Ce 9 juin, les citoyens belges sont appelés aux urnes pour élire leurs représentants à l’Europe, mais aussi au gouvernement fédéral ainsi que régional. Les campagnes battront leur plain jusqu’au dernier moment. On a beaucoup parlé immigration, mesures contre le chômage, déficit public, etc. Mais quels sont les plans des partis pour ce qui touche à la mobilité ? Gocar fait le point, parti par parti, tant en Flandre qu’en Wallonie ou à Bruxelles.
PS
Dans le programme du PS, l’annonce la plus importante concerne les transports en commun. Le parti socialiste se dit en effet en faveur d’une gratuité totale avec une première étape pour les moins de 25 ans et pour les plus de 65 ans ainsi que pour les bénéficiaires de l’intervention majorée (BIM). Le PS se montre en revanche beaucoup moins clair sur les voitures de société. Tout au plus peut-on lire dans le programme qu’il faudrait que la fiscalité prenne davantage en considération les impacts environnementaux. Le PS indique de ce fait qu’il « conviendra de fixer une valeur plus proche de la valeur réelle de l’avantage attribué ». En d’autres termes, la PS souhaite que l’ATN soit moins à l’avantage des bénéficiaires de voitures de société afin de rendre le système plus équitable. Le PS n’aborde nulle part le chapitre de la taxation kilométrique intelligente, pas plus qu’une réforme de la fiscalité automobile qui, en Wallonie et à Bruxelles serait pourtant bien utile.
Photo : PS
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Pour Bruxelles plus spécifiquement, le PS tire les leçons de Good Move (plan de réaménagement de la circulation) et plaide pour une révision de la méthode de travail et une plus grande concertation au niveau local. Les socialistes entendent aussi boucler la ligne du Métro 3 ainsi que prolonger la ligne 2.
MR
La MR traite de la voiture de société dans son programme. Mais indique que le système ne sera révisable que dans le cadre d’une grande réforme fiscale qui dépasse de loin le seul secteur automobile – ou de la mobilité – et qui permettra d’augmenter « considérablement » la part de salaire net des travailleurs. Le MR est aussi attaché à la liberté ainsi qu’à la neutralité technologique. Pour les libéraux, il n’y a en effet pas que la voiture électrique, mais les autres carburants neutres en CO2 (comme les e-fuels) doivent être considérés et privilégiés. Le parti défend aussi la liberté du choix du moyen de transport et rejette la notion d’imposition d’un moyen de transport plutôt qu’un autre à la collectivité. Ecolo est évidemment visé, tout comme le plan Good Move à Bruxelles qui n’aurait pas tenu compte de la réalité des citoyens. Et pour rester à Bruxelles, le MR soutient aussi la fin du chantier du Métro 3, notamment en mettant sur pied un partenariat-public privé pour boucler son financement.
Photo : Wikipedia
Ecolo
Ce n’est pas nouveau : Ecolo souhaite que le système des voitures de société disparaisse, tout comme celui de la carte essence. Ecolo ne veut toutefois pas mettre fin au système du jour au lendemain et prône simplement qu’aucun nouvel arrivant ne puisse intégrer le dispositif. Les écologistes prônent par ailleurs une révision des accises et des taxes de circulation en mettant en place une contribution dite « intelligente » basée sur l’usage. Le but ne serait pas d’augmenter les recettes issues de la mobilité, mais de faire payer plus à ceux qui utilisent davantage que les autres la voiture.
Ecolo avance aussi le besoin de « rééquilibrer l’espace public » et de faire plus de place aux modes de déplacements alternatifs. Curieusement, le plan bruxellois Good Move pourtant conçu par les écologistes n’est abordé nulle part. Pour se faire oublier ? En général, le parti Ecolo prône aussi l’usage des transports en commun. Mais, curieusement, le programme n’évoque pas le projet du métro Nord pourtant en cours. Cela vient du fait que les écologistes sont plus en faveur du développement du réseau de surface en sites propres (bus et trams).
