La débâcle de la voiture électrique est-elle d’abord une crise politique ?

La voiture électrique se porte bien mal. De nombreux experts pointent les erreurs stratégiques et économiques des constructeurs occidentaux et leur incapacité à fabriquer des voitures à batterie abordables. Mais cette analyse serait une erreur et la crise automobile actuelle serait avant tout une crise politique. Explication.

Publié le 19 novembre 2024
Temps de lecture : 4 min

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La débâcle de la voiture électrique est-elle d’abord une crise politique ?

On le sait : la voiture électrique est dans une mauvaise passe : les ventes s’effondrent faute de modèles abordables et les constructeurs occidentaux sont toujours en difficultés par rapport aux Chinois qui ont pris une sérieuse avance. La situation est donc complexe, elle ne va probablement pas s’améliorer de sitôt, car le deuxième marché automobile mondial – les États-Unis – s’apprête à supprimer les crédits d’impôt accordés aux voitures électriques et, par extension, les subsides accordés aux constructeurs pour assurer leur transition (donc une partie de leurs investissements).

Mais pour certains observateurs, cette crise ne serait pas due à des erreurs économiques ou stratégiques des constructeurs, mais plutôt à des choix politiques. C’est ce que pense en tout cas Gerhard Schürmann, CEO d'Emil Frey, soit le plus grand groupe de concessionnaires d’Europe. Ce groupe pèse en effet pour 650 points de vente sur le vieux continent. Un colosse ! Présent en France, en Allemagne ou en Pologne, cette entreprise suisse l’est aussi en Belgique où elle détient des concessions Renault et Volkswagen et des réseaux comme Autosphere ou Neri.

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Trop vite pour le client ?

Interrogé par nos confrères de L’Écho/De Tijd, Gerhard Schürmann n’y va pas par quatre chemins. Pour lui, la crise actuelle est « une crise politique et pas économique ». Et il ajoute « le passage vers le tout électrique va trop vite pour le client ». Il reste toutefois convaincu du caractère central de l’automobile dans la vie des consommateurs. Elle est en effet nécessaire pour que la population gagne sa vie et pour ses déplacements. Et de souligner que nos modes de vie dépendent aujourd’hui largement de la disponibilité de véhicules, qu’ils soient électriques ou thermiques.

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Mais l’homme revient aussi sur la crise actuelle. Pour lui, le marché n’a pas demandé de passer du thermique à l'électrique. C’est le politique qui a décidé ce que le client devrait acheter à l’avenir. Et le constat est là : les clients sont réfractaires et ne veulent pas qu'on leur dicte les choix qu’ils doivent poser. Gerhard Schürmann souligne que les changements technologiques sont trop rapides. Dans ce cadre, les opinions ne peuvent pas changer aussi vite que prévu par le politique. Il faut du temps. « C'est trop rapide et pas adapté à sa demande actuelle », ajoute encore l’homme fort d'Emil Frey. Le problème, ce n’est pas donc pas la voiture électrique en tant que telle, mais bien le calendrier dans lequel le changement doit s’inscrire, d’autant que les infrastructures ne sont pas encore prêtes. La solution est donc devant nous : il faut simplement réduire la pression du changement et l’installer sur un laps de temps un peu plus long.

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Pas si vite les Chinois

Le CEO d'Emil Frey estime par ailleurs que les constructeurs chinois ne vont pas déferler sur l’Europe comme beaucoup l’ont prédit. Car pour lui, il faut beaucoup d’éléments pour lancer une marque. Et créer la confiance. Car lorsqu’un client investit entre 20.000 et 40.000 euros dans un véhicule, il lui faut des garanties et des certitudes sur les valeurs résiduelles, le service après-vente ou la disponibilité des pièces. Et il rappelle à juste titre que les constructeurs japonais ou coréens n’ont pas envahi l’Europe. Ils ont du construire une confiance et ça a pris du temps.

Enfin, Gerhard Schürmann a aussi abordé la question du modèle de la concession. Doit-elle craindre le modèle des ventes en ligne ? Pas du tout, réplique-t-il. Pour lui, avoir une offre en ligne n’est là que pour mieux convaincre l'algorithme de Google et donc bien référencer le vendeur. Car l’acheteur qui débourse plusieurs dizaines de milliers d’euros veut voir et toucher sa future acquisition. En clair, l’activité de garagiste, de concessionnaire ou d’agent a encore de beaux jours devant elle. 

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Par David Leclercq Rédacteur automobile

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