Retour des subventions pour les voitures électriques en Allemagne pour sauver l’industrie ?

Face à une chute vertigineuse des ventes de voitures électriques, le gouvernement allemand réagit avec une série d’allégements fiscaux après avoir, rappelons-le, supprimé toutes les aides fin 2023. Car la situation inquiète : en août, les immatriculations des voitures électriques ont baissé de près de 70%. Ces mesures visent à relancer le marché et, avec lui, sauver l’industrie allemande qui est en difficulté. Mais l’efficacité de ces mesures soulève des interrogations des experts.

Publié le 9 septembre 2024
Temps de lecture : 4 min

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Retour des subventions pour les voitures électriques en Allemagne pour sauver l’industrie ?

L’industrie automobile allemande est en grande difficulté. C’est le moins que l’on puisse dire. La suppression brutale de la prime à l’achat à la fin de l’année 2023 a provoqué un effondrement des ventes de voitures électriques. Les récentes statistiques continuent d’en témoigner : en août, les immatriculations de véhicules à accumulateur ont chuté de -68,8% par rapport à l’année précédente. La situation est donc délicate, d’autant que cette crise s’étend bien au-delà de la voiture électrique, avec une baisse des ventes des hybrides (-1,5%), des véhicules à essence (-7,4%), et, bien évidemment, des Diesel (-24,4%).

La suppression des subventions, autrefois un levier majeur pour stimuler la demande, a laissé un vide que le gouvernement va tenter désormais de combler par des allégements fiscaux ciblés, malgré le fait que les autorités allemandes manquent de budget – c’était la raison de la suppression des aides il y a quelques mois. Ces mesures s’adressent principalement aux entreprises, mais aussi aux salariés bénéficiant de véhicules de fonction, avec l’espoir de relancer un secteur essentiel à l’économie allemande.

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Des allégements fiscaux

Deux nouvelles mesures fiscales ont été adoptées. La première permet aux entreprises de bénéficier d’un amortissement fiscal plus avantageux. Elles pourront déduire jusqu’à 40% de la valeur du véhicule la première année, un avantage significatif qui diminue progressivement pour atteindre 6% à partir de la sixième année. Pas mal, même si on est encore loin de ce que l’État belge permet (100%).

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Par ailleurs, pour inciter les salariés à opter pour des voitures électriques de fonction, le plafond de prix des véhicules éligibles aux allégements fiscaux a été relevé. Ce montant passe de 70.000 à 95.000 euros, favorisant ainsi l’acquisition de véhicules de luxe, notamment chez les marques prestigieuses comme Mercedes, Audi et BMW qui peinent à écouler leurs modèles. Ces initiatives, saluées par la Fédération de l’industrie automobile allemande, étaient attendues depuis plusieurs mois.

Une réponse à l’urgence surtout économique

Si ces mesures ne visent à sauver un marché en pleine débâcle, elles s’inscrivent aussi dans un contexte plus large. L’Union européenne durcit ses règles en matière d’émissions de CO2 d’ici 2025, mettant ainsi la pression sur les constructeurs automobiles. Les entreprises doivent impérativement augmenter leurs ventes de modèles électriques pour éviter des sanctions financières importantes. En agissant de la sorte, le gouvernement de Scholz espère faire coup double : relancer les ventes d’électriques, mais aussi éviter à ses constructeurs ces fortes amendes.

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Un coût colossal

Selon les projections financières, ces mesures fiscales entraîneront un manque à gagner fiscal de 585 millions d’euros en 2025, un montant qui pourrait atteindre 680 millions d’ici 2028. Et le pire, c’est que ces dépenses ne pourraient pas suffire. De nombreux experts restent sceptiques quant à l’impact réel de ces mesures qui ne seraient pas suffisantes. Car les voitures de société représentent en Allemagne qu’environ 50% des ventes. En outre, le budget prévu par le gouvernement serait nettement insuffisant.

La crise de l’industrie allemande est donc bien réelle, comme en témoignent d’ailleurs les récentes déclarations de Volkswagen qui envisage désormais de fermer deux sites en Allemagne pour parvenir à réaliser son plan d’économie de 10 milliards d’euros d’ici à 2026. Il se trouve que les ventes ne sont pas seulement faibles sur le marché intérieur : les carnets de commandes en provenance de l’étranger se tarissent aussi, notamment en raison de l’augmentation de la concurrence avec les constructeurs chinois et Tesla (qui casse les prix à échéances régulières). Il semble dès lors que des mesures passagères ne soient pas suffisantes. C’est le secteur tout entier de l’automobile allemande qui doit repenser son modèle économique et sa compétitivité.

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Par David Leclercq Rédacteur automobile

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