L’élection américaine a enfin eu lieu et elle a désigné un grand vainqueur : Donald Trump. L’ancien président de 2016 à 2020 fait ainsi un retour fracassant, car il a largement remporté les votes face à Kamala Harris. Cela dit, Donald Trump va devoir se montrer très convaincant face aux Américains, car ceux-ci attendent notamment de voir leur pouvoir d’achat augmenter et de retrouver un confort de vie perdu avec la forte inflation qui a touché le monde entier ces dernières années.
Inévitablement, on s’attend à ce que des actions fortes soient posées sur le secteur industriel américain. Pour rappel, lors de son premier mandat, Trump avait levé des taxes sur l’acier canadien, ce qui avait mené à une crise. On s’attend à nouveau à ce que de grandes mesures soient à nouveau prises. Et forcément, cela concernera aussi l’industrie automobile. Les constructeurs américains seront touchés, mais pas seulement, car les États-Unis restent encore et toujours le deuxième marché automobile mondial derrière la Chine, une position qui entraînera forcément des changements pour nos industriels, tout comme pour les Chinois, les Coréens, les Japonais, etc.
Détricoter
Donald Trump est un personnage singulier et il n’a jamais gardé ses convictions pour lui. On le sait climatosceptique, mais aussi anti-voitures électriques. Cela dit, cette dernière position pourrait peut-être être moins tranchée à l’avenir quand on sait le soutien qu’Elon Musk, patron de Tesla, a accordé à l’ancien président. Les analystes s’attendent à ce que son retour à la Maison-Blanche plonge l’industrie auto dans une nouvelle période d’incertitude, spécifiquement sur les réglementations et les incitants octroyés par l’administration Biden aux voitures électriques.
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Pour rappel, le gouvernement Biden avait voté l’IRA (Reduction Inflation Act) qui mobilisait près de 370 milliards de dollars pour assurer la transition énergétique tous azimuts et aussi pour la voiture électrique. Avec ce régime, les Américains pouvaient même dans certains États acquérir un Tesla Model 3 pour moins de 20.000 dollars. Et les constructeurs nationaux ont eux aussi été largement soutenus pour les investissements dans l’électrification. Mais tout cela pourrait être bien fini et l’administration Trump pourrait bien assouplir les exigences pour soulager les constructeurs. Ce qui freinerait irrémédiablement le déploiement de la voiture électrique... et mettrait certainement aussi certains constructeurs américains dans la difficulté. Car ceux-ci ont à présent surtout besoin d’amortir leurs investissements et donc de vendre des voitures à accumulateurs. De telles mesures ne feraient de retarder les échéances et faire prendre du retard aux industriels si ceux-ci se focalisent à nouveau sur les moteurs thermiques. La bonne santé d’une entreprise dépend en effet de ses choix. Et s’ils changent constamment, c’est le risque de faire banqueroute, surtout quand on joue au niveau mondial.
S’en prendre aux constructeurs étrangers ?
On se demande aussi ce que Trump décidera face aux constructeurs étrangers et notamment aux constructeurs chinois. Pour rappel, Biden avait déjà levé une taxe à l’importation de 100% sur les voitures électriques chinoises aux États-Unis. Une mesure que Trump avait d’ailleurs critiquée estimant que s’il avait été président, ces taxes se seraient élevées à 200% ! En outre, la levée de nouveaux droits de douane sur les composants étrangers entraînerait aussi une hausse des coûts des véhicules, ce qui pèserait également sur la demande.
L’arrivée de Donald Trump est donc synonyme de tensions. Et d’une grande incertitude. Le nouveau président a déjà fait savoir qu’il fermerait le bureau fédéral de prêt qui visait à développer des chaînes d’approvisionnement nationales pour ne plus dépendre de l’extérieur et de la Chine en particulier. Parce que gagner sur le plan économique, c’est surtout pouvoir conserver les centres de décision et d’innovation sur son territoire. Là encore, ce revirement politique risque de faire perdre de l’argent aux constructeurs américains qui ne maîtriseront plus rien et seront donc tenus de payer le prix (plus cher) aux fournisseurs étrangers pour leurs composants, et ce alors qu’ils ont surtout besoin de réduire leurs coûts.
Elon Musk vice-président ?
Il est évidemment trop tôt pour tirer des plans sur la comète et il faudra bien observer la relation Trump-Musk. Car il semble inconcevable que le président ne prête pas d’oreille au milliardaire qui l’a aidé à gagner. On imagine donc que certaines faveurs seront accordées aux voitures électriques. Trump a d’ailleurs promis que Musk présiderait un nouveau Comité gouvernemental sur l'efficacité et qui ambitionne de réduire de 2.000 milliards de dollars annuels le budget fédéral (30%). Elon Musk a pour sa part annoncé qu’il en profiterait pour adapter les normes fédérales sur les véhicules autonomes. La récente présentation du Cybercab ne doit sans doute pas tout à fait être une coïncidence. L’action Tesla a d’ailleurs bondi de +15% à l’issue de l’élection...
Cela dit, il faudra encore voir le poids des républicains au Congrès. En cas de trop faible représentation, ils ne pourraient peut-être pas influer fortement sur les décisions prises précédemment (l’IRA de Biden). Par contre, Trump pourra aisément toucher aux aides directes pour l’achat d’une voiture électrique (crédit d’impôt individuel), ce qui influera négativement sur les ventes de voitures électriques... et sur les industriels, car leurs ventes d’aujourd’hui découlent principalement de ce crédit.
Enfin, Trump a aussi indiqué par un de ses porte-paroles qu’il assouplirait les normes d’émissions. Et qu’il interdirait à certains États, comme la Californie (et 17 autres), de faire cavalier seul en édictant des normes plus strictes.
Du côté européen, les effets de l’élection de Trump n’ont pas trainé : BMW, Volkswagen, Mercedes et Porsche ont vu le cours de leurs actions chuter de 4,6% à 6,4%. Car, pour les actionnaires, la crainte est grande que des droits de douane s’appliquent aussi aux voitures européennes (qui passeraient de 7,5% à 17,5%). Et ça se comprend : le marché américain représentait 12,9% des 3,1 millions d'exportations allemandes de voitures particulières en 2023. Il y aurait donc un gros manque à gagner. « Je veux que les constructeurs automobiles allemands deviennent des constructeurs automobiles américains », avait d’ailleurs déclaré Trump lors d'un discours prononcé à Savannah (Géorgie) en septembre. « Je veux qu'ils construisent leurs usines ici ». C’est déjà le cas pour certains (BMW, Volkswagen et Mercedes notamment), mais pas pour tous et certainement pas pour tous les modèles. Oui, décidément, l’élection de Trump risque de modifier beaucoup de choses...
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