Pourquoi les routes belges sont dégradées…

C’est malheureusement de notoriété internationale : les routes belges sont fortement dégradées, ce qui n’est pas sans poser quelques problèmes de sécurité et de confort, mais aussi de destruction aux véhicules. Où est le problème ? Probablement dans le principe de construction de nos routes qui fait uniquement appel à l’offre la moins chère du marché.

Publié le 8 juin 2022
Temps de lecture : 5 min

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Pourquoi les routes belges sont dégradées…

Pourquoi notre réseau routier est-il si dégradé ? Voilà une question que tous les automobilistes se sont posée 1.000 fois en passant dans un nid de poule ou en devant réduire leur vitesse de manière impromptue et dangereuse pour les véhicules qui suivent. Il y a pourtant une raison très simple à cette situation rappelle Charles Markowicz, comptable certifié dans les colonnes de La Libre Belgique : notre système de marché public qui n’opte que pour l’offre la moins chère. Explications.

Cette situation de réseau dégradé existe depuis des décennies, au point que l’on s’y est habitué. L’ampleur du phénomène se rappelle à notre bon souvenir lorsque nous passons une frontière et que, souvent, nous nous retrouvons sur un vrai billard. Le contraste est saisissant. Cette situation est d’autant plus interpellante que nos dirigeants qui utilisent aussi notre réseau routier sont parfaitement conscients de la situation, car, même depuis leur grosse limousine, ceux-ci peuvent aussi goûter aux joies des routes défoncées. Or, cet état n’est que l’héritage de l’affrontement entre deux logiques économiques, celle du privé et celle du public, rappelle l’auteur de l’article.

Une vue à court terme

Selon Charles Markowicz – qui a évidemment totalement raison –, les routes belges sont le reflet de la politique court-termiste menée par nos dirigeants et qui, souvent, se limite à leur législature. Or, pour entretenir un réseau routier aussi dense que celui de la Belgique, il faut nécessairement des investissements structurels qui s’étalent sur le long terme. Ce n’est évidemment pas l’option qui est privilégiée ici et, étant donné le peu de temps donné à la réalisation des travaux (tous urgemment nécessaires dans la plupart des cas), on opte de ce fait pour l’offre la moins chère, celle qui promet le laps de temps le plus court, mais aussi les solutions techniques les moins onéreuses et abouties et donc les moins durables dans le temps.

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Cette dualité du coût minimum voulu par le public et des profits maximum souhaités par le privé ne fait finalement rien d’autre que prendre le contribuable et l’usager en tenaille qui ne peut absolument pas bénéficier d’une infrastructure adaptée et de qualité et ce, alors qu’il vit dans l’un des pays les plus taxés d’Europe.

Charles Markowicz indique que cette situation crée aussi un cercle vicieux. En effet, lorsqu’une entreprise opère un mauvais calcul et perd de l’argent (indemnités de retard par exemple), elle ne peut encore qu’amplifier le phénomène en rognant encore plus sur les prochains travaux avant de compenser le chantier boiteux et se refaire une santé financière.

Des progrès, mais ailleurs

La situation belge est d’autant plus incompréhensible qu’elle a existé dans d’autres pays, mais que ceux-ci ont mis en place des alternatives. Aux États-Unis par exemple, on investit dans la valeur et la qualité (même si le réseau routier qui n’a plus connu d’investissements depuis trop longtemps va devoir être réfectionné fortement) et ce, depuis plus de 30 ans. Idem aux Pays-Bas qui ont changé leur fusil d’épaule en 2005 et investissement maintenant dans un réseau routier hautement qualitatif où une confiance est établie entre pouvoirs publics et entreprises privées.

On peut se poser la question de la continuité de cette approche étant donné qu’au fil des ans, on a compris qu’elle ne fonctionnait pas. Pourtant, elle continue d’être privilégiée par les autorités et personne ne semble se poser de question. Ou, plus probablement, personne n’ose prendre le taureau par les cornes. Cette situation provient probablement d’une part d’un manque de budget de nos autorités, car il est de notoriété publique que les comptes sont dans le rouge depuis plusieurs décennies maintenant. D’autre part, on constate que la mobilité ne fait absolument pas partie des priorités du gouvernement. Les compétences sont tellement éclatées que le dossier est en effet devenu ingérable, car il tiraillé entre plusieurs niveaux de pouvoir : fédéral, régional et communal.

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Or, pouvoir aligner une vraie politique de mobilité est pourtant un enjeu d’avenir, et ce d’un point de vue global. Car il n’y a pas que la voiture et les routes qui sont concernées par cette situation d’urgence et de désespoir. En effet, que ce soit les pistes cyclables ou le rail, le manque d’argent et de vision se fait sentir. Pourtant, il nous faudra toujours être plus mobiles demain, certes avec des besoins sans doute différents (mobilité douce, télétravail, etc.), mais mobiles malgré tout, car il en va de notre pérennité économique et sociale. Un concept que, manifestement, nos décideurs ont bien des difficultés à intégrer.

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Par David Leclercq Rédacteur automobile

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