Les voitures chinoises s’infiltrent peu à peu sur nos routes, mais elles n’ont pas encore déferlé. Ça arrivera peut-être. Ou pas. Car il faut se souvenir que l’arrivée des constructeurs japonais ou coréens un peu plus tard n’a pas sonné le glas des marques européennes. Cela dit, la situation est différente aujourd’hui, car les constructeurs chinois arrivent avec un argument de taille : celui d’un prix défiant tout concurrence et avec lequel aucun constructeur occidental ne peut rivaliser. Et, pour les constructeurs américains et européens, c’est bien là que se trouve l’équation à résoudre : comment arriver à compresser les coûts avec des composants – la batterie notamment – aussi chers ?
Et justement, une étude américaine a été menée par Caresoft pour tenter de percer le mystère des voitures chinoises ou, à tout le moins, comprendre ce qui fait leur force. Et la réponse semble évidente : le secret réside dans l’optimisation de la production.

Mieux que Tesla
Selon l’étude, il semblerait que les constructeurs chinois aient même dépassé Tesla qui a pourtant marqué de solides avancées dans la réduction de nombre de pièces à la fois pour les plates-formes et les modules avant et arrière – et c’est ce qui rend les réparations plus chères d’ailleurs, au grand dam des assureurs.
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Mais les marques chinoises vont donc encore plus loin, à la fois dans la réduction du nombre de pièces ainsi que dans les techniques d’assemblage. Manifestement, leur degré d’expertise aurait atteint un niveau qui devrait être considéré comme « inquiétant » pour les constructeurs occidentaux.

Caresoft est bien placé pour réaliser cette étude puisque cette organisation est spécialisée dans le démontage d’automobiles afin d’analyser leur coût de production. Il apparaît que l’approche est radicalement différente : les voitures chinoises sont en effet conçues pour être assemblées rapidement et à moindres coûts, quitte à ce que cela soit défavorable à la durabilité. En d’autres termes, peu importe le coût environnemental, pourvu que la composante prix soit la meilleure. Exemple concret avec les fixations du ciel de toit : les constructeurs américains privilégient par exemple des aimants à un dollar pièce alors que les Chinois optent pour une simple bande adhésive, ce qui divise le coût par... cent ! Et l’approche se répète pour des pièces structurelles plus importantes. Ainsi, les constructeurs occidentaux recourent à de l’aluminium pour le renfort de caisse située derrière le tableau de bord alors que les Chinois utilisent du plastique ou un alliage d’aluminium et de plastique, forcément moins cher.
Des structures partagées
Mais il y a d’autres aspects qui influencent aussi les coûts des voitures chinoises. En Europe comme aux États-Unis, les marques s’inscrivent dans une logique de concurrence intensive alors qu’en Chine, c’est la collaboration qui prévaut entre les constructeurs. Ainsi, le China Automotive Technology & Research Center, financé par Pékin, est un grand centre de recherche et de développement qui incite les constructeurs à standardiser des composants ce qui permet d’accélérer la production et l’innovation.

Avec ce mode de fonctionnement, il ne s’agit pas d’aider les constructeurs les moins performants, mais de valider plus rapidement les étapes des projets , ce qui accélère tout le processus de conception. De notre côté, il y a donc beaucoup plus d’inertie, donc moins d’innovation. C’est grâce à cette manière de fonctionner que les Chinois ont comblé leur retard. Et ont même pris de l’avance : ceux-ci mettent sur le marché une toute nouvelle voiture en peine 18 mois, contre 4 ans chez les constructeurs occidentaux.
Les constructeurs chinois ont manifestement conscience de leur niveau technique atteint aujourd’hui. Et c’est ce qui explique que le PDG de BYD, Wang Chuanfu, a récemment déclaré que les voitures électriques chinoises avaient de trois à cinq ans d'avance en termes de produits, de technologie et de chaîne industrielle.

S’adapter pour survivre
Pour survivre, les constructeurs « traditionnels » vont devoir s’adapter. Il leur faudra en l’occurrence réduire le temps écoulé entre le début du projet de développement et la production. Ce que certains semblent avoir déjà commencé à faire, comme Renault qui a par exemple externalisé dans un centre de développement indépendant chinois (Advanced China Development Center) le développement de l’habitacle de la future Twingo électrique.
À raison ? À voir, car si adopter le modèle chinois semble intéressant du point de vue des coûts, on peut se poser la question de la durabilité de la voiture électrique qui, théoriquement, est censée être aussi une fin en soi. Philosophiquement d’une part dans une optique de décarbonation, et, d’autre part, pour la satisfaction des automobilistes. Or, jusqu’ici, on a encore peu de recul sur le vieillissement des voitures chinoises.
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