ESSAI Tesla Model Y (2025) : plus qu’un simple lif...

En 2020, Tesla lançait avec le Model Y, un SUV compact destiné à rendre la marque plus accessible aux côtés du Model 3. Les Model S et X restent en effet hors de portée pour de nombreux conducteurs en raison de leur taille et de leur prix. Et on peut dire que le pari a été réussi : en 2023, le Model Y devenait de manière aussi inédite qu’inattendue la voiture la plus vendue au monde tandis qu’elle prenait aussi la tête du classement en Europe.

Cela dit, un succès passé ne garantit forcément pas l’avenir. Et ça, Tesla en fait actuellement l’expérience. Ces derniers mois, les ventes se sont effondrées, laissant le champ libre au Toyota RAV4 pour reprendre la première place mondiale. Il y a plusieurs explications à cette situation : premièrement, la concurrence sur le marché des véhicules électriques s’est intensifiée et deuxièmement, un creux commercial en fin de cycle de vie n’est pas anormal, d’autant que le nouveau Model Y n’était au départ disponible que dans des versions de lancement plus coûteuses (Long Range AWD Launch Series). Enfin, troisièmement, les frasques d’Elon Musk, le patron de la marque, ont aussi contribué à accentuer la spirale négative.

Nouveau look

Mais Tesla tente aujourd’hui de sortir de l’impasse. Après le restylage « Highland » du Model 3, c’est au tour du Model Y de recevoir une mise à jour, baptisée, elle, Juniper. Il ne s’agit bien évidemment pas d’un nouveau modèle, mais d’un lifting relativement profond et destiné à améliorer une voiture qui, avons-le, est déjà convaincante. En termes de dimensions, seule la longueur évolue (+3,9 cm), résultant du nouveau design.

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Les nouvelles bandes lumineuses avant et arrière s’inspirent du Cybertruck et du plus récent Cybercab. À l’avant, on trouve des optiques adaptatives intégrées tandis qu’à l’arrière, un bandeau LED traversant sur toute la largeur du véhicule présente une technologie lumineuse indirecte par réflexion sur les éléments décoratifs. La nuit, l’effet est garanti ! avec une lumière indirecte réfléchie projetée sur un élément décoratif : un effet réussi une fois la nuit tombée. Certes, le design est une affaire très personnelle, mais il faut tout de même souligner que cette refonte de la carrosserie donne enfin une identité propre au Model Y au sein de la gamme. De ce fait, il ressemble moins à un dérivé du Model 3.

Technologie connue

Le Model Y Juniper se décline en trois versions : une d’entrée de gamme propulsion (500 km d’autonomie), une Long Range aussi propulsion (622 km – modèle de notre essai) et une Long Range à transmission intégrale (586 km). La version d’accès reçoit une batterie LFP (62,5 kWh, un petit gain), tandis que les versions Long Range (propulsion et 4x4) profitent d’un pack NMC de plus grande capacité (78,4 kWh). Techniquement, ce n’est pas la révolution : le Model Y conserve son architecture 400 V, alors que de plus en plus de concurrents adoptent un réseau à 800 V. Ce qui signifie qu’il ne faut pas non plus espérer des fonctionnalités du type « vehicle-to-load ».

Les packs de batterie évoluent très légèrement. Mais l’autonomie supplémentaire (22 km de plus pour la version Long Range RWD) résulte surtout des efforts des aérodynamiciens portés sur la carrosserie, ainsi qu’aux nouvelles jantes mieux profilées et au choix de pneus à faible résistance au roulement. Étrangement, certains équipements dépendent étroitement de la motorisation : seul le modèle AWD est équipé de 15 haut-parleurs et d’un caisson de basses (contre 9 sur les autres modèles) ou d’une finition singulière pour les portes. Quelle est la logique ?

Des commandes intuitives

Pour ceux qui connaissent les Model 3 et Y, l’habitacle leur semblera familier. Mais quelques surprises sont à signaler. Cette fois, Tesla n’a pas osé supprimer la manette de clignotants – ce qui avait d’ailleurs suscité de nombreuses critiques sur la Model 3 où cette commande avait été remplacée par des boutons peu ergonomiques sur le volant. En revanche, le sélecteur de transmission à droite du volant a disparu et, désormais, la marche avant ou arrière et la position neutre ou de parking se choisissent en haut à gauche de l’écran tactile, via un balayage ou une pression pour activer le mode « P ». Il faut s’y habituer, mais cela n’est pas rédhibitoire à l’usage. Et si l’écran devait tomber en panne, une commande de secours est prévue sur le ciel de pavillon.

