L’Institut VIAS a donc concocté un mémorandum à l’attention des partis politiques belges. Pourquoi ? Pour Karin Genoe, CEO de l’Institut VIAS, « la Belgique et les Régions se sont fixé des objectifs pour 2030 en matière de tués et de blessés sur la route. Nous ne les atteindrons pas si nous n’ajoutons pas de nouvelles mesures pour influencer le comportement des Belges. » L’objectif de VIAS est donc de sensibiliser les politiciens, car l’organisme estime que seules des petites mesures sont prises et que les réformes structurelles se font attendre.
Pour ce faire, VIAS se montre proactif et propose 12 mesures aux politiciens qui, selon l’organisme, permettraient de sauver 270 vies par an, ce qui correspond environ à la moitié des tués de la route chaque année (540 morts en 2022). Le mémorandum ne s’adresse en outre pas qu’aux autorités fédérales, mais aussi aux régions et même aux zones de police locales. Voici ce qui est proposé, dont, on s’en doutait un peu, une kyrielle de mesures répressives.
1. Abaissement de la marge technique des radars
Si les radars se sont multipliés sur nos routes, les marges de tolérance sont actuellement supprimées. Par marges de tolérance, on entend la programmation du radar par les autorités. Par exemple, dans certaines zones, le radar se déclenche à 85 km/h lorsque la vitesse est limitée à 70 km/h tandis que dans d’autres, c’est peut-être 80 ou 90 km/h. Ceci était laissé à la libre appréciation des contrôleurs. Tout cela est en train d’être modifié pour ne plus laisser que la marge technique d’erreur, fixée à 6%. Ce qui signifie que sur l’autoroute, le radar flashera d’office à partir de 128 km/h. Ça pouvait être plus avant. Sauf que VIAS veut aller plus loin et réduire encore cette marge technique d’erreur à 3% au lieu de 6%, comme c’est le cas en France. Selon les projections, cela permettrait d’épargner 30 décès et 2.500 blessés par an.
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2. Le port du casque sur les trottinettes électriques
Le nombre alarmant d’accidents avec les trottinettes électriques n’a pas échappé à VIAS. Les utilisateurs de ces engins sont souvent gravement blessés, notamment à la tête. Du coup, VIAS propose le port obligatoire du casque. Notons que cette mesure ne vise curieusement pas les cyclistes, car VIAS estime que les petites roues des trottinettes sont un facteur de risque supplémentaire, surtout sur les chaussées dégradées – qui sont légion chez nous. À côté du casque, VIAS préconise aussi le port d’une chasuble fluorescente. VIAS indique aussi qu’il faudrait probablement que les autorités légifèrent aussi pour édicter des normes de puissance de freinage pour ces engins qui est sont considérées par l’Institut comme insuffisantes.
3. Interdiction le gaz hilarant
C’est moins de la sécurité routière que de la santé publique : VIAS souhaite aussi l’interdiction totale de vente et d’usage de gaz hilarants qui sont de plus en plus consommés par les conducteurs. Or, leur absorption ralentit le temps de réaction. Ce gaz serait donc assimilé à de la consommation de stupéfiants, ce qui n’est pas le cas actuellement.
4. Des radars tronçons sur les chantiers
C’est un projet qui fait son chemin : utiliser des Lidars-tronçons sur les chantiers de longue durée (plus d’une semaine). Plusieurs études montrent en effet que les radars placés en entrée de chantier ne sont pas efficaces, car les automobilistes réaccélèrent juste après. Or, on déplore en moyenne 40 tués par an dans les chantiers.
5. Récompenser les usagers au comportement irréprochable
Récompenser les bons élèves : voilà une autre idée avancée par VIAS. Ce pourrait être par le biais d’un billet de tombola ou une somme reversée à une bonne cause grâce à ceux qui respectent les limitations de vitesse. Pourquoi pas, même s’il faudrait évaluer l’attrait de la formule d’une part et le coût à la collectivité d’autre part. On imagine que ce serait inférieur à celui d’un décès.