PTB
Non, le PTB ne souhaite pas la préséance absolue des transports en commun. Le programme de l’extrême gauche rejoint celui du MR, sauf pour les voitures de société jugées inégalitaires et qu’il faut laisser progressivement tomber. Le PTB juge les mesures actuelles de « politiques de harcèlement contre les automobilistes » et pointe notamment les zones de basses émissions et la taxe kilométrique qui ne tiennent pas compte des avis et des besoins de la population. Seront-elles abolies ? Pas sûr toutefois, car le PTB ne décidera pas seul. Le PTB se montre aussi plutôt contre l’électrification des véhicules en tout cas tant que les prix entre voitures électriques et thermiques ne sont pas équivalents. Le PTB défend comme le PS la gratuité des transports en commun ainsi que la finalisation du métro Nord à Bruxelles.
Les Engagés
Pour Les Engagés, les voitures de société sont une solution pour réduire la taxation sur le travail et elles ne devraient sauter que si une vraie réforme fiscale était menée pour réduire les charges sur les travailleurs. Les Engagés ne parlent pas d’une taxation au kilomètre dans leur programme, mais ils prônent le fait de « tenir compte des intérêts des habitants des zones rurales en reconnaissant leur dépendance à la voiture. » Pour ce parti, la clé réside dans une taxation plus importante des voitures les plus polluantes ou dans l’instauration d’une vignette. Le parti évoque aussi la nécessité d’une prime à l’achat pour le premier véhicule électrique. Mais pas au-delà. À Bruxelles, les Engagés pensent qu’une meilleure concertation est nécessaire pour le Plan Good Move. L’idée de terminer le métro Nord fait aussi partie des projets.
Défi
Chez Défi, on est d’avis d’attendre une réforme fiscale d’envergure pour sceller le sort des voitures de société, même si celles-ci sont considérées comme particulièrement injustes. Par contre, le parti défend bec et ongle le déploiement d’une taxation kilométrique à l’échelle nationale qui viendrait remplacer les taxes de mise en circulation et de circulation actuelle. L’idée : entrer dans une logique d’usage et plus de possession de la voiture. Pourtant très implanté à Bruxelles, Défi n’évoque pas le plan Good Move, mais prône un meilleur équilibre dans la répartition des espaces public (voitures, piétons, vélos, etc.). Défi est toutefois opposé au principe de gratuité des transports publics, car cette approche les rendrait probablement moins confortables et moins sûrs et moins fréquents. Défi dit aussi « oui » au bouclage du Métro Nord à Bruxelles.
N-VA
La N-VA souhaite rendre les transports publics plus ponctuels et plus fiables. « Sous le gouvernement De Croo, la SNCB a obtenu les pires résultats de son histoire », affirme le parti. La solution : régionaliser le transport ferroviaire pour en tirer une offre de transport public intégrée, avec de meilleures correspondances avec le tram ou le bus. La N-VA rêve également de trains autonomes.
Pour la sécurité, la N-VA entend introduire un permis de conduire à points. « Les conducteurs qui accumulent les infractions ne doivent plus faire partie des automobilistes », estime le parti. Autre idée : les permis de conduire numériques qui permettent d’empêcher le droit de conduire de manière plus flexible.
La N-VA veut également travailler pour éviter que les contrôles routiers soient le fait des entreprises privées : « Nous veillerons à ce que les entreprises privées ne tirent pas de bénéfices excessifs des amendes administratives communales pour les infractions au Code de la route et qu’elles ne puissent pas décider elles-mêmes de l’emplacement des contrôles. La voiture reste un élément indispensable de la mobilité des Flamands. Ce faisant, nous souhaitons que la voiture zéro émission s’impose, mais pas plus rapidement que ce que n’exige l’Europe. » Qu’est-ce que cela signifie ? Que la Flandre droit abandonner son projet de sortir de la voiture thermique dès 2029. Et la N-VA de poser aussi la question de l’utilité des zones de basses émissions (LEZ). La N-VA s’oppose toutefois à une taxe kilométrique. Enfin, pour ce qui touche aux voitures d’occasion, la N-VA souhaite travailler sur un Car-Pass à l’échelle européenne.
Vlaams Belang
Le Vlaams Belang estime que l’automobiliste est une « vache à lait ». Les taxes sont trop élevées et, pour le Vlaams Belang, chaque euro généré par le secteur automobile devait être réinvesti dans la politique de mobilité. « Les mesures telles que les zones à faibles émissions ou la tarification routière sont des taxes masquées qui empêchent une circulation fluide et sûre », déclare le parti.
