Si le passage à la voiture électrique est souvent présenté comme la solution vers un monde bas carbone, cette transition devra en réalité être accompagnée d’une série d’autres mesures, comme la manière de concevoir l’automobile et d’aborder son recyclage. Autant d’aspects sans lesquels, il sera impossible de réduire l’empreinte carbone selon l’organisme Climact.
Pour réduire l’empreinte carbone, il faut passer à la voiture électrique : voilà le discours qui est servi et resservi à tout va. Comme si changer de voiture allait résoudre le problème des émissions de carbone du secteur des transports. Ce serait aller un peu vite en besogne et simplifier un peu trop le problème.
En effet, si le passage à la voiture électrique est un impératif, ce n’est qu’une partie de la solution qui est en fait beaucoup plus globale. C’est ce qui ressort des conclusions d’une étude menée par l’organisme Climact qui pointe que les transports représentent encore aujourd’hui en Belgique 25,7% des émissions de CO2 (chiffres 2019). Notons que ce chiffre est en hausse de 24% depuis 1990, ce qui fait dire que les accords de Kyoto pour ne citer que ceux-là n’ont pas vraiment changé la donne…
Pas qu’un changement individuel
L’étude réalisée par Climact a été réalisée à la demande du Conseil fédéral du développement durable qui réunit des représentants de la société civile, les syndicats, le patronat, des ONG, des scientifiques, etc.). Selon Climact, il faudra en effet aller beaucoup plus loin que la voiture électrique et agir sur plusieurs leviers.
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Les conclusions de l’organisme sont implacables et il formule trois recommandations. Il faudra en effet rapidement réduire la demande de mobilité, utiliser au maximum les modes de transport durables tout en améliorant leurs performances (marche, vélo, transports en commun, infrastructures, élargissement de l’offre) et enfin partager davantage les voitures. On l’aura compris, ce n’est donc ni la technologie ni le changement des comportements individuels qui résoudront le problème.
Selon Climact, le seul passage à la voiture électrique ne résoudra par exemple pas les problèmes de congestion. Il faudra donc obligatoirement passer par une réduction du nombre de kilomètres parcourus de 22% d’ici 2050. Or, on sait que le Belge reste attaché à sa voiture et qu’il parcourt de plus en plus de kilomètres annuellement, un phénomène naturellement amplifié par le système de la voiture de société qui connaît en outre une forte croissance ces dernières années.
Dans ce cadre, il faudrait donc réduire drastiquement le nombre de voitures sur nos routes. Climact estime que la part modale de l’automobile devrait passer de 62 à 45% d’ici 2050 pour atteindre les objectifs de neutralité carbone. On imagine que tout le monde ne le voit pas de cet œil, car cela implique aussi une diminution des ventes de 30% entre 2030 et 2050. On se demande bien ce que les constructeurs pensent de cette perspective, même s’ils en ont parfaitement conscience. C’est notamment pour cela qu’ils se tournent de plus en plus vers une approche de service plutôt que celle du produit.
Les carburants synthétiques rejetés
L’étude balaie aussi d’un revers de la main l’alternative des carburants synthétiques, mais aussi curieusement de l’hydrogène qu’elle juge « utiles, mais pas efficaces sur le plan énergétique ». C’est vrai que l’hydrogène nécessite beaucoup d’énergie pour être produit, mais il semblait justement qu’on arrive à des solutions vertes, ce qui permettait de le rendre plus compétitif. Selon Climact, les carburants de synthèse et l’hydrogène devraient uniquement être utilisés pour des applications lourdes comme les camions, le transport aérien ou maritime.
Bref, du point de vue de la voiture individuelle, l’électrique est vue comme un passage obligé qui sera d’ailleurs contraint par l’Union européenne dès 2035, mais dès 2029 en Flandre. Cela dit, il y a encore du chemin à parcourir puisque le parc automobile belge ne compte encore que 1% de voitures électriques. Il y a évidemment fort à parier que cette transition s’accélère rapidement, notamment en raison des nouvelles mesures fiscales qui entreront en vigueur en 2026.
L’étude prédit d’ailleurs une explosion des ventes de voitures électriques sur notre territoire : 8.000 en 2020 et… 345.000 en 2030 ! De ce fait, les besoins en batteries seront 32 fois plus importants, ce qui signifie donc aussi qu’il faudra que la production suive (mais l’Europe prévoit une multiplication de la production de batterie de 20 à 30 en 10 ans), mais aussi que les ressources soient mieux économisées.
Pour Climact, il ne devrait pas avoir de problème majeur d’approvisionnement en nickel, manganèse et en aluminium, mais ce sera en revanche une tout autre histoire pour le lithium et le cobalt pour lesquels il faut urgemment déployer une filière de recyclage. Si une telle filière est mise en place, on pourrait selon l’étude réduire la demande en ressources de 55% dès 2035.
Cette nécessité d’utiliser plus de matières premières pose aussi pour Climact la question de la conception de la voiture électrique. Il faudrait en effet une approche différente à l’avenir afin de réduire la taille et le poids des voitures. Ce qui passe donc aussi par une réduction de la taille des voitures elles-mêmes. Est-ce possible à l’heure où tout le monde souhaite avoir son SUV ?
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