ESSAI Mazda3 : Beauté assumée

Dans un monde idéal, l’arrivée de la nouvelle Mazda3 marquerait un tournant dans l’automobile contemporaine. Dans ce monde idéal, elle nous rappellerait qu’à la base, on n’aime pas l’automobile avec sa raison, mais avec ses tripes.

8 / 10
Publié le 6 mars 2019
Temps de lecture : 6 min

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ESSAI Mazda3 : Beauté assumée

A la base, on devrait aimer une automobile – et même l’automobile en général – non pas parce qu’elle nous flatte l’ego, ou parce qu’elle est l’affirmation d’un statut social ou fantasmé, ou parce qu’elle nous permet de soi-disant de voir plus loin dans les files, ou encore parce qu’elle “s’adapte à notre style de vie actif”, mais juste parce qu’elle est belle. Simplement belle. Réellement belle.

Du travail

Vous me direz qu’il y a des tas de belles voitures sur le marché, mais je me permettrai de partiellement vous contredire. Oui, il y a des voitures, qui ont de l’allure, de la gueule, du charisme. Mais demandons-nous ce que veut dire “belle”. Réfléchissez à ceci : dans la plupart des cas, les voitures actuelles ne sont-elles pas “belles” parce qu’elles sont impressionnantes de par leur simple appartenance à une marque de luxe ? Ou parce que leur look reflète les performances dont elles sont capables ? Bon, je ne vais pas, moi qui tire souvent en longueur le chapitre du look, nier le pouvoir de séduction indiscutable d’un certain nombre de voitures. Mais les voitures, c’est comme les gens : on peut être séduisant sans être franchement beau. Or aujourd’hui, en me fichant royalement de ne pas discuter les goûts et les couleurs, je le dis : la Mazda3 est belle.

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Sincèrement, passez en revue toutes les voitures actuellement en concessions. Combien y en a-t-il qui font preuve d’un tel travail de design ? Car le vrai travail de design, ce n’est pas ajouter un trait ici et un trait là pour donner du caractère à une bagnole. C’est le contraire. C’est chercher à offrir des surfaces à la fois pures et riches en effets. C’est les plus belles heures de Pininfarina ou de Touring. C’est des courbes et de la sensualité. Après réflexion, pouvez-vous citer une voiture, à part les récentes Aston Martin, qui puisse revendiquer une telle pureté du dessin, une telle capacité à capter la lumière pour jouer avec elle ? Et si vous en avez trouvé une, est-elle du segment des compactes ? C’est bien ce qu’il me semblait…

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Le prix à payer

Contrairement à ce que les constructeurs tentent trop souvent de nous faire avaler, on ne peut pas avoir le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la crémière. A chaque présentation, on y a droit : sportive et confortable, belle et pratique, tout cela sans le moindre compromis. Faux. Le compromis est inévitable et ça aussi, la Mazda3 nous le rappelle. Dans notre numéro de janvier dernier, nous vous parlions déjà de la 3, que nous venions de découvrir au Salon de Los Angeles. Nous citions alors Jo Stenuit, le designer belge de la voiture, qui, interrogé sur les quelques lacunes pratiques de la voiture, répondait du tac au tac : “Vous voulez une voiture pratique ? Achetez une Golf.” C’est aussi un aveu pleinement assumé : en effet, la Mazda3 est loin d’être la plus pratique des compactes. Etant 20 cm plus longue qu’une Golf, elle est déjà plus encombrante que le moyenne. Mais son coffre est pourtant 25 litres plus petit, et l’espace aux jambes aux places arrière est plutôt en-dessous de la moyenne. Les adultes devront d’ailleurs faire gaffe à la tête en s’y installant, pour cause de ligne de toit plongeante réduisant l’ouverture de portière.

