L’Europe est plongée tout entière dans la difficulté et l’incertitude avec les prix élevés de l’énergie. L’industrie en particulier, qui est forte consommatrice d’énergie souffre plus que d’autres secteurs, en ce compris bien entendu les constructeurs automobiles implantés sur le Vieux Continent. Et c’est bien compréhensible : le prix du gaz sur les marchés a été multiplié par 20 et celui de l’électricité par presque 10. Intenable !
Or jusqu’ici, les mesures gouvernementales visent surtout à soutenir les particuliers – même si certains trouvent que ce n’est pas assez –, mais moins les entreprises et l’industrie. En France, des mesures ont été prises, mais c’est moins le cas par exemple de l’Allemagne ou de l’Angleterre qui abritent de nombreuses usines d’assemblage automobiles.
Pas d’embellie en vue
Comme on pouvait le lire dans les colonnes du journal économique Les Échos, la situation ne devrait pas s’améliorer, et ce avant plusieurs années au moins ! Car pour l’économiste de Natixis, Patrick Artus, malgré les filières de remplacement du gaz russe (qui pesait pour 40% des importations et 11% des besoins totaux d’énergie), l’Europe manquera d’environ 3 à 4% d’énergie rien que pour la période 2022-2023. Et ce sera encore le cas en 2023 et 2024. La seule embellie peut être espérée pour 2026-2027, lorsque le gaz russe sera remplacé par d’autres sources d’énergie. Pas très rassurant.
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Selon les analystes, les prix du gaz devraient rester élevés, probablement autour des 400 à 500 euros/MWh, soit encore plus qu’actuellement (de 200 à 300 euros/MWh). Pour la comparaison, le prix du MWh de gaz aux USA est actuellement de… 35 euros. Les prix de l’électricité devraient, eux, retomber autour des 180 euros/MWh, surtout si l’Europe décide de modifier le prix de formation de l’électricité qui est actuellement attelé au gaz.
20% de coûts en plus
Pour les observateurs, l’industrie européenne va voir ses coûts de production augmenter de 20% par rapport aux autres endroits de la planète, ce qui laisse avec des perspectives bien sombres de licenciements et de délocalisations. La réalité est telle que certaines entreprises choisissent déjà d’arrêter de produire plutôt que de le faire à perte. D’autres envisagent déjà de délocaliser, soit aux États-Unis, soit en Chine pour profiter de prix plus supportables. Les risques sont donc très élevés que l’Europe s’appauvrisse en voyant une nouvelle vague de délocalisations.
La situation n’est évidemment pas tenable, notamment pour les constructeurs automobiles qui devront forcément passer par une case « pertes », même si les gouvernements interviennent. Selon l’agence Fitch et Standard and Poor’s, la production automobile en Europe devrait baisser de 7 à 15% rien qu’en 2022. Pour 2023, les projections sont plus favorables, notamment avec la résolution de la crise des semi-conducteurs.
À condition que celle-ci se produise, car, pour Carlos Tavares par exemple, grand patron de Stellantis, ces pénuries pourraient perdurer au-delà de 2023 tout simplement parce que les plans mis en place par les USA ou l’Europe (European Chip Act notamment) ne produiront pas leurs effets avant 3 ans.
Dans ce contexte, on ne voit pas très bien comment les constructeurs automobiles ne pourraient pas prendre la poudre d’escampette, ce qui ruinerait évidemment tous les efforts déployés ces dernières années pour rapatrier l’industrie et produire plus « local ».
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