Électrique

Flandre : L’interdiction des Diesel dans les LEZ en 2031 antisocial et irréaliste ?

Récemment le gouvernement flamand a décidé de durcir sérieusement les conditions d’accès aux zones de basses émissions dès 2031. Dès cette date, toutes les voitures Diesel en seront bannies. Est-ce vraiment réaliste et, surtout, n’est-ce pas antisocial ?

David Leclercq David Leclercq | Publié le 27 déc. 2022 | Temps de lecture : 11 min

Très volontaire dans ses ambitions de transition vers la voiture électrique, le gouvernement flamand vient de se fixer un nouveau calendrier au sujet des zones de basses émissions dans les villes de la Région. Il apparaît ainsi que dès 2031, la circulation de toutes les voitures Diesel tandis qu’en 2035, ce sera au tour de toutes les voitures à essence de subir le même sort.

La communication de ce calendrier a fait bondir de nombreux observateurs, dont Touring, mais aussi les autres formations politiques qui sont sévères avec ce projet. En particulier, les critiques visent surtout le côté social de la décision. Et c’est bien légitime. Car quiconque achète aujourd’hui une voiture neuve qui répond aux normes les plus strictes (Euro 6d et bientôt Euro 7) ne pourra vraisemblablement plus l’utiliser en ville d’ici 8 ans si elle est Diesel et d’ici 12 ans si elle fonctionne à l’essence.

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Quel impact ?

Si l’on en croit l’Agence flamande pour l’Environnement, les effets des LEZ sont positifs, notamment à Anvers où la qualité de l’air se serait améliorée alors que la ville est enserrée par ses activités portuaires. On peut toutefois douter d’une telle affirmation, car il faut se souvenir que Gand ne présente pas les mêmes résultats. En effet, dans la ville de Flandre orientale, les mesures ne permettent pas de dire si amélioration il y a eu, bien que les autorités pensent que c’est le cas, car de moins en moins de voitures Diesel sont en circulation.

On peut certainement imaginer qu’interdire les anciens modèles dépourvus de norme Euro, ainsi que les Euro 1, 2, 3, 4 ou 5 est bénéfique pour les résidents. En revanche, on est beaucoup plus sceptique avec les voitures modernes, Euro 6d et bientôt Euro 7, dont les niveaux de rejets sont désormais très limités en raison des multiples organes de dépollution. Et on peut se poser la question : ne faudrait-il pas aussi se pencher sur le chauffage domestique ou des entreprises qui est, lui, totalement dépourvu de filtres ou de système de réduction des polluants atmosphériques. Il est étonnant de voir à quel point cet aspect est négligé alors qu’il pèse pourtant autant en émissions de CO2 que le secteur des transports et qu’il est la première source de pollution atmosphérique, devant les transports.

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Une question d’équité

Dans le contexte actuel, on se demande quel est l’objectif du gouvernement ? Celui-ci semble ne plus envisager que les objectifs climatiques, et ce sans plus aucune considération sociale ou du citoyen. Car les moyens des consommateurs sont de plus en plus réduits avec les crises économiques successives. Celui-ci a donc aujourd’hui d’autres préoccupations – celles de manger et de se chauffer notamment – avant celui d’acquérir une nouvelle voiture dont le prix a d’ailleurs lui aussi explosé.

Et encore, on ne parle que des voitures thermiques, car les voitures électriques restent pour l’heure inaccessibles au plus grand nombre. Certains industriels ont beau dire que d’ici quelques années, les prix des voitures électriques seront identiques à ceux des thermiques. Sauf qu’on n’a pas vraiment dit comment tout cela allait se dérouler : est-ce que ce seront les prix des voitures électriques qui diminueront et rejoindront ceux des voitures thermiques ? Ou l’inverse ? À l’heure actuelle, on ne peut jurer de rien.

 

Une obsolescence programmée ?

Le gouvernement flamand joue un drôle de jeu, car alors que les autorités légifèrent souvent pour protéger le consommateur, c’est le contre-pied total de cette approche qui se produit ici puisque les voitures Euro 6d (et Euro 7 demain) seront de facto obsolètes dès 2031 ou 2035 selon le type de carburant. Comme Touring l’a indiqué, il ne s’agit de rien d’autre que d’obsolescence programmée… par le gouvernement ! Celles-ci pourront donc être envoyées à la casse alors qu’on sait pertinemment bien que la voiture qui pollue le moins est celle qui justement n’est pas consommée. Mme l’argument écologique du gouvernement ne tient pas !

En agissant de la sorte, le gouvernement flamand n’œuvre pas pour le climat, mais agit au détriment de sa population qui perdra à la fois en mobilité et en capacités financières. Car il est évident que ce ne sont pas les transports publics qui se profileront comme une solution : tranches horaires insuffisantes, maillage défaillant, tarifs en constante augmentation, etc.

On sait que le marché du transport individuel perdurera dans les années qui viennent, tout simplement parce qu’il n’existe pas d’alternative. Et c’est bien compréhensible puisque notre société s’est développée tout entière autour de l’automobile depuis une centaine d’années maintenant. Même si un autre modèle peut être plus vertueux, on ne changera donc pas le monde en une décennie.

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La Belgique et l’électrique pas prêts

Ces interdictions ou restrictions sont d’autant moins défendables aujourd’hui que le marché pour la voiture électrique et tout l’écosystème nécessaire à son fonctionnement ne sont pas prêts. En effet, outre un prix trop élevé à l’achat, la voiture électrique manque de bornes de recharge, mais aussi d’un réseau électrique suffisamment robuste ou de sources d’approvisionnement en suffisance – il suffit d’observer la saga nucléaire dans notre pays pour s’en convaincre.

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Aujourd’hui encore, la voiture électrique est balbutiante et, bien que ses ventes croissent sous l’effet de la fiscalité (voitures de société notamment), elle ne sera pas suffisamment présente d’ici 8 ou 10 ans pour combler toutes les attentes. D’autant qu’il est attendu par les autorités que la voiture électrique dure plus dans le temps que son homologue thermique pour d’évidentes raisons écologiques – encore une fois, la voiture qui pollue le moins est celle qui n’est pas remplacée ou moins fréquemment. En outre, aujourd’hui, 97% des voitures achetées par des particuliers sont essence et Diesel. Il sera donc matériellement impossible de remplacer ces automobiles dans le laps de temps imparti.

Que le gouvernement veuille donner l’exemple est une très bonne chose dans l’absolu. Mais qu’il impose des décisions sans concertation et, surtout, sans considération pour la population qu’il gouverne en est une autre qui n’est pas du tout défendable. Mais comme trop souvent, le problème est pris à l’envers. Et personne ne dresse une analyse de la situation et ne considère le processus à mettre en œuvre pour atteindre les objectifs en accompagnant la nécessaire transition. Ce manque d’analyse pourrait être grandement préjudiciable à beaucoup de concitoyens, mais aussi aux politiques qui pourront être sanctionnés dès 2024 dans l’isoloir. De nombreuses voix s’élèvent d’ailleurs pour prévenir de cela. Les politiques l’entendront-ils ou resteront-ils cloîtrés dans leur tour d’ivoire ?

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