L’écran tactile de 15,4 pouces et son interface restent parmi les meilleurs du marché. Le système est intuitif et particulièrement fluide. L’interface regorge toujours de fonctions amusantes, comme un feu de cheminée, des jeux ou diverses animations lumineuses. Seul reproche : l’absence récurrente de compatibilité avec le protocole Apple CarPlay ou Android Auto. Mais cela s’explique en partie par le fait que Tesla veut garder la main sur les données de navigation, d’où l’absence de ces protocoles. On peut évidemment connecter son smartphone en Bluetooth et le charger par induction. Autre point : il n’y a pas non plus d’affichage tête haute. Anachronique pour un tel véhicule.

Un bon compromis

C’est donc la version Long Range propulsion qui est passée au banc d’essai. Le comportement routier est globalement satisfaisant. Avec ses 299 ch, le Model Y offre des accélérations suffisamment vives au quotidien. La preuve : par rapport au modèle précédent, le SUV gagne même une seconde pleine sur le 0 à 100 km/h (désormais en 5,6 s). La vitesse maximale est par contre réduite à 201 km/h au lieu de 217, mais c’est évidemment sans incidence pour l’utilisation. Le Model Y reste avant tout un SUV familial et certainement pas une voiture destinée à avaler à fond de train l’autobahn.

Là où beaucoup d’électriques dévoilent une suspension trop ferme en raison de leur poids, le Model Y se montre conciliant. Les irrégularités de la route et les joints transversaux sont bien absorbés. Les ingénieurs semblent avoir trouvé un bon compromis, malgré une carrosserie plutôt haute plus exposée au vent traversier. Comme chaque conducteur a ses préférences, l’assistance de direction est réglable. Le freinage, lui, est presque inutile grâce au mode « one pedal drive ».

Un habitacle spacieux et silencieux

La qualité de finition et le choix des matériaux – un point faible du Model Y jusqu’ici – se sont nettement améliorés. Les sièges avant sont désormais ventilés, ce qui est très agréable lors des épisodes caniculaires. Autre ajout qui plaît : les passagers arrière disposent d’un écran tactile de 8 pouces qui s’avère pratique pour regarder des vidéos ou régler la climatisation. L’isolation phonique a également été améliorée, notamment grâce au vitrage acoustique intégral.

Cela dit, c’est surtout l’espace qui impressionne, et ce partout, même pour le coffre. Ce dernier est d’ailleurs complété par un grand frunk qui permet de porter le volume total de chargement à 2.138 litres une fois la banquette arrière rabattue. Des accessoires comme un matelas gonflable ou une glacière parfaitement adaptée au frunk renforcent les qualités fonctionnelles. Moins pratique en revanche est la lunette arrière très étroite qui oblige à se fier aux caméras périphériques.

Attention aux consommations « fantômes »

Même si le Model Y s’avère plutôt économe – moyenne de 13 kWh/100 km en conduite douce –, nous nous sommes retrouvés plus vite que prévu à la borne de recharge – les Superchargers Tesla sont en outre très faciles à utiliser. La recharge peut aller jusqu’à 250 kW et il n’a fallu 32 minutes pour passer de 12 à 80%. Un temps suffisant d’ailleurs pour se plonger dans les détails des consommations et constater que celles-ci pouvaient être supérieures à ce qui était imaginé.

En effet, sur notre parcours, 58,7% de la batterie avait été utilisée pour la conduite (dont 12,3% par la climatisation) et... 27,9% alors que la voiture était à l’arrêt. Le principal coupable ? Le mode Sentinelle (Sentry Mode) qui a consommé à lui seul 26,1% de notre réserve d’énergie. Ce mode surveille en permanence les alentours via les caméras (contre les actes de vandalisme, par exemple) et enregistre les événements. Tant qu’il est actif, la voiture ne passe donc pas en mode veille profonde. Résultat : on peut perdre entre 50 et 80 km d’autonomie par jour. Il est donc conseillé de désactiver cette fonction au moins dans les endroits sûrs, comme chez soi (c’est du reste paramétrable). Dans la pratique, on peut d’ailleurs compter sur une autonomie réelle d’environ 450 km.

Conclusion

Le Tesla Model Y restylé reste fidèle à la recette qui a fait son succès. La mise à jour « Juniper » n’apporte aucune révolution, mais un design plus moderne, un petit gain d’autonomie et une meilleure insonorisation. Et si on ajoute la qualité de l’infodivertissement, le confort de conduite et l’efficacité globale, on se dit que le Model Y reste très compétitif. Pour 50.990 euros (version Long Range RWD), on dispose en effet d’un SUV familial très spacieux. Reste à savoir s’il pourra résister à une concurrence plus récente et technologiquement mieux armée.

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