Décidément, un temps convaincu par la nécessité de basculer rapidement vers une gamme de voitures 100% électrique, les constructeurs ne semblent plus si sûrs de leur coup. Il faut dire que ces derniers mois, les ventes de voitures électriques ont considérablement ralenti partout dans le monde (parce qu’il ne faut pas confondre immatriculations et carnets de commandes). Cette situation a entraîné des interruptions dans la production, mais, plus grave encore, elle menace la rentabilité des constructeurs automobiles qui ont investi des milliards dans l’électrification.
Plutôt inattendue, cette situation de stagnation devrait toutefois perdurer pendant encore deux ans, mais peut-être beaucoup plus si les constructeurs automobiles changent leur stratégie. Ce qui semble être le cas. En effet, la semaine dernière, c’est Mercedes qui remettait en cause sa logique de sortie du moteur thermique en 2030. Le constructeur allemand a ainsi annoncé qu’il allait encore produire des moteurs thermiques jusqu’en 2035. Raison ? Le marché le demande.
Renault aussi
Ce revirement stratégique a déjà été évoqué par Carlos Tavares de Stellantis et le groupe est prêt à prendre les mesures nécessaires pour adapter son offre, comprenez revenir aux moteurs thermiques. Si Stellantis n’a encore rien annoncé de concret, ce n’est pas le cas de Renault qui a décidé de faire comme Mercedes et de repousser à plus tard le tout électrique.
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Lors du Salon de Genève, Fabrice Cambolive, PDG du groupe Renault a annoncé que le groupe adoptait une stratégie « à deux jambes » qui consistera à proposer certes des voitures électriques dans tous les segments, mais aussi des modèles hybrides à essence, et ce pour les 10 prochaines années. Donc jusqu’à la limite d’interdiction de l’Union européenne fixée, elle, au 1er janvier 2035 ! Renault repousse donc lui aussi de 5 ans l’échéance qu’il s’était initialement fixée. « Notre stratégie consiste à avoir deux jambes dans chaque segment : une gamme à moteur à combustion interne avec technologie hybride et une gamme électrique », a déclaré Fabrice Cambolive.
Plus de stabilité sur deux jambes
Ce revirement est aussi dicté par le marché. Car maintenant que les early adopters ont acheté une voiture électrique, le reste des automobilistes se montre nettement moins convaincu et ils ne semblent pas prêts à payer cher pour acquérir une voiture à batterie. Certes, de nouvelles petites voitures sont introduites et elles sont forcément moins chères (R5, Citroën ë-C3, etc.), mais les tarifs des autres modèles déjà sur le marché ne baissent pas. Ou pas suffisamment.
Concrètement, le nouveau Renault Scénic 100% électrique sera complémentaire de l’Austral (même si ces deux-là ne partagent pas la même plate-forme). Dans le même ordre d’idées, la nouvelle R5 fera carrière aux côtés de la Clio. Et ce sera pareil manifestement pour la Mégane E-Tech et sa version « classique » hybride ainsi que pour les autres. Renault estime avoir de la flexibilité pour s’adapter aux conditions du marché et le nombre plus élevé de plates-formes ne semblent pas représenter un problème industriel ou de rentabilité – pour rappel, Stellantis utilise, lui, la même plate-forme pour les modèles thermiques et électriques. « Pour moi, la question n’est pas [de devenir une marque 100% électrique] en 2030 et nous suivrons les tendances avec deux offres compétitives dans tous les segments. Cette stratégie pourrait fonctionner pendant les dix prochaines années », a encore indiqué Cambolive. Manifestement, la transition vers la voiture électrique a du plomb dans l’aile. À voir comment les choses évolueront dans les prochains mois et surtout après les élections européennes.
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