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On peut aussi parler de la planche de bord, probablement l’une des plus belles créées par Mazda, mais sur laquelle les ouïes de ventilations ne sont pas idéalement positionnées, empêchant d’avoir un bon flux d’air au visage quand on en a envie. Et ne parlons pas de la visibilité ¾ arrière… Est-ce que tout cela est rédhibitoire ? Non, pas pour quelqu’un qui aime une belle voiture, et qui sait que le compromis mène à la banalité. Mais bon, chacun ‘fait fait fait’ ce qui lui plait ‘plait plait’…

En attendant le Skyactiv-X

Après ce très long hommage à la beauté de la Mazda3, venons-en au côté technique. La voiture a tous les équipements d’info-divertissement, bla bla, connectée, bla bla, freinage d’urgence et aide active au maintien de voie, blabla. Ca, c’est fait.

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Sous le capot, on n’a pour le moment que deux choix : 2.0 essence atmo de 122 chevaux, ou 1.8 turbodiesel de 116 chevaux, tous associables à une boîte manuelle 6 ou automatique (classique), 6 également. Ca ne fait pas beaucoup de choix, et ça ne fait pas non plus beaucoup de puissance. Mais… y a moyen de moyenner.

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Si c’est avant tout l’agrément qu’on recherche, n’importe lequel des moteurs associé à la boîte auto fera l’affaire, même si cette boîte manque un peu de finesse et de rapidité d’action. Le vrai “problème” de cette boîte est qu’elle a tendance à museler les moteurs, qui se révèlent avec la boîte manuelle. Le 2.0 essence affiche une élasticité peu commune à bas régime – ce qui est aussi bon pour l’agrément au quotidien – mais il faut l’essorer à l’ancienne, à partir de 4.000 tr/min, pour qu’il montre ce qu’il a. Avec son turbo et ses 270 Nm délivrés dès 1.600 tr/min, le diesel est finalement plus énergique en conduite active, et c’est avec lui qu’on apprécie le mieux le remarquable châssis, son efficacité, sa précision, et son réel dynamisme. Quand on sait y faire, la voiture se place joliment sur les freins, et on peut jouer avec le train arrière.

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On ne va toutefois pas se mentir, ces deux moteurs qui privilégient les valeurs de conso et d’émissions ont un goût de trop peu pour les conducteurs les plus enthousiastes. Ceux-là n’ont qu’à passer leur chemin ? Non, ils n’ont qu’à patienter. D’ici quelques mois, la Mazda3 recevra le Skyactiv-X. Annoncé à 190 chevaux, ce moteur sera le premier au monde à associer les technologies essence et diesel. Pour schématiser, cela signifie que selon les circonstances, le mélange de carburant sera allumé par la bougie, ou par simple compression. C’est révolutionnaire, et cela promet à la fois performances et émissions jamais vues pour un moteur non hybride. Hâte d’essayer ça !

Conclusion

En dehors d’un châssis encore plus dynamique, la nouvelle 3 a pour elle la beauté. Dans un monde idéal, ce rejet réel et audacieux du compromis serait récompensé par le public, et ferait des émules. Nous comptons sur vous.

La Mazda3 Skyactiv-D 1.8 en quelques chiffres

Moteur : 4 cylindres turbo diesel, 1.759cc ; 116ch à 4.000tr/min ; 270Nm de 1.600 à 2.600tr/min.

Transmission : aux roues avant

Boîte : manuelle 6 rapports

L/l/h (mm) : 4.460/1.795/1.435

Poids à vide (kg): 1.340

Volume du coffre (l) : 358 – 1.026

Réservoir (l) : 51

0 à 100 km/h (sec.) : 10,3

Prix : 25.490 € TVAC

V-max : 194 km/h

Conso mixte : 5,0 l/100 km (WLTP)

CO2 : 131g/km (WLTP)

Autre motorisation

Skyactiv-G 2.0 : 122ch ; 5,1 l/100 km ; 197 km/h ; 23.990 € TVAC

Qualités
  • Beauté
  • Châssis volontiers dynamiques
  • Moteurs très sobres…
Défauts
  • … mais au goût de trop peu pour les plus exigeants
  • Habitabilité arrière, coffre
  • Détails pratiques

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Par Laurent Zilli Professionnel indépendant de la rédaction et de l'édition

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