Si l’Europe travaille à sa réindustrialisation, elle doit aussi s’affranchir de sa dépendance aux hydrocarbures, mais aussi à certaines matières premières. C’est particulièrement le cas dans le secteur automobile où l’accès au lithium, minerai essentiel à la production des batteries, constitue un enjeu essentiel pour l’avenir de l’industrie, de l’économie, de la mobilité et, évidemment, de la qualité de vie des citoyens européens.
Avec la mort programmée des voitures thermiques d’ici 2035, voir avant dans certaines régions comme la Flandre (2029), les besoins en lithium sont évidemment énormes alors que les capacités de production sont limitées. Or jusqu’ici, le lithium provient d’autres régions du monde, telles que la Chine, mais aussi l’Amérique du Sud ou encore l’Australie. Tapissée de nombreux constructeurs, l’Europe est donc en situation de dépendance et les industriels n’ont d’autre choix que de subir les variations de plus en plus brutales des prix sur les marchés de ce minerai essentiel.
Une mine en France
Cette situation à la fois inconfortable et intenable sur le long terme pousse aujourd’hui des industriels ainsi que les autorités à prendre des initiatives et à envisager l’ouverture de mines de lithium en Europe, car le lithium n’est pas rare et le sol européen en regorge. Par exemple, 10% du territoire portugais est garni de lithium et c’est ce qui explique que des initiatives naissent dans cette région, à la fois pour l’extraction, mais aussi pour le raffinage.
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Aujourd’hui, on apprend que c’est la France qui va franchir le pas pour un projet qui est, disons-le tout de go, colossal. D’ici 2027, le projet « Emili » annoncé par le groupe français de minéraux industriels Imerys verra le jour au cœur du Massif central (Auvergne, près de Clermont-Ferrand). Il faut souligner que la prospection a été fulgurante : il n’aura fallu que 18 mois de sondages pour confirmer l’intérêt économique de la mine.
Le deuxième plus important d’Europe
En Europe, on compte une dizaine de projets d’exploitation de lithium, mais celui d’Imerys s’érige comme le deuxième d’importance derrière celui de Vulcan en Allemagne et basé sur l’exploitation de saumures en Rhénanie. Dans le Massif central, les projections sont enthousiasmantes, car la teneur en lithium du sol est étonnamment élevée, ce qui laisse avec l’espoir de disposer d’un gisement d’un million de tonnes d’oxyde de lithium, soit beaucoup plus que ce qui était estimé initialement (320.000 tonnes). La concentration serait de l’ordre de 0,9 à 1%, c’est-à-dire qu’il serait nécessaire d’extraire 100 tonnes de roche pour extraire une tonne de lithium.
Théoriquement, la mine française pourrait produire 34.000 tonnes d’hydroxyde de lithium par an dès 2028, et ce pour une durée d’au moins vingt-cinq ans – voire de 30 à 35 ans, mais des études sont encore en cours –, ce qui permettrait d’équiper en batteries environ 700.000 véhicules électriques par an.
Ce projet est d’importance pour l’industrie automobile européenne, car la production actuelle de lithium est plafonnée à 450.000 tonnes annuelles alors que la demande est plus élevée et qu’elle devrait être multipliée par 40 à l’horizon 2040 selon l’Agence internationale de l’Énergie (AIE). A priori, le projet devrait aussi créer 1.000 jobs directs et indirects tandis qu’il ne défigurerait pas le paysage en raison d’une exploitation exclusivement souterraine. Autre aspect environnemental important : l’extraction en France ne génèrerait que 8 kg de CO2 par tonne de lithium, contre 16 à 20 kg en Australie et Chine. De rendre la voiture électrique plus propre encore.
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