L’industrie automobile européenne doit aborder un virage. Et même une sérieuse épingle à cheveux. Alors que la transition vers les véhicules électriques semblait prometteuse, les constructeurs sont désormais coincés dans une tempête pour le moins inattendue. La baisse des ventes, la concurrence accrue – et même la domination technique de la Chine – ainsi que la fin des aides gouvernementales dans plusieurs pays ont plongé le secteur dans l’incertitude.
Le problème, c’est que la crise se prolonge et, aujourd’hui, les usines automobiles européennes tournent au ralenti. Certaines d’entre elles fonctionnent en effet à seulement 50% de leur capacité, ce qui entraîne des pertes financières massives pour des géants comme BMW, Mercedes, Stellantis ou Renault. Aujourd’hui, les constructeurs doivent donc composer avec des stocks invendus et des usines désertées, une situation totalement inverse aux prévisions initiales qui prévoyaient une croissance rapide.
Des erreurs stratégiques aussi
Cela dit, la situation n’est pas due qu’à la baisse des ventes. Car « nos » constructeurs ont aussi commis des erreurs stratégiques, en particulier celle d’une mauvaise anticipation de l’évolution du marché. Les Européens ont péché par orgueil et négligé le facteur chinois et la capacité des nouveaux constructeurs de l’empire du Milieu à livrer des voitures de qualité, moins chères et dotées de technologies parfois nettement plus avancées.
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Le cas de Volkswagen illustre parfaitement cette crise. Le constructeur allemand envisage désormais de fermer plusieurs usines et il vient de rompre un accord historique sur la garantie de l’emploi qui était en place depuis 30 ans. Cela pourrait ouvrir la voie à des licenciements massifs. Quelque 130.000 travailleurs sont concernés par les discussions salariales. Pour Audi Brussels, il n’y a donc plus d’illusion à se faire. Mercedes et BMW ne sont pas en reste : ils ont annoncé des résultats en baisse. Ainsi, la division automobile de Mercedes prévoit une marge opérationnelle entre 7,5 et 8,5%, contre 10 à 11% auparavant. Raison invoquée : « une nouvelle détérioration de l’environnement macroéconomique, en particulier en Chine ». Idem chez BMW : la marge opérationnelle automobile est attendue à présent dans une fourchette de 6 à 7% en 2024, contre 8 à 10% auparavant.
Un impact dévastateur sur l’emploi ?
Si elle perdure, cette situation pourrait avoir des effets dévastateurs sur l’emploi. En effet, le secteur automobile pèse pour 7% de l’emploi total en Europe, soit environ 13 millions de personnes ! La fermeture des usines en difficulté pourrait entraîner des vagues de licenciements avec des conséquences économiques dévastatrices. D’autant que les usines automobiles sont au cœur de vastes écosystèmes économiques locaux. Il faudra donc compter avec des dizaines de milliers de licenciements en comptant les activités indirectes : sous-traitants, mais aussi commerce ou infrastructures gravitant autour des usines.
À l’heure actuelle, on sait que c’est terminé pour le site d’Audi Brussels, mais des usines comme celle de Douai qui s’occupe de la Renault R5 E-Tech ou celle de Mirafiori qui produit les Fiat 500 électriques sont clairement menacées.
Les stratégies divergentes
Face à cette crise, les stratégies des constructeurs diffèrent. Volkswagen, par exemple, a récemment décidé de renoncer à la construction d’une nouvelle usine en Allemagne. Son objectif est désormais de réduire drastiquement les coûts pour s’adapter à la nouvelle réalité du marché. Stellantis envisage pour sa part des mesures d’économie après avoir enregistré une forte baisse de ses bénéfices.
Renault semble toutefois mieux résister à la tempête. Le constructeur français a même annoncé de nouvelles embauches, grâce à des résultats commerciaux positifs. Cette exception confirme que, malgré un contexte difficile, des stratégies adaptées peuvent permettre de tirer son épingle du jeu.
Pour survivre, les constructeurs devront accélérer leur transition vers l’électrique tout en se montrant capables de faire face à la concurrence chinoise. Il faudra pour ce faire adapter les produits, mais aussi ajuster les capacités de production à une demande en baisse. C’est évidemment possible, mais probablement avec des décideurs (une Commission pour ne pas la citer) qui jouerait moins les chevaliers blancs et qui serait capables de comprendre qu’il est nécessaire d’abandonner le principe de libre concurrence pour soutenir l’industrie – ou ce qu’il en reste encore. C’est ce que la Chine et les États-Unis font du reste…
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