Électrique

Le nouveau modèle économique pour les bornes de recharge en Belgique

Depuis le 1er janvier 2024, il existe un nouveau modèle de rémunération pour les stations de recharge en Belgique. La transposition d’une directive européenne permet en effet aux propriétaires de vendre ce que l’on appelle des « e-crédits » par l’intermédiaire d’un registre. Les ministres Georges Gilkinet et Tinne Van der Straeten expliquent le fonctionnement de ce nouveau dispositif et pourquoi il s’agit d’une avancée.

Robin Van den Bogaert | Publié le 1 févr. 2024 | Temps de lecture : 10 min

Pour stimuler le déploiement en Belgique du réseau public de recharge pour les voitures électriques, le gouvernement fédéral a mis au point un dispositif de e-crédits. Pour la Belgique, il s’agit simplement d’une transposition de la directive européenne concernant les énergies renouvelables (RED II) qui oblige les États membres à rendre leurs carburants plus écologiques. D’année en année, les obligations deviennent évidemment plus strictes. Très concrètement, la Belgique doit atteindre 14% de carburants renouvelables d’ici 2030, contre 10% actuellement.

Jusqu’à présent, ce sont biocarburants qui ont permis d’atteindre cet objectif, mais cette méthode de mélange des carburants n’est en fait pas idéale. « Ces biocarburants de première génération posaient un problème, car ils sont en concurrence directe avec les denrées alimentaires. Or, il semble évident que la nourriture n’a pas sa place dans le réservoir, mais bien dans l’assiette. En collaboration avec le ministre de la Mobilité, M. Gilkinet [Ecolo], j’ai donc élaboré un dispositif visant à diminuer progressivement la part des biocarburants de première génération à 2,5% d’ici 2030. Les huiles de palme et de soja sont déjà interdites dans les biocarburants depuis 2023 », a indiqué la ministre de l’Énergie, Tinne Van der Straeten (Groen). Les biocarburants de deuxième génération (à base de fibres ou de graisse de frites usagée par exemple) sont par contre toujours autorisés.

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« Il ne faut pas sous-estimer les tensions croissantes sur les marchés pour les matières premières. En Belgique, nous avons pris l’initiative de limiter les graisses animales de catégorie 3 – ndlr, les produits d’origine animale qui ne sont plus propres à la consommation. En effet, il s’agit également de matières premières utilisées pour les cosmétiques et le savon, des secteurs qui souffriraient des pénuries de matières premières si on autorisait les biocarburants », a encore expliqué Tinne Van der Straeten. « Nous avons donc modifié la définition des carburants durables. Notre agriculture doit servir à nourrir nos citoyens. Nous avons utilisé ce texte législatif pour un avenir plus durable et la protection de la biodiversité », confirme Georges Gilkinet.

Registre

Avec moins de biocarburants, on se demande toutefois comment la Belgique pourra atteindre ses objectifs en matière de carburants renouvelables ? Et il y a une réponse. Pour cela, les ministres comptent sur l’hydrogène vert et, surtout, sur l’électricité. Les fournisseurs de carburants doivent enregistrer via un registre électronique tenu par le SPF Économie les volumes de carburants renouvelables qu’ils mettent sur le marché, un système qui inclut les recharges pour les voitures électriques. Les volumes enregistrés de carburants renouvelables ou d’électricité sont ensuite convertis en unités d’énergie (ou e-crédits) qui peuvent être échangées sur le marché. Cela crée un nouvel espace d’échanges économiques et une nouvelle source de revenus pour l’infrastructure de recharge dans notre pays.

« Nous avons trouvé un nouveau moyen de financer l’électrification. Les fournisseurs de carburant qui vendent des produits fossiles (gaz, Diesel ou essence) contribueront à financer des modes de déplacement plus durables grâce à ce registre. La Belgique en a besoin, car nous devons renforcer notre réseau de recharge. On a souvent l’impression que l’Union européenne est loin des citoyens, mais avec cette transposition, nous montrons que l’Europe peut être utile. Je pense que nous faisons ici un grand pas en avant, tant en termes d’énergie que de mobilité”, estime le ministre de la Mobilité, Georges Gilkinet.

Laadpalen e-credits

Combien cela va-t-il rapporter ?

EV Belgium, la fédération promouvant la mobilité électrique, se réjouit naturellement de l’arrivée de ce nouveau dispositif et de ce registre. « La verdurisation du parc automobile belge progresse très rapidement grâce aux voitures de société. Nous passons d’un peu moins de 200.000 voitures électriques au 1er janvier de cette année à près de 400.000 d’ici la fin de l’année », explique Jochen De Smet, président d’EV Belgium. Et il ajoute : « les 150 membres d’EV Belgium investissent énormément dans la transition, qui nécessite des budgets importants. Cette législation arrive à point nommé pour rendre la transition possible. La vente de crédits électroniques ou e-credits constituera un nouvel intérêt économique pour les entreprises qui exploitent des stations de recharge. »

Ce sont les propriétaires de stations de recharge (semi-)publiques qui collecteront des e-crédits lors des sessions de recharge. Ils pourront ensuite les revendre aux fournisseurs de carburant. Mais combien cela rapportera-t-il ? « En Belgique, nous ne le savons pas encore, car les forces du marché n’ont pas encore émergé. Mais ce dispositif est déjà appliqué aux Pays-Bas, en France et en Allemagne. On y trouve des incitations de 2 à 8 eurocents/kWh en faveur de l’exploitant. En Belgique, il existe aujourd’hui environ 50.000 points de recharge (semi-)publics, un nombre qui a doublé en un an. Actuellement, nous tablons sur un rendement de 6 à 6,5 eurocents/kWh. »

Incitation

« L’administration a réussi à faire en sorte que le système soit prêt pour le 1er janvier 2024.  Le registre est une incitation à poursuivre le développement de l’infrastructure de recharge publique. L’infrastructure de recharge – je conduis une voiture électrique et je ne peux pas la recharger à domicile – constitue toujours un problème. C’est pourquoi nous essayons de combiner les différents défis », explique Tinne Van der Straeten. « Le dispositif fonctionne aussi pour l’électricité des trains. Cela signifie que des budgets peuvent également être dégagés pour la SNCB et Infrabel, qui peuvent ensuite être redéployés ensuite pour des investissements relatifs à l’énergie. Grâce au transport, nous donnons un coup de pouce à l’énergie et grâce à l’énergie, nous donnons un coup de pouce à la mobilité. »

S’améliorer continuellement

Selon EV Belgium, il y a encore beaucoup à faire pour parvenir à une vraie transition. « Nous devons continuer à investir dans l’infrastructure de recharge publique, dans toutes les régions. La Flandre, Bruxelles et la Wallonie n’évoluent pas au même rythme. Le gouvernement devrait également alléger la facture d’électricité et s’occuper plus sérieusement des combustibles fossiles. Il est préférable de transférer une partie de la facture d’électricité au budget général ou de le mettre sur l’ardoise des combustibles fossiles. La facture d’électricité est aujourd’hui la plus verte », estime Jochen De Smet.

Le ministre Van der Straeten laisse la porte ouverte à une future extension du registre, officiellement inauguré sur une station de recharge DATS 24 sur le parking Colruyt à Overijse : « nous laissons le registre prendre son envol. Bien entendu, il fera l’objet d’un suivi approfondi et sera adapté si nécessaire. » Peut-être un nouveau sujet de débat pour la future coalition ?

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