute même si les tests devraient être menés à plus grande échelle pour disposer d’une plus grande fiabilité dans cette analyse. Mais une réflexion peut être menée : à quoi bon passer à des voitures électriques qui seraient bourrées de défaut et qui ne rendraient donc pas cette mobilité durable ? Bonne question. En attendant, si ces pratiques sont avérées, elles jettent l’opprobre sur toute une gamme de produits qui n’ont vraiment pas besoin de cela étant donné le défi de la transition imposé par l’Europe…

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Par David Leclercq Rédacteur automobile

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