La transition vers la voiture électrique n’est pas un long fleuve tranquille. Certes, avec le durcissement des législations et la perspective de l’arrêt des ventes des nouvelles voitures thermiques en 2035, les ventes de voitures électriques ne cessent de croître. L’année 2023 est d’ailleurs particulièrement faste avec une part de marché en Europe qui atteint plus de 15%, soit 5 points de plus que l’an dernier. Autre signe des temps : il se vend désormais plus de nouvelles voitures électriques que de Diesel.
Cela dit, au-delà de cette apparente euphorie, la situation n’est pas aussi reluisante qu’on le croit. Car le secteur fait en effet face à des signaux et des tendances qui sont parfois contradictoires, relève le média spécialisé Automobile Propre.
Une chaîne de valeurs malmenée ?
Il se fait que tous les constructeurs ne sont pas logés à la même enseigne, spécialement les Occidentaux. Car certains modèles qui avaient pourtant bien commencé leur carrière rencontrent aujourd’hui des difficultés, alors que le marché est pourtant demandeur. La faute à qui ? Ou à quoi ? Bonne question à laquelle personne ne semble pouvoir répondre actuellement. Bref, on nage en plein paradoxe qui, s’il perdure, pourrait bien voir de nombreux constructeurs réduire la voilure de l’électrique, ce qui freinerait d’autant la transition.
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Plusieurs exemples peuvent être cités et non des moindres. Ford par exemple qui a lancé tôt une très bonne Mach-E est aujourd’hui en difficulté, car il n’arrive plus à écouler ses exemplaires. Actuellement, Ford se retrouverait avec un stock d’invendus de 10.000 unités. C’est surtout aux USA que les ventes sont en berne alors que le pays octroie pourtant de plantureux subsides : -21% de Mach-E vendus sur le deuxième trimestre de 2023. Un mauvais moment à passer ? On le souhaite, même s’il faut rappeler que Ford n’a pas pris part à la guerre des prix et qu’un Tesla Model Y est affiché à 47.970 euros, soit presque 15.000 euros de moins que le Mach-E…
Le cas du Mach-E n’est pas le seul chez Ford qui propose aussi l’un des seuls pickups électriques du marché avec le F-150 Lightning. Mais pour lui aussi c’est la bérézina : alors que les précommandes (il suffisait de déposer 100 dollars) avaient été un franc succès, de nombreux acheteurs ont renoncé en raison des retards de production.
Les Européens aussi dans la tourmente
Il n’y a pas que Ford qui est confronté à des turbulences. En effet, alors que Mercedes avait lancé en grande pompe son premier électrique, l’EQC, en 2019, le modèle est déjà sorti de production en raison de ventes symboliques. Un échec donc et qui est aussi probablement du à des choix techniques boiteux, comme celui de la puissance de recharge des chargeurs embarqués : 7,4 kW en courant alternatif et seulement 110 kW en courant continu.
Il se fait que les constructeurs occidentaux ont pris trop tard le virage de la voiture électrique. Trop fiers de leurs moteurs thermiques peut-être et pensant que leurs spécialistes du lobbying pourraient retarder les choses, ils ont pris la voiture à batterie à la légère. Et ils le paient aujourd’hui cash. Comme Audi qui, en raison des retards enregistrés par la filiale en charge du développement des logiciels (Cariad), envisage d’acheter ses plates-formes (et probablement un peu du reste aussi) aux Chinois du groupe SAIC.
Cela dit, même les véhicules techniquement à la pointe rencontrent des difficultés. Comme la Taycan de Porsche (recharge à 270 kW tout de même, soit 22 minutes pour passer de 5 à 80% du pack) qui enregistre des ventes en baisse de -6% en 2023, ce qui fait baisser sa part de marché au sein de la gamme (10,2% au lieu de 12,1 auparavant). Et ça, c’est pour l’Europe. Aux States, les ventes de Taycan ont chuté de… -35% !
VW dans la tourmente
Le son de cloche est encore le même chez Volkswagen qui avait été pourtant un des premiers constructeurs européens à adopter une stratégie électrique radicale à la suite du Dieselgate. Cela dit, la gamme électrique est elle aussi à la peine avec notamment l’ID.4 dont les ventes sont inférieures de 30% aux objectifs initiaux. La situation a même obligé Volkswagen à réduire les cadences de production. Pourquoi cette contre-performance ? Selon Volkswagen, la clientèle serait réticente à passer à l’électrique, motorisation qui suscite des inquiétudes.
Nombreux sont les autres constructeurs qui sont aussi dans la tourmente. On pense à Lucid qui concurrence Tesla et qui a du licencier 18% de son personnel. Mais avec des voitures facturées entre 100.000 et 200.000 euros, le business model n’est peut-être pas le plus sûr. Et ce n’est pas tout : Vinfast, Lightyear, Faraday Future, Rivian, Sion, le français Hopium sont aussi en difficulté ou ont déjà mis la clé sous la porte, comme le chinois Byton… Bref, si la voiture électrique s’imposera un jour (plutôt proche d’ailleurs), ce sera non sans avoir mis en grand coup de balai dans les rangs des constructeurs automobiles.
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