L’Europe a récemment bouclé une enquête qui a mis en exergue le fait que les consommations annoncées officiellement pour ces voitures ne sont pas réalistes pour les consommateurs. En effet, la consommation réelle de ces voitures rechargeables serait jusqu’à 3,5 fois plus élevée. Et ça s’explique : la norme européenne table sur une utilisation électrique du véhicule entre 70% à 85% du temps, mais dans les faits les voitures hybrides rechargeables ne roulent sur leur batterie qu’entre 11 et 15% du temps. Il y a donc une énorme différence entre ce qu’on appelle le facteur d’utilité (le temps utilisé en électrique) théorique et réel.
L’Europe va donc revoir la manière dont les hybrides rechargeables sont évalués et, c’est assez simple, en l’état, leur consommation moyenne va doubler en 2025 et même tripler en 2027. De quoi annuler totalement les avantages fiscaux ou l’aspect vert de ces véhicules dans la majorité des pays qui l’autorisent encore – en Belgique, la déductibilité pour les professionnels se réduit : si elle est encore de 100% en 2024, elle le sera de 75% en 2025, de 50% en 2016, de 25% en 2027 et de 0% en 2028.
De manœuvres
Avec pareilles perspectives, on pourrait se dire que le marché européen de l’hybride rechargeable est mort pour les constructeurs automobiles. Mais ça n’est pas le cas, car, malgré tout, de nombreuses marques continuent à arroser le marché avec des modèles toujours plus performants et, surtout, dotés d’une autonomie électrique toujours plus grande. Pourquoi ?
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En fait, c’est plutôt « parce que » qu’il faudrait dire. Car, en augmentant l’autonomie électrique des voitures hybrides rechargeables, les constructeurs vont pouvoir augmenter artificiellement le fameux facteur d’utilité européen. Car pour un même nombre de kilomètres parcourus, la voiture pourra fonctionner plus longtemps en électrique, ce qui réduira de facto la consommation de carburant. C’est pour cette raison de nombre de constructeurs proposent désormais des modèles PHEV dont l’autonomie électrique dépasse les 100 km. C’est le cas par exemple de la nouvelle Volkswagen Golf (19,7 kWh, 100 km), de la Passat (19,7 kWh, 120 km), la Skoda Superb (25,7 kWh,135 km) ou le nouveau SUV Renault Rafale (22 kWh, 100 km). Et il n’y a pas que les Européens qui adoptent cette stratégie : la marque chinoise MG a également mis à niveau ses derniers hybrides rechargeables. La HS par exemple a vu sa taille de batterie doubler et être portée à 24,7 kWh pour 121 km en mode électrique.
L’Europe serait donc en partie court-circuitée. Mais en partie seulement, car ça ne résoudra pas tout. Cela dit, une autre raison pour laquelle les voitures hybrides rechargeables voient leur autonomie augmenter tient dans les avantages fiscaux encore octroyés sur les deux plus gros marchés automobiles du vieux continent : l’Allemagne et le Royaume-Uni. En Allemagne par exemple, les véhicules hybrides doivent proposer une autonomie de 80 km ou plus en mode électrique pour bénéficier d’un taux d’imposition inférieur de moitié à celui des modèles à moteur à combustion interne. Et manifestement, l’appel du pied des constructeurs dans ces deux pays fonctionne : les ventes d’hybrides rechargeables sur ces deux marchés ont augmenté de +31% depuis le début de l’année au Royaume-Uni et de +17% en Allemagne.
Un retour en force de l’hybride rechargeable ?
Est-ce le retour de l’hybride rechargeable ? Pas tant que cela prévoit des analystes. Comme ceux de chez Dataforce qui estiment que la croissance de ces derniers mois est passagère, car la pression pour passer au 100% électrique va être trop forte. Il y a donc peu de chances que le taux de pénétration des PHEV dépasse les 10%. Et il devrait même retomber à terme, même si les constructeurs vont probablement casser les prix pour convaincre professionnels et consommateurs privés.
Mais il n’empêche : en attendant, l’augmentation de l’autonomie des voitures électriques va permettre au constructeur d’atteindre leurs objectifs CO2 de 2025 et qui sont naturellement de plus en plus stricts (une Skoda Superb PHEV affichera par exemple des rejets de 8 g/km) tandis qu’ils pourront sans doute aussi convaincre une certaine frange d’acheteurs dans les pays stratégiques où des largesses fiscales sont encore octroyées à ces véhicules.
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