Introduits en 2014 avec la norme Euro 6, les catalyseurs DeNOx réduisent les émissions d’oxydes d’azote (NOx) des véhicules Diesel, transformant ces gaz en azote et eau via une réaction chimique avec l’ammoniac contenue dans l’additif AdBlue. Ce système est désormais présent sur environ 80% des voitures Diesel en Europe, un chiffre qui augmente avec les nouvelles réglementations. Son adoption est cruciale pour répondre aux normes environnementales strictes imposées par l’Union européenne.
Si cette technologie est particulièrement utile pour améliorer la qualité de l’air dans nos villes, il apparaît qu’elle manque aussi cruellement de fiabilité. En effet, récemment, le magazine français UFC-Que Choisir épinglait de nombreuses marques pour les pannes causées par les catalyseurs DeNOx qui immobilisent souvent le véhicule et entraîne des réparations coûteuses. Et la liste est longue : Audi, Dacia, Fiat, Ford, Hyundai, Jaguar, Jeep, Kia, Mazda, Nissan, Porsche, Seat, Toyota et, surtout, Citroën et Peugeot.
1.200 euros de réparation
Les problèmes avec les catalyseurs DeNOx des voitures Diesel concernent principalement des dysfonctionnements liés au système SCR. Ces dysfonctionnements incluent des injecteurs bloqués, des capteurs NOx défectueux ou des pompes AdBlue défaillantes. Ces problèmes résultent en général de la complexité du système autant que son exposition aux conditions difficiles du moteur, telle que les variations de température.
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Le problème, c’est que l’alerte au tableau de bord ne se manifeste pas toujours et que, dans de nombreux cas, la défaillance du système AdBlue empêche le démarrage du véhicule. Pourquoi ? Le système a été conçu de la sorte afin d’obliger les automobilistes à faire le plein d’AdBlue, sinon la mesure serait totalement inefficace.
Ces dysfonctionnements nécessitent souvent des réparations qui jusqu’ici étaient souvent à charge des automobilistes qui avaient passé le délai de garantie. Et la facture peut être salée dans certains cas : jusqu’à 1.200 euros. Et c’est bien là que le bât blesse, car les constructeurs restent étonnamment absents face à ces problèmes alors qu’ils devraient au contraire assumer leurs responsabilités puisqu’il s’agit d’un vice de conformité qui échappe à la notion de durée de garantie (certes différente selon les constructeurs).
Des plaintes qui s’accumulent
Mais depuis quelques mois, les propriétaires victimes des défauts des catalyseurs DeNOx ont décidé de ne plus se laisser faire. La plupart d’entre eux déposent une plainte chez Testachats. L’organisme de défense des consommateurs a déposé une plainte auprès de l’inspection économique. Mais celle-ci n’a pour l’heure pas encore abouti.
Test-Achats a donc décidé d’aller plus loin. Après avoir engrangé plus de 3.000 dépôts de plainte dont une part non négligeable concerne les véhicules de Peugeot et de Citroën, l’organisme menace aujourd’hui d’une action collective devant le tribunal, comme elle l’avait fait pour les Diesel truqués du groupe Volkswagen (Dieselgate) et pour lequel il avait obtenu gain de cause.
Ce qui énerve particulièrement Testachats, c’est que Stellantis a déjà pris en charge le problème… en Italie où l’Autorité de la concurrence a pris le dossier en main (avec le versement d’une compensation couvrant 100% des coûts de réparation liés au système AdBlue en fonction de l’âge et des kilomètres parcourus par leur véhicule, à l’exclusion des frais de main-d’œuvre). Interrogé par Sud Info, le groupe explique que depuis 2020, Stellantis a mis en place une couverture spéciale 5 ans/50.000 kms avec une indemnisation à 100% sur la pièce et la main-d’œuvre et que depuis 2022, il existe une couverture spéciale supplémentaire pour les véhicules âgés de plus de 5 ans et de moins de 8 ans jusqu’à 210.000 km avec une indemnisation de 30 à 90% sur la pièce en fonction de l’âge du véhicule. Mais si de tels dispositifs existent, il y a toujours une part non négligeable des propriétaires de véhicules défectueux qui ne sont effectivement pas indemnisés.
Pas que Stellantis
Les plaintes et témoignages récoltés par Testachats ne concernent toutefois pas que des voitures du groupe Stellantis. D’autres marques sont aussi concernées en Belgique, comme Audi ou Renault. Seul Renault a accepté de communiquer selon nos confrères, assurant que ces problèmes ne concernaient que moins d’un pourcent des véhicules Diesel. Renault indique prendre la réparation en charge lorsque le véhicule est sous garantie (quoi de plus normal), mais prend aussi en charge des véhicules hors couverture en fonction de l’âge et du kilométrage. Le problème est aussi corrigé via une reprogrammation du calculateur du moteur pour qu’il ne se reproduise plus.
Il faudra voir comment les marques réagissent à la menace d’une « class action » brandie par Testachats. En France, Citroën vient d’ailleurs de rappeler 4.000 véhicules concernés par un potentiel souci de l’injecteur d’AdBlue. Et c’est pareil chez Opel pour plus de 2.000 voitures. Certes, ces rappels sont coûteux pour les marques, mais il en va tout de même de la relation de confiance avec le client. Un concept que certains semblent avoir oublié au nom du profit.
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