Une réforme fiscale automobile illogique adoptée en Wallonie

Ça y est, c’est fait : la réforme de la fiscalité automobile a été adoptée au Parlement wallon en ce début septembre. Une avancée ? Au contraire, c’est plutôt un aveu d’échec dans la capacité des autorités à accompagner la transition vers la voiture électrique.

Publié le 7 septembre 2023
Temps de lecture : 4 min

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Une réforme fiscale automobile illogique adoptée en Wallonie

Un coup dans l’eau serait-on tenté de dire. La réforme de la fiscalité automobile en Wallonie a fait l’objet de propositions diverses et de tractations depuis plusieurs mois au sein des organes de décision wallons. Il s’agissait pourtant de faire évoluer un modèle vieux de plus de 30 ans et de l’adapter pour inciter (et encourager) les automobilistes à choisir une voiture moins polluante pour se déplacer. Mais il ne faut pas se voiler la face : c’est un échec retentissant, car la réforme voit l’émergence d’un système illogique et qui n’accompagne qu’en de très rares occasions la transition.

Ce mercredi 6 septembre, le Parlement wallon a adopté cette réforme proposée par le cabinet du ministre de la Mobilité, Philipe Henry (Ecolo). Le texte a été approuvé, mais Les Engagés ont voté contre tandis que le PTB s’est abstenu. La réforme prévoit qu’un nouveau dispositif soit mis en place dès le 1er juillet 2025. À partir de cette date, les taxes de mises en circulation (uniquement) seront réaménagées et calculées en fonction de nouveaux critères parfois surprenants, comme le poids de la voiture. Si le poids joue un rôle dans la sécurité routière, on peut aussi s’étonner que ce critère ait été retenu à l’heure de la voiture électrique qui est forcément plus lourde que son homologue thermique.

Jusqu’à 9.000 euros de malus

Concrètement, le plafond actuel maximum de 5.000 euros sera relevé à 9.000 euros pour les véhicules considérés comme les plus émetteurs. La taxation prévoit que les véhicules plus lourds soient davantage taxés, car ils ont aussi un impact sur la dégradation du réseau – mais, problème, cet argent ne sera manifestement pas utilisé pour entretenir ledit réseau. Les véhicules de plus grande taille (donc plus lourds) bénéficieront d’un rabattement, mais celui-ci semble bien faible (100 euros) par rapport à la réalité financière de ces familles.

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Il n’empêche, le ministre Henry qui a porté le projet y croit, car « c’est au moment de l’achat qu’on impacte le plus le marché puisque le véhicule va rester en circulation pendant des années et c’est très important de choisir le véhicule le plus écologique possible », a-t-il précisé. Sauf dans le cas où un modèle Diesel est moins cher à l’immatriculation que son équivalent électrique. Ce qui est effectif dans de nombreux cas de figure.

Concrètement, certains modèles populaires sont gagnants, comme une Citroën C3 dont la TMC passera de 123 euros à environ 90 euros. Pour certaines hybrides, la taxe serait même divisée par 10, comme c’est le cas pour une BMW Série 3 hybride (de 1.239 euros on passe à 109 euros). Idem pour la Renault Megane hybride dont la TMC passera de 123 euros à 50 euros. En revanche, en raison de son poids, la version PHEV de la Bentley Bentayga qui verra sa taxe se dégrader, passant de 931,7 euros aujourd’hui à 4.695 euros en 2025. Jusque là, on suit la logique.

Sauf que celle-ci ne dure pas longtemps. Car pour certaines électriques, c’est l’incompréhension qui domine, surtout dans un contexte de transition : la Tesla Model 3 voit ainsi sa taxe passer de 61,5 euros à 1.588,2 euros, voire 2.159 euros pour certaines versions (grande Autonomie). Il est totalement illogique qu’une hybride rechargeable soit plus favorisé qu’une électrique. Dans le même ordre, d’idée, un Kia Sorento 7 places destiné aux familles nombreuses voit sa taxe passer de 323,3 euros à 3.042,7 euros. Ce n’est pas l’abattement de 100 euros pour les familles qui aideront le portefeuille.

Philippe Henry espère que cette réforme sera durable dans le temps tout en acceptant le fait – qui sonne comme un aveu d’échec – que des analyses complémentaires resteront ouvertes pour le prochain gouvernement. Du côté de l’opposition (Les Engagés), on sort déjà les armes et on indique que cette réforme sera balayée par le prochain gouvernement, car elle ne doit entrer en vigueur qu’en 2025. À voir, car cela signifierait que le parti centriste remonterait au pouvoir, ce que les urnes devront confirmer. Assurément, le dossier n’est pas clos. Et c’est peut-être tant mieux…

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Par David Leclercq Rédacteur automobile

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