Le Vlaams Belang s’oppose au péage et souhaite introduire une vignette qui remplacerait en partie la taxe de circulation existante, aussi redevable par les étrangers. Les zones à faibles émissions de Gand, Bruxelles et Anvers devraient être supprimées. Le Vlaams Belang souhaite par ailleurs remplacer progressivement les voitures de société par le système du budget mobilité. Le parti estime que la date butoir de 2035 doit être supprimée (tout comme celle de 2029 pour la Flandre). « Le passage à une voiture électrique devrait être volontaire. Nous ne forcerons pas les Flamands à choisir entre une voiture électrique très chère ou pas de voiture du tout. » Pour le Vlaams Belang, la vitesse maximale devrait être de 90 km/h en dehors des agglomérations et de 130 km/h sur les autoroutes entre 23 heures et 6 heures du matin. Enfin, le parti préconise un traitement fiscal favorable pour les automobilistes les plus aguerris.
CD&V
CD&V souhaite que les véhicules utilitaires soient 100% électriques. Ou sans émission. Le ministre Vincent Van Peteghem a une trajectoire à cet effet jusqu’en 2030. C’est essentiel pour la stabilité du climat. Le parti indique aussi que ces matières ne doivent pas uniquement dépendre du ministre des Finances, affirme CD&V. Il faut une meilleure répartition des compétences.
En outre, les chrétiens-démocrates souhaitent rendre le budget mobilité accessible à chaque employé. Le parti promeut des transports publics accessibles à tous pour voyager librement à travers tout le pays en bus, en train ou en métro avec une seule et même carte. Pour le CD&V, le vélo est « roi » et le piéton est « empereur ». Et à ce titre, ceux-ci méritent un investissement annuel de 500 millions d’euros pour des infrastructures de qualité.
Le CD&V a aussi un avis sur les amendes routières : pour le parti, les contrôles routiers doivent contribuer à la sécurité routière, mais ils ne doivent par contre pas remplir les caisses des autorités. Pour améliorer la sécurité, le CD&V défend un permis à points ainsi que des limitations de vitesse dynamiques sur les routes (en fonction des embouteillages, de la météo, etc.). Enfin, le CD&V entend réformer les centres de contrôle technique et d’examen de conduite en Flandre. « Les monopoles historiques dans le domaine des examens ne sont plus tenables ».
Open Vld
L’Open Vld est favorable à une tarification kilométrique qui taxe l’utilisation plutôt que la propriété. Une tarification intelligente est nécessaire en fonction notamment des heures de pointe. L’identification ne se fait pas à l’aide de caméras ANPR, mais à l’aide d’un système de boîte noire intégrée au véhicule.
Pour embrasser la transition vers la voiture électrique, l’Open Vld envisage que le réseau d’éclairage intègre des bornes de recharge. Le parti croit aussi fermement aux voitures qui peuvent servir d’alimentation ainsi qu’aux véhicules autonomes qui doivent être mis en circulation rapidement. Pour ce faire, il y a donc lieu de réformer la législation, car l’Open Vld souhaite que la Flandre figure parmi les régions pionnières.
Par ailleurs, des feux de circulation intelligents connectés devraient aussi améliorer la fluidité du trafic, estime le parti. Les limitations de vitesse devraient aussi être plus adaptées. Dans ce cadre, les limitations de vitesse sur les voies rapides et les autoroutes doivent être variables. L’Open Vld pense aussi qu’il faut déléguer plus de pouvoir aux autorités locales pour mener leurs propres politiques de mobilité.
Groen
Groen pense que la limitation sur les autoroutes doit être ramenée à 100 km/h même si les Pays-Bas, pays modèle pour cette mesure est déjà, sur le point d’abolir cette disposition. Pour Groen, les voitures devraient d’ailleurs être automatiquement limitées à cette vitesse maximale. Groen estime par ailleurs qu’il n’y a pas assez d’amendes et que la tolérance technique sur les mesures de vitesse doit être réduite à 3 km/h ou 3% au-delà des 100 km/h.