6. Des contrôles antidrogues généralisés
VIAS recommande de déployer des moyens humains et financiers conséquents pour lutter contre la consommation de drogues au volant, une pratique qui, malheureusement, gagne en importance ces dernières années, surtout chez les jeunes conducteurs.
7. Un permis numérique
Digitaliser le permis de conduire permettrait en outre selon VIAS de mieux lutter contre ce type de fraude. Car, actuellement, il y a plus de 47.000 cas de fraude recensés chaque année. La chose est d’autant plus complexe à maîtriser qu’il n’existe actuellement aucune base de données pour recenser les titulaires de permis de conduire. Dès lors, un permis numérique et un fichier centralisé faciliteraient les contrôles, mais aussi les sanctions à prendre. VIAS réfléchit même à un système de puce électronique qui pourrait empêcher la voiture de démarrer si le permis du conducteur n’est pas en ordre. Probablement un peu illusoire, car ça impliquerait des équipements supplémentaires dans les voitures, ce qui semble optimiste.
8. Interdiction des systèmes d’avertissement
Terminé de Coyote ou des autres applications telles que Waze qui permettent d’échanger des informations sur les contrôles routiers ou l’emplacement des radars. Ces dispositifs nuisent à l’efficacité des forces de l’ordre et ils doivent donc être interdits, comme en France (qui interdit de localiser avec précision l’emplacement d’un contrôle) ou en Suisse.
9. Une infrastructure plus lisible
VIAS recommande aussi de travailler sur le réaménagement des routes et des espaces dédiés à la mobilité pour que chaque usager puisse trouver sa place : voitures, vélos, trottinettes, piétons doivent donc mieux se partager les espaces tout en respectant les limitations de vitesse.
10. La tolérance zéro pour l’alcool au volant
Interdire totalement la consommation d’alcool au volant permettrait selon VIAS d’épargner entre 10 et 17 vies par an sur les routes belges. Cette mesure est déjà appliquée dans plusieurs pays européens dont la Tchéquie, la Slovaquie, la Roumanie, l’Estonie, la Norvège, la Pologne et la Suède. L’Institut avance la facilité de mise en œuvre de cette mesure et indique que la norme à privilégier ne serait pas de 0% d’alcool, mais de 0,2% pour éviter les faux positifs. Et, apparemment, les Belges ne seraient pas contre : selon une enquête, 6 automobilistes sur 10 seraient favorables à cette mesure.
11. Le permis à points
Le concept revient à échéances régulières, comme le monstre du Loch Ness. VIAS ne comprend pas l’opposition des partis francophones au permis à points – or, elle est pourtant facile à saisir. Car, pour VIAS, seuls les conducteurs récidivistes seront concernés. En effet, en France, les études montrent qu’une majorité de conducteurs raisonnables (86%) n’ont perdu que deux points. Pour VIAS, c’est un outil très efficace de lutte contre la récidive. À voir quels partis oseront s’avancer sur ce terrain glissant et peu populaire…
12. L’usage des caméras pour détecter le GSM au volant
Le projet de détection de l’usage du téléphone au volant via les caméras ANPR a déjà été discuté et recalé pour des raisons de respect de la vie privée. Aux Pays-Bas, la mesure est toutefois d’application et, selon les études, 95% de ces délits pourraient être captés par les caméras. À voir si le dossier reviendra sur la table.
Ce n’est pas la première fois que VIAS tente d’influencer les partis politiques. En effet, en 2019, l’Institut avait rentré le même type de document. Et une bonne partie des mesures avaient été adoptées (7 sur 10), comme les contrôles de vitesse plus efficaces, des parquets moins tolérants, des tests salivaires pour la détection de drogues au volant, etc. À voir donc si VIAS parviendra à nouveau à convaincre nos politiciens de serrer encore un peu plus la vis par rapport aux automobilistes.
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