L’industrie automobile européenne est en souffrance. La faute au passage à la voiture électrique plutôt mal maîtrisé ou en tous cas négligé et qui a laissé l’avance à d’autres constructeurs, pour la plupart émergents et chinois. En soi, ce n’est pas une tare, mais la situation nécessite une réaction d’envergure. Et forcément, celle-ci risque de passer par des purges humaines assez brutales.
C’est en tout cas ce que pense l’Union de l’industrie automobile allemande (VDA) qui rappelle qu’il ne reste que dix ans avant l’imposition par l’Europe de la vente exclusive de voitures neuves électriques dans les showrooms. Mais il y a beaucoup à faire et notamment de changer de modèle économique. Car une voiture électrique ne se développe pas, ne se produit pas et ne se vend pas comme une voiture thermique.
Près de 200.000 emplois ?
D’après une étude du VDA, plus de 190.000 emplois pourraient être supprimés dans les dix prochaines années, et ce « en raison de l’électrification des groupes motopropulseurs avec laquelle la production de véhicules nécessite moins d’emplois que par le passé », précise l’organisme. Selon le VDA, ce déclin est déjà amorcé depuis 2019. Depuis cette date, 75.000 postes auraient été perdus. Mais on apprend aussi que 29.000 nouveaux emplois auraient aussi été créés dans des domaines autres que l’automobile. Ce glissement découlerait non seulement du ralentissement de l’activité des constructeurs occidentaux, mais aussi de la délocalisation de certains emplois vers la Chine. L’Union de l’industrie automobile allemande estime d’ailleurs qu’au moins 10% de l’activité sera délocalisée vers la Chine. Une surprise ?
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Une transformation plus qu’un bain de sang social
Ce contexte va entraîner une transformation du secteur. Et un nécessaire rééquilibrage. Il n’y a plus de doutes à présent que l’Europe va faire face à des pertes d’emplois. Et ça commence d’ailleurs chez Volkswagen qui envisage de fermer trois usines et de licencier 10.000 collaborateurs, une première en 87 ans d’existence. Le CEO de Volkswagen explique cela par des « décennies de problèmes structurels ». Ce qui signifie en réalité que les collaborateurs allemands sont aujourd’hui trop bien payés et que l’entreprise vit depuis trop longtemps sur un (trop) grand pied. Depuis l’ère Ferdinand Piëch, le petit-fils de Ferdinand Porsche pour ceux qui s’en souviennent – l’homme était particulièrement dur, mais on lui doit la transmission quattro, Bugatti et les moteurs W12 et 16, et, comble de la folie des grandeurs, la Volkswagen Phaeton.
L’étude du VDA tend à montrer que c’est la transition vers la voiture électrique qui va entraîner les pertes d’emplois. Ce qui n’est pas illogique en soi, puisque les métiers changent forcément. « Avant tout, la baisse de l’emploi n’est pas l’expression d’une crise, mais plutôt une partie de la transformation. Ce qui est crucial toutefois, c’est que le cadre politique soutienne et accompagne ce changement », note encore Hildegard Müller, présidente du VDA. C’est vrai, mais on ajouterait aussi que les industriels devraient aussi accompagner leur personnel et les former pour pouvoir épouser les nouvelles fonctions nécessaires à l’électromobilité.
Mais il y a une chose que l’étude du VDA n’a pas intégrée : le retour de Donald Trump à la tête des États-Unis. L’homme entend en effet lever des droits de douane plus importants, y compris pour les produits européens, car il considère le vieux continent comme « une petite Chine ». Là aussi, la rentabilité de certains constructeurs pourrait être mise à l’épreuve, ce qui pourrait aussi mener à des rationalisations et des pertes d’emplois. Ou à des délocalisations vers les États-Unis pour éluder les droits de douane qui pourraient augmenter. Quoi qu’il en soit, les transformations et les changements ont toujours entraîné des redistributions de cartes et des pertes d’emplois, ce n’est pas neuf. Et on se dit que si le passage à la voiture électrique ne coûte que 200.000 emplois sur les 14 millions que compte l’industrie automobile européenne, on s’en tire plutôt bien, sachant que de grands pontes de l’automobile ont déjà estimé les besoins de restructurations à plus de 500.000 postes.
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