Étude : quel marché et quel visage pour l'automobile en 2040 ?

L’industrie automobile est actuellement chamboulée avec une montée en puissance de la Chine et un changement de modèle économique avec la voiture électrique. Les jeux sont-ils pour autant faits ? Ce n’est pas ce que le consultant Roland Berger projette. Pour lui, d’ici 2040, l’Europe pourrait parvenir à inverser la tendance négative actuelle. Voici comment.

Publié le 6 novembre 2024
Temps de lecture : 6 min

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Étude : quel marché et quel visage pour l'automobile en 2040 ?

L’industrie automobile vit un grand chamboulement. Le modèle de la voiture thermique qui a régné pendant des décennies est en train de passer le flambeau à la voiture à batterie qui n’est en réalité pas du tout la même voiture. Car tout doit être repensé : les technologies bien sûr, mais aussi la manière de développer les voitures, de les assembler et même de les vendre ou de les entretenir. En outre, on constate aussi une plus grande différenciation des us et coutumes en fonction des continents. En effet, auparavant, une voiture pouvait avoir une carrière mondiale sans presque être modifiée (pensons à la Ford Mondeo). Mais, là aussi ça change et les marchés automobiles de la Chine, de l'Amérique du Nord, de l'Europe et du Sud s'éloignent l'un de l'autre, ce qui nécessite de nouvelles approches. Bref, c’est un nouveau monde qu’il faut inventer.

Le consultant Roland Berger publie chaque année son étude « Automotive Outlook 2040 » qui traite de l’avenir de l’automobile. Selon lui, le facteur clé réside précisément dans le changement régional des marchés : on s’attend à ce que les volumes augmenteront significativement dans les pays du Sud et en Chine (qui représenteront 60%), mais pas sur les marchés occidentaux qui ont déjà atteint ce qu’on appelle le « pic automobile ». En clair : les véhicules seront certes renouvelés, mais on ne progressera plus en termes de nombre de voitures par habitant. Ça n’empêchera toutefois pas la voiture électrique de se répandre : les analystes indiquent que 70% des nouvelles voitures vendues dans le monde seront électriques (à batterie) d’ici 2040 et, qu’en Europe, cette part pourrait atteindre 90% avec la politique actuelle menée par les autorités de Bruxelles.

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© Audi

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Les Chinois devant ?

Roland Berger s’attend également à ce que la conquête chinoise se poursuive – qui aurait cru l’inverse du reste ? D’ici 2040, les constructeurs automobiles chinois devraient avoir conquis entre 25 à 34% du marché mondial et six des vingt principaux acteurs viendront de l’empire du Milieu. Contrairement, ils ne seront donc pas dans un état de domination total comme certains le craignent.

Mais cela nécessite bien entendu une prise de conscience dès aujourd’hui de la part des acteurs. Roland Berger identifie notamment 4 tendances inéluctables que les industriels doivent absolument saisir pour éviter le frontal avec un mur. D’ici 2040, les industriels devront composer avec une polarisation des marchés, mais aussi son automatisation, son hyperconnexion et, bien entendu, son électrification. Si les trois derniers concepts sont évidents à saisir, la polarisation du secteur signifie comme expliqué plus haut, que les marchés d’Europe, des USA ou du Canada vont probablement stagner ou se contracter légèrement, mais que, compte tenu de leur taille, ils offrent encore une croissance importante. Les croissances les plus fortes sont par contre attendues en Chine, mais aussi en Inde, en Amérique latine et dans d’autres pays du Sud. Selon Roland Berger, entre 2025 et 2040, les volumes de vente mondiaux devraient augmenter globalement de +1,1% par an en moyenne, et ce après avoir connu une croissance de +2,4% par an entre 2010-2019.

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© BYD

La mobilité douce pas dans le coup ?

Chose surprenante dans l’étude : la mobilité partagée prend un coup dans l’aile et, contrairement à il y a quelques mois, on prévoit aujourd’hui qu’elle n’aura qu’un impact mineur sur les ventes mondiales de véhicules. En clair, si la mobilité partagée est attendue en augmentation, ce sera beaucoup moins que prévu, car ces moyens de locomotion s’ajoutent à la voiture, mais ne la remplacent pas.

Si l’électrique est majoritaire (entre 64 et 71%), d’autres motorisations continueront de coexister. Roland Berger table sur 20% d’hybrides, mais beaucoup moins sur les véhicules à hydrogène ou utilisant des biocarburants en raison « de leur faible efficacité et de leurs coûts élevés », indique l’étude. L’Europe devrait être le premier continent à être totalement électrifié (ou presque) d’ici une dizaine d’années, estime encore le consultant. La Chine devrait atteindre un taux d’électrification compris entre 70 et 85% d'ici à 2040, les États-Unis entre 42 et 60% et le reste du monde 50%.

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© Mercedes

Pas de crise ?

Roland Berger estime par ailleurs que la voiture électrique n’est pas synonyme de réduction des activités industrielles ou économiques. En effet, le consultant explique que toute la chaîne de valeur automobile connaît des changements, mais qu’au final, la voiture électrique exige beaucoup de pièces ou de composants. Les équipementiers doivent donc s’adapter et basculer du moteur thermique aux pièces pour voitures à batterie. Ce n’est pas la fin pour eux. Leur chiffre d’affaires devrait d’ailleurs augmenter de +3,4% par an d’ici 2040. Bien entendu, la mécanique pure perd du terrain au profit – c’est logique –, des solutions de connectivité, des logiciels, etc. Mais là aussi, Roland Berger s’attend à un déplacement des centres de décision : d’ici 2040, il n’y aura plus que cinq équipementiers européens contre sept aujourd’hui tandis qu’en Chine leur nombre passera de deux à six.

Les deux scénarios envisagés par les analystes de chez Roland Berger
Les deux scénarios envisagés par les analystes de chez Roland Berger © Roland Berger Automotive Outlook 2040

La Chine va-t-elle au final tout gagner ? Pas sûr, répond Roland Berger qui envisage deux scénarios. Dans le premier, la Chine et ses industriels gagnent tout grâce à une croissance rapide et une non-adaptation des fournisseurs européens. Et dans le deuxième scénario, on prévoit au contraire que les industriels européens s’adaptent vite, innovent et capitalisent sur leur image de marque pour limiter la croissance chinoise. Mais pour cela, « ils doivent être beaucoup plus efficaces. Si les équipementiers occidentaux modifient radicalement leur approche, par exemple en recourant davantage à des plates-formes matérielles et logicielles normalisées fournies par des tiers [comprenez, « en partenariat »], ils pourront peut-être redevenir compétitifs en termes de coûts. Il en résulterait un nouvel équilibre des forces à l'échelle mondiale d'ici 2040, dans lequel tous les acteurs auraient des possibilités de croissance. » À voir comment les choses évolueront et si l’industrie européenne peut rapidement se relever. On l’espère.

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Par David Leclercq Rédacteur automobile

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