En 1989, le célèbre film Retour Vers le Futur 2 nous décrivait à sa manière la vie de demain. Selon les scénaristes, 30 ans après 1985 (soit en 2015), les voitures seraient volantes et automatisées, tout comme les stakeboards, ancêtres de nos trottinettes électriques, devenus par ailleurs hoverboards grâce à une technologie de lévitation.
Bien entendu cette vision fait aujourd’hui sourire, mais elle renfermait toutefois une part de vérité avec des objets de plus en plus volants et automatisés ainsi qu’une diversification des moyens de transport. Or, ceci n’est pas très éloigné du scénario vécu actuellement avec la multiplication des aides à la conduite et un début d’autonomie, le développement de drones pour transport de personnes, etc.
Une étude sérieuse de la VUB
Il se trouve que les chercheurs du département Mobilise de la VUB (qui analyse le comportement des usagers des transports et les obstacles à l’adoption de modes de transport durables) ont tenté une projection de la mobilité à l’horizon 2050. Et les résultats sont étonnants.
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Pour leur projection d’avenir, les chercheurs ne se sont pas fondés sur l’extrapolation de données ou des statistiques, mais sur les récits de Bruxellois vivant dans le futur. Il y a notamment un employé aisé d’Auderghem, une étudiante de Saint-Gilles, une sexagénaire sans emploi du Pentagone ou encore un retraité de Saint-Josse. Ceux-ci nous relatent leurs déplacements dont les modalités ont été construites par les chercheurs en fonction de plusieurs hypothèses, dont le réchauffement climatique, l’explosion du tourisme, la flambée immobilière ou encore la montée des eaux.
Des pistes pour mieux anticiper
Les chercheurs de la VUB se sont donc attachés à suivre plusieurs pistes, parfois inattendues comme peut l’être du reste notre avenir qui n’est pas écrit. Cela donne lieu à diverses options. Que se passerait-il en effet si la STIB disparaissait, si les eaux montaient ou si les engins de transport personnels aériens qu’on nous promet voyaient le jour ? L’énonciation de ces scénarios permet selon l’équipe de la VUB de mieux anticiper et de renforcer la résilience des villes.
Les résultats présentés sont le fruit d’un travail de co-construction avec des acteurs de la mobilité : transports en commun, port de Bruxelles, SPF Mobilité, association de défense du vélo ou des piétons, etc. Et le travail accompli ne restera pas qu’un exercice de style. En effet, il est prévu que les scénarios envisagés débouchent dès 2024 sur un portefeuille de mesures politiques générées par un logiciel et qui permettra de mieux orienter les décideurs dans leurs choix de mobilité urbaine.
4 scénarios
Concrètement, la VUB a envisagé 4 grands scénarios d’évolution. Le premier tient dans un « grand Bruxelles unifié » où la périphérie (Waterloo, Beersel, etc.) serait intégrée à la ville. Ces quartiers pourraient dans le futur être très bien desservis par les transports en commun. C’est le scénario de l’Hyperloop du nom de ce métro-capsule voyageant en souterrain imaginé par Elon Musk il y a quelques années.
Plus fort : dans cette version de Bruxelles, les employés travaillent 85% du temps à domicile tandis que les écoles et universités disposent de locaux décentralisés de proximité pour tous les étudiants. Le centre historique est devenu hypertouristique, Saint-Josse est doté d’un camping forestier de luxe et la densité est telle qu’il faut sortir loin de la ville pour faire du jogging. Les livraisons se font par drone et tous les services ou commerces sont accessibles en 15 minutes.
Le deuxième scénario est celui de la « liberté maximale » – comprenez d’une certaine anarchie – dans lequel Etterbeek a même construit un mini ring et où les riches navetteurs arrivent à leur bureau par les airs, via hélicoptères. Dans cette vision – qui est la pire –, la congestion est totale et constante et il faut une heure pour aller d’un bout à l’autre d’Auderghem. Le gouvernement subventionne les voitures, car elles sont plus rapides que le bus. Le tourisme est par contre inexistant en raison de la sécheresse et de la chaleur.
Le troisième scénario est celui du « Tout Bruxelles est sur 4 roues ». La voiture règne donc en maître et les enfants rentrent même de l’école en Uber. Dans cette projection, le niveau des mers a monté à tel point que les voies d’eau bruxelloises servent aux livraisons et au transport de personnes. Le centre est hypertouristique et un circuit de F1 a même été tracé entre le Manneken Pis et l’Atomium. Pour limiter le tourisme, un ticket est exigé pour pénétrer dans le Pentagone tandis que les habitants sont éjectés de leur habitation au profit des Airbnb. Les liens sociaux n’existent plus. Ou si peu.
Enfin, la quatrième projection imaginée par les chercheurs est celle de « l’hyperproximité » où tous les services sont localisés à 15 minutes de chaque domicile. Les employés sont à 100% en télétravail et ne se rencontrent que dans les bureaux virtuels. Plus étonnant : chaque commune dispose de son propre Code de la route et un abonnement de carsharing est offert dès 18 ans, aussi subventionné par le gouvernement. Ici aussi, la voiture est largement privilégiée, plus que les transports en commun. Rouler à vélo par contre devient une gageure et un vrai danger en raison de la multiplication des règles qui sont impossibles à intégrer, donc à suivre. Les prix de l’immobilier sont devenus impayables et les domiciles minuscules, un peu comme à Paris.
Certes, il ne s’agit que d’un exercice, mais force est de constater que quel que soit le scénario envisagé, l’avenir vu sous cet angle n’est pas très engageant. Rien n’indique que c’est l’une de ces pistes qui se réalisera. Les études actuellement tendent à démontrer que la voiture sera toujours majoritaire dans nos déplacements en 2040, mais, espérons-le, pas dans de telles conditions…
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