Pour Groen, l’ATN ou avantage toute nature sur les voitures de société devrait être nettement plus lourd qu’actuellement. De même, ceux qui optent pour des automobiles lourdes et puissantes doivent aussi être touchés par une fiscalité plus importante. Le parti souhaite réduire le nombre de voitures et augmenter le nombre de voitures électriques partagées. Par ailleurs, le leasing social ou à bas coût devrait aussi soutenir la transition vers la voiture électrique.
Au niveau européen, Groen veut contraindre davantage les constructeurs automobiles. En l’occurrence, il devrait exister un cadre législatif contraignant pour rendre les prochaines voitures plus légères et plus sûres. Groen entendu imposer de nouvelles règles concernant la taille et le poids des véhicules, mais aussi pour la face avant (agressive ou pas), la vitesse et la puissance du véhicule. En clair, il s’agit d’éliminer les SUV.
Le programme propose d’autres idées. Comme celle d’un permis de conduire numérique qui peut punir, mais aussi récompenser les conducteurs. Parce qu’il sera numérique, il sera universel et donc accessible pour tous les pays européens (autorités). Groen plaide aussi pour un système d’amendes qui serait calculé sur base du revenu. Les Verts voudraient aussi l’instauration d’un système de signalement des situations dangereuses pour les cyclistes et les piétons. Et les automobilistes aussi ? Ce n’est pas mentionné.
Vooruit
Pour Vooruit, les automobilistes ne sont pas prioritaires. C’est écrit dans le programme. Vooruit utilise le principe du STOP pour décrire un ordre de priorités pour les modes de transport : d’abord les piétons, ensuite les utilisateurs de moyens de mobilité douce, les transports publics et en seulement les voitures particulières. Cela se traduit par des mesures telles que des centres-villes exempts d’automobiles, davantage de sites propres pour les transports en commun et des feux de circulation qui donnent la priorité aux transports publics. Vooruit fait aussi la promotion d’un ticket unique pour les transports publics.
Vooruit défend aussi le principe de payer aux heures de pointe par le biais d’une taxe, payée par les employeurs dans le cadre des trajets domicile-travail. Les socialistes pensent aussi qu’il est nécessaire de réduire le nombre de voitures de société, car cela coûte trop cher à la collectivité.
Vooruit est en outre d’accord avec l’élimination des voitures thermiques en 2035. Mais le parti pense qu’il est aussi essentiel de rendre les voitures électriques et les infrastructures de recharge accessibles à l’ensemble de la population via des tarifs préférentiels. Vooruit veut aussi introduire de nouvelles normes pour les voitures : taille, masse, etc. Les constructeurs seraient tenus de les respecter. Pour lutter contre les SUV, Vooruit souhaite augmenter les taxes de circulation en fonction de l’impact des véhicules sur la sécurité des autres usagers de la route. Par ailleurs, la vitesse de 30 km/h dans les agglomérations doit devenir la norme tandis que le parti défend l’interdiction des avertisseurs radar, l’instauration de zones cyclables et le permis à points.
PVDA
Le parti PVDA se concentre principalement sur les transports publics qui doivent être plus efficients et gratuits. La gratuité est toutefois une chimère et ce sont les recettes fiscales qui doivent financer le dispositif. Le parti souhaite en outre un billet unique pour voyager par train, tram, bus, métro ou ferry. Ce qui nécessite une meilleure coordination entre les différentes sociétés de transport.
Le PVDA se penche aussi sur le cas des automobilistes et il estime qu’il faut « cessez de harceler ceux qui ont besoin d’une voiture. Nous nous opposons à l’augmentation des accises sur le carburant et aux mesures qui rendent la vie des automobilistes difficile, comme les taxes kilométriques ou les zones à faibles émissions. Nous n’interdirons pas les moteurs à essence ou Diesel tant que les voitures électriques resteront trop chères et ne constitueront pas une alternative valable », mentionne encore le programme du PVDA. Le parti souhaite également offrir aux jeunes 20 heures de cours de conduite pratique gratuite. Pour réduire les embouteillages, PVDA souhaite mettre en place une plate-forme nationale de covoiturage. Moins bonne nouvelle pour les conducteurs de voitures de société : « Nous mettrons fin au système des voitures de société ainsi qu’à leurs avantages fiscaux ».
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