Le sujet n’est plus tabou : les constructeurs européens accusent un sérieux retard dans le domaine des voitures électriques. Et ce ne sont pas les très belles réalisations d’Audi, BMW, Mercedes ou Porsche qui pourront effacer cette dure réalité. Car si les constructeurs occidentaux ont bien des idées, ils manquent de moyens et d’accès aux ressources pour assurer leur avenir. Et cette situation – et même si c’est difficile à entendre –, ils l’ont créée eux-mêmes à force de vouloir réduire leurs coûts en déléguant la production de pièces à d’autres pays pour maximiser leurs profits.
Depuis de nombreuses années, la Chine et ses industriels ont patiemment investi dans de nouveaux modes de production, dans les technologies électriques (la Chine a décidé tôt cette transition), mais aussi dans toutes les chaînes de valeurs nécessaires à déployer des écosystèmes industriels, notamment celui de l’automobile où, il faut bien le dire, on ne les attendait pas (ou pas aussi vite).
Dans ce contexte, c’est un peu la panique à bord sur le vieux Continent et c’est si pas une guerre, une grosse bataille qui se joue, comme l’avouait d’ailleurs Luca de Meo en marge du salon : « c’est une bataille. Les fabricants chinois sont clairement très compétitifs dans la chaîne de valeur des voitures électriques. »
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Quelle équation ?
Les constructeurs occidentaux et allemands en particulier ont toujours fonctionné par le haut de gamme pour faire infuser les technologies d’avenir vers les voitures plus populaires. C’était aussi leur pari avec l’électrique. Sauf que ce modèle n’est aujourd’hui plus possible. Car la transition doit être tellement rapide que ces technologies doivent absolument se retrouver dans des véhicules abordables. Difficile – si pas impossible – équation mathématique.
Certains patrons européens sont conscients de cette réalité : « je pense qu’ils ont une génération d’avance sur nous. Nous devons rattraper notre retard très rapidement », a concédé Luca de Meo.
L’urgence est bien réelle, car le marché de la voiture électrique a crû de +55% en Europe sur les 6 premiers mois de 2023, à 820.000 unités soit 13% du marché des voitures neuves. Autant dire que les perspectives sont encore importantes et qu’elles attirent évidemment des marques comme MG, BYD ou Xpeng.
Des voitures abordables ?
Ce contexte pousse les constructeurs européens à revoir leurs ambitions. Et à se presser à proposer des voitures électriques abordables. C’est précisément ce qu’a fait Renault avec le nouveau Scénic E-Tech que Luca de Meo a présenté comme une voiture familiale dont le prix sera similaire à celui d’une voiture hybride de même taille. Ses tarifs seront connus d’ici la fin de l’année. On avance.
De Meo n’est pas le seul à l’inquiéter. En effet, le patron de BMW, Oliver Zipse, partage son avis. Il a ainsi indiqué que les marques chinoises représentaient un « risque imminent » et que, sans réaction, ces derniers pourraient simplement faire disparaître les voitures modestes ou de milieu de gamme. Et Ola Kallenius, PDG de Mercedes-Benz, ne fait qu’abonder dans le même sens décrivant la transition vers la voiture électrique comme un marathon, mais où les coureurs n’en seraient qu’au 8e ou au 9e kilomètre.
Volkswagen à part ?
Il n’y a finalement que chez Volkswagen que la menace n’est pas perçu comme telle. En effet, Oliver Blume, PDG du groupe, a en effet indiqué que la menace chinoise n’était que limitée en Europe, car ceux-ci ne disposent pas encore de savoir-faire en matière de véhicules et de qualité. L’homme pense de surcroît que les marques occidentales jouissent d’un héritage, ce qui n’est pas le cas non plus des marques chinoises.
Ces déclarations surprennent, mais Olivier Blume estime qu’avec les taxes ou les coûts de production européens (à condition qu’ils construisent des usines chez ici), les produits chinois ne pourront plus être aussi concurrentiels et que la différence de prix avec les voitures européennes ne sera plus si marquée. À voir, car on n’oublie pas non plus que Volkswagen pactise avec les Chinois pour combler son retard…
Les analystes européens se montrent en tout cas méfiants et ils mettent en garde autant les autorités européennes que les constructeurs européens de faire bien attention à la stratégie qui sera déployée à l’avenir. Cette année, 41% des exposants du salon de Munich ont leur siège en Asie. Et ça ne fait que commencer, car des marques comme Xpeng vont s’installer rapidement dès 2024 avec l’arrivée de la berline P7, les SUV G9 et G6. Et c’est pareil pour BYD qui développe des modèles spécifiques à l’Europe.
« L’Europe doit cesser d’être naïve d’un point de vue macroéconomique face à la Chine », a encore déclaré Gilles Le Borgne, directeur de l’ingénierie de Renault. Le message aurait-il fini par passer ?
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