Ces derniers mois, le secteur automobile belge a connu de nouveaux remous. Et pas uniquement du côté des ventes, toujours mauvaises, mais avec la fermeture d’un énième site d’assemblage, celui d’Audi Brussels. En difficulté, le groupe Volkswagen a décidé de faire des économies et de privilégier d’autres sites de production moins chers (surtout pour la main-d’œuvre) pour ses véhicules. Mauvaise nouvelle pour la Belgique, car ce sont 3.000 emplois directs qui sont perdus, sans compter les centaines d’autres chez les sous-traitants. Un scénario qui rappelle trop ceux de Renault, Opel ou Ford. Il ne reste plus aujourd’hui qu’une seule usine automobile en Belgique, celle de Volvo à Gand.
Des pistes de reconversion ont été explorées et plusieurs industriels étaient venus visiter le site. Avec les besoins d’expansion chinois, on pensait que l’outil intéresserait un constructeur de l’empire du Milieu – Nio avait été cité, mais à tort. Et les dernières informations donnaient à penser que le site allait être morcelé en parcelles, elles-mêmes dévolues à des activités de nature très différente. Mais ce ne sera peut-être pas le cas. Car les ambitions de réarmement pourraient en réalité apporter une activité inattendue sur l’ancien site d’Audi Brussels.
Des blindés légers
En effet, le groupe industriel belge John Cockerill envisage d'y implanter une chaîne de montage de véhicules militaires, notamment des blindés légers et des engins anti-drones. Cette initiative s'inscrit dans le cadre des efforts du gouvernement belge et de l'Europe pour relancer l'industrie de la défense, suite à la remise en cause de l'engagement américain au sein de l'OTAN et à l'arrêt brutal de l'aide militaire de Washington à l'Ukraine.

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Dans ce contexte, John Cockerill, qui a récemment repris le constructeur français de véhicules militaires Arquus, examine la faisabilité de cette transformation en collaboration avec la Défense et d'autres partenaires. L'objectif serait de relancer une capacité de production sur le sol belge, en lien avec les demandes de la Défense, de l'Ukraine et des alliés.
Le ministre belge de la Défense, Theo Francken (N-VA), a rapidement exprimé son souhait de transformer le site en une usine dédiée au secteur de la défense. Cependant, la réussite de ce projet dépendra de la direction d'Audi et des entreprises d'armement, ainsi que du soutien éventuel des autorités publiques.
Des points de blocage ?
Le dossier ne sera toutefois pas simple à concrétiser. Car il implique différents niveaux de pouvoir, dont la Région bruxelloise, actuellement sans exécutif de plein exercice. Et il y a déjà des résistances : le bourgmestre de Forest, Charles Spapens (PS), a rejeté l’idée d’une usine d’armement sur son territoire, craignant un risque sécuritaire. De plus, le constructeur allemand Audi attend aussi une consultation avec le Premier ministre Bart De Wever qui aura lieu la semaine prochaine, car des accords sur une reconversion ont déjà été conclus avec le gouvernement précédent.

Si le dossier se concrétise, l'usine Audi de Forest pourrait ainsi devenir un symbole de renouveau et d'innovation dans le secteur de la défense tandis que plusieurs dizaines d’anciens travailleurs pourraient retrouver un emploi en lien avec leur précédent métier, même si ce n’est certes pas tout à fait le même.
La reconversion des anciennes usines automobiles en Belgique est souvent un processus long et complexe. L'ancienne usine Opel d'Anvers a vu le morcellement du site, tout comme celle de Genk dans le Limbourg (Ford). Et l'usine Fiat à Waterloo abrite aujourd'hui un magasin de fitness. Ces transformations montrent que les reconversions sont possibles, mais elles nécessitent du temps et des investissements considérables. Mais si le projet avec John Cockerill se concrétise, il démontrera qu’une reconversion peut être rapide.
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