Que se passe-t-il donc en Italie ? On sait que la fusion entre l’ancien groupe Fiat-Chrysler et PSA ne se passe finalement pas bien, en tous cas du point de vue du gouvernement italien. En effet, le groupe Stellantis qui rassemble 14 marques est dirigé d’une main de fer par Carlos Tavares et, pour faire face à la concurrence chinoise qui s’est levée, l’homme restructure et exige de ses différentes unités de production une productivité d’un tout autre niveau. Ce qui ne plaît pas aux Italiens.
Les relations sont donc particulièrement tendues. Car Stellantis demande aussi aux décideurs de la péninsule d’instaurer des aides à l’achat pour les voitures électriques. Et celles-ci n’arrivent pas – probablement parce que les caisses sont vides. Du coup, Tavares a décidé de délocaliser certaines productions de véhicules de l’Italie vers les pays de l’Est, notamment. Ça a été le cas du SUV Milano d’Alfa Romeo, entretemps rebaptisé Junior, car la loi italienne ne tolère pas l’utilisation d’un nom italien si le produit n’est pas fabriqué sur le territoire. Idem plus récemment encore avec la Topolino qui arborait un drapeau italien sur ses ailes alors qu’elle n’est pas construite en Italie. À chaque fois, Stellantis a du faire marche arrière.
Revendre des marques ?
Mais les choses s’enveniment encore si on en croit le journal Il Sole 24 Ore. Selon plusieurs sources, l’objectif du gouvernement de Giorgia Meloni serait désormais de récupérer certaines marques dont les droits sont détenus actuellement par Stellantis, mais qui ne sont pas exploitées. Pas question donc de remettre en cause l’exploitation de Fiat, Alfa Romeo, Lancia, Maserati ou Abarth, mais bien de marques mises en sommeil depuis les années 1990 telles que Innocenti et Autobianchi et les modèles A112 et Y10 qui vont avec. L’idée ? Les revendre à des investisseurs qui pourraient d’ailleurs être chinois tant que l’industrie et la production restent sur le sol italien.
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Selon Il Sole 24 Ore, le ministre de l’Industrie aurait déposé les deux marques auprès de l’office national des brevets, en utilisant des identités graphiques distinctes de celles déposées par Stellantis. Et il n’y a pas de fumée sans feu. Le groupe Stellantis lui-même a indiqué à l’agence Reuters que le groupe avait eu vent de ce projet, mais qu’il n’en avait pas été informé par le gouvernement italien.
Vraiment possible ?
Mais cette mainmise est-elle vraiment possible ? Car cela ressemble furieusement à une nationalisation sauvage digne d’un état totalitaire. Apparemment oui, si on en croit l’enquête d’Il Sole. Car une loi votée en décembre 2023 permettrait ce genre d’opération. La Cour des comptes italienne serait d’ailleurs penchée dessus actuellement. Le texte stipule notamment que les entreprises sous contrôle du gouvernement peuvent être cédées à des « entreprises, y compris étrangères, qui ont l’intention d’investir en Italie ou de transférer en Italie des activités de production situées à l’étranger », selon les informations publiées par Automotive News Europe.
Si l’information est vérifiée, c’est certainement un bras de fer juridique qui est en train de s’installer entre le groupe Stellantis et le gouvernement italien. Manifestement, les autorités ont perdu patience, car elles demandent à Tavares se conserver une production de 1 million de véhicules par an en Italie. Or, jusqu’ici, Tavares ne fait que délocaliser, que ce soit en Pologne ou en Serbie (Grande Panda).
L’Italie entend-elle vendre tous ses bijoux de famille ? Ce n’est pas l’idée puisqu’il faut se souvenir que le pays s’est retiré des accords des nouvelles routes de la soie (qui vise à améliorer les liaisons commerciales entre l’Asie, l’Europe, l’Afrique et même au-delà par la construction de ports, de voies ferrées, d’aéroports ou de parcs industriels) tissée par la Chine et qui visait à investir massivement dans les pays européens qui leur ouvriraient les portes du marché unique. Qu’en penser ? Simplement que l’Italie a cruellement besoin de réindustrialisation, comme le reste de l’Europe. Mais est-ce vraiment la bonne voie à suivre ?
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