Économie

Une révision de la sortie du thermique dès 2024 ?

Face au ralentissement de l’industrie automobile européenne, l’Italie, portée par son gouvernement, appelle à une révision de l’interdiction des moteurs à combustion interne, tout en mettant en cause la « vision idéologique » de l’Union européenne. Mais la Commission le verra-t-elle de cet œil-là ? Et l’Europe comprendra-t-elle enfin qu’elle étouffe son industrie plus qu’elle ne la favorise ?

David Leclercq David Leclercq | Publié le 11 sept. 2024 | Temps de lecture : 5 min

Le gouvernement italien a déposé à nouveau une demande de révision anticipée de la législation européenne qui prévoit l’interdiction des moteurs à combustion interne à partir de 2035. Comme on le sait, cette mesure vise à interdire la vente de nouveaux véhicules utilisant des carburants fossiles dans l’Union européenne, en conformité avec les objectifs de décarbonation. Cependant, selon l’Italie, ce plan ne reflète pas les réalités actuelles du marché marqué par un ralentissement notable de l’industrie automobile européenne.

Gilberto Pichetto Fratin, ministre italien de l’Énergie, a exprimé son désaccord lors du forum d’affaires TEHA à Cernobbio, qualifiant cette décision d’« absurde » et dictée par une « vision idéologique ». Il a également critiqué une approche trop centralisée de l’élaboration des politiques au sein de l’Union, soulignant la nécessité d’une adaptation plus pragmatique à la situation.

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Une industrie en pleine turbulence

Gocar l’évoque régulièrement, le secteur automobile européen traverse une période particulièrement difficile, avec une baisse des ventes de véhicules électriques et une concurrence accrue des constructeurs asiatiques, notamment chinois. En conséquence, plusieurs pays, dont l’Italie, s’inquiètent de l’impact de l’interdiction des moteurs thermiques sur leur industrie nationale.

Le ministre italien de l’Industrie, Adolfo Urso, a logiquement soutenu cette demande de révision, estimant qu’une évaluation des progrès devrait être effectuée dès cette année (2024 donc) et pas en 2026 comme prévu initialement – la fameuse clause de revoyure censée évaluer l’état de la transition automobile. Cette demande intervient alors que les constructeurs automobiles européens, comme Volkswagen et Stellantis, envisagent des mesures drastiques face à la crise, notamment des fermetures d’usines et des suppressions d’emplois. Pour Olivier Blume, le PDG de Volkswagen, sans ajustements majeurs, la part de marché des constructeurs européens pourrait continuer à s’éroder.

L’Italie n’est pas la seule à porter cette demande. D’autres pays européens, soucieux de protéger leurs industries automobiles respectives, plaident également pour une révision des objectifs européens. Cependant, Ursula von der Leyen, la Présidente de la Commission européenne, a récemment affirmé sa volonté de maintenir l’objectif d’une sortie totale des moteurs à combustion d’ici 2035. Néanmoins, elle a aussi laissé entendre qu’une certaine flexibilité pourrait être accordée, notamment en ce qui concerne l’utilisation de carburants synthétiques, mais sous certaines conditions qui n’ont pas encore été précisées.

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L’Europe responsable de la situation ?

Mais cette situation est finalement l’héritage d’une série de mauvaises décisions, comme l’explique très justement La Libre Belgique. Depuis près de huit ans, l’Europe a pris un retard considérable face aux États-Unis et à la Chine qui ont opté pour une approche protectionniste. Alors que ces deux puissances protègent leurs industries stratégiques, le Vieux Continent persiste dans une logique de libre-échange sans limites qui, si elle a été bénéfique par le passé, ne l’est plus aujourd’hui. Car le modèle des échanges commerciaux a changé. En effet, aujourd’hui la Chine signe de nombreuses innovations et elle n’est plus attelée à l’Europe. Elle peut donc prendre le dessus aisément, faisant de ce fait fondre la valeur de l’économie européenne.

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Selon Tanguy Struye de Swielande, professeur à l’UCLouvain, l’Europe est même devenue « l’idiot du village ». C’est le fait de règles trop strictes pour les entreprises et qui ne permettent pas aux écosystèmes hightec d’éclore. Pour certains, les règles environnementales sont aussi excessives et elles plombent la compétitivité. L’Europe veut la transition énergétique, mais les technologies vertes (éolien, photovoltaïque, etc.) sont importées massivement depuis la Chine. L’Europe reste toujours trop dépendante, aussi pour les matières premières, car nos régions ne semblent pas enclines à vouloir rouvrir des mines par exemple qui permettraient pourtant de retrouver une certaine indépendance. Être plus catholique que le Pape ne paie pas.

Dernier point : l’Europe ne parle toujours pas d’une seule voie et les pays membres se font la guerre économique. Les autorités européennes ne sont en effet pas parvenues à créer des écosystèmes ou des chaînes de valeurs complémentaires et organisées comme c’est le cas par exemple aux États-Unis. Avec le principe friendshoring, les USA ont fait du Mexique, du Canada ou de l’Australie leurs partenaires privilégiés, répartissant de manière équitable ou intelligente la valeur entre les entreprises. Reste à voir si la nouvelle Commission européenne et nos dirigeants pourront saisir cette réalité, se remettre en question et agir avec efficacité et concertation pour que l’Europe puisse se relever économiquement. C’est là le défi pour deux ou trois décennies. Et il ne concerne pas que l’industrie automobile, tant s’en faut. Alors, cessons d’être gentils et soyons vrais. La Chine subventionne massivement ses constructeurs ? Faisons de même et redevenons les meilleurs. Mais cela nécessite une vision et des ambitions.

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