On en a beaucoup parlé : la France vient d’inaugurer sa toute première gigafactory de batteries, fruit d’une co-entreprise, ACC, entre Stellantis, Mercedes et TotalEnergies. Le projet d’Automotive Cells Company (à Billy-Berclau/Douvrin) représente un investissement de 2 milliards d’euros, le premier d’une longue série espère-t-on dans les sphères politiques.
Point clé de ce projet : la moitié de l’investissement est financée par l’État français et les collectivités locales, ce qui en dit long sur la course que se livrent les gouvernements européens pour attirer les constructeurs automobiles en leur permettant un approvisionnement local en composants. « La nouvelle usine d’ACC marque une étape clé dans la transformation de l’Europe pour rendre son industrie automobile plus résiliente, compétitive et durable, y compris dans l’ère électrique », a déclaré Ola Kallenius, PDG de Mercedes juste avant l’inauguration.
500.000 voitures par an
L’usine d’ACC est fin prête et elle commencera à produire des batteries lithium-ion dans le courant de l’année 2023 pour une capacité initiale de 13 gigawattheures (GWh), mais qui sera portée à 40 GWh. Cette capacité de production permettra d’équiper 500.000 voitures par an, ce qui à l’aube de la transition forcée vers la voiture électrique est bien nécessaire. D’ici 2030, l’usine devrait aussi générer 2.000 emplois directs et probablement autant d’indirects.
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Cette première usine sera suivie par d’autres, puisque récemment, la société taïwanaise ProLogium et la société chinoise Envision AESC ont aussi annoncé leur intention de construire des gigafactories dans le nord de la France, notamment autour du port de Dunkerque. Et ce n’est pas fini : Renault a aussi passé un partenariat avec Vektor pour pareil projet dans la même région.
Contrer les USA
Cet engouement pour le nord de la France montre tout la concurrence qui s’est installée entre les États européens, surtout depuis que les États-Unis essaient d’attirer les industries étrangères à coup de milliards de subsides (IRA). Or, l’Europe est en souffrance, car elle dépend totalement (ou presque) de l’industrie asiatique pour sa transition vers la voiture électrique.
Dans ce contexte, Macron met tout en œuvre pour que 2 millions de voitures électriques soient fabriquées en France d’ici à 2030 (l’Europe a écoulé 11,2 millions de voitures en 2022, en recul de 4%). Le bras de fer est donc lancé, d’abord avec l’Allemagne qui entend aussi protéger son industrie, mais aussi avec l’Italie et l’Espagne, deux autres grands pays.
Et la Belgique ?
On pourrait se demander pourquoi la Belgique ne nourrit pas de tels projets d’avenir, elle qui a elle aussi tant besoin de réindustrialisation ? Manifestement, la France comme l’Allemagne activent le cadre assoupli des aides européennes afin de faire concurrence aux aides américaines. Ce n’est pas (encore) le cas de la Belgique où certains projets sont en gestation, mais à des échelles infiniment moindres (Abee, 3 GWh).
Pourtant, notre pays a des atouts, comme une localisation idéale au centre de l’Europe ainsi que deux usines automobiles d’importance (Audi et Volvo). Nous disposons aussi de grands terrains, notamment l’ancien site d’Anvers d’Opel, mais aussi celui de Chertal (Liège, ArcelorMittal). Nos forces sont nombreuses, mais elles demandent aussi un peu de coordination. Car, vu les besoins (qui ne sont pas seulement automobiles, mais aussi domestiques et industriels), il faudrait plutôt miser sur la collaboration. Espérons que cela puisse rapidement être envisagé ?
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