La fermeture d’Audi Brussels serait « une bonne nouvelle » selon des analystes

La nouvelle a claqué comme un coup de tonnerre : l’usine Audi Brussels va sévèrement restructurer. Une mauvaise nouvelle pour la Belgique et l’emploi, mais peut-être un signe positif pour le secteur pour plusieurs analystes. Que penser ?

Publié le 12 juillet 2024
Temps de lecture : 4 min

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La fermeture d’Audi Brussels serait « une bonne nouvelle » selon des analystes

Cette semaine, une très mauvaise nouvelle est tombée pour l’usine d’Audi Brussels à Forest. Faute de commandes, l’usine doit sévèrement restructurer tandis qu’elle dira aussi adieu plutôt à la production du Q8 e-tron dont les ventes se sont effondrées ces derniers mois. On ne va pas se mentir : les perspectives sont donc franchement noires pour cette activité industrielle, l’une des dernières en Belgique avec le site d’assemblage des Volvo à Gand.

L’usine a ainsi annoncé la phase d’information de la procédure Renault de licenciement collectif : 1.510 postes seront supprimés en 2024 et encore 1.110 en 2025 sur les 3.000 que totalise le site. Faites les comptes : ça en laisse 380. Mais pour quoi faire ? Rien probablement à moins d’un miracle. Seule l’arrivée surprise d’un nouveau modèle du groupe à assembler pourrait encore sauver l’usine de Forest ou le basculement du site pour de la production de pièces, comme des batteries par exemple.

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Un signe avant-coureur ?

Certes, tout n’est pas perdu et il faut garder espoir. Mais, comme les travailleurs, on y croit de moins en moins, car Audi Brussels est déjà passée à maintes reprises par le chas de l’aiguille. En outre, et aussi surprenant que cela puisse paraître, plusieurs analystes estiment que la fermeture d’Audi Brussels serait plutôt « un pas dans la bonne direction » selon la Deutsche Bank et de Oddo interrogés par le journal L’Écho.

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En réalité, ce que les observateurs attendent, c’est un sursaut du secteur automobile européen qui ne cesse de perdre des plumes face à la Chine et qui, jusqu’ici, n’a pas vraiment bougé. Or, on sait que pour concurrencer la Chine, le protectionnisme (droits de douane, etc.) sera inefficace et même contre-productif sur le long terme. Les options ne sont donc pas nombreuses : il faudrait une restructuration d’envergure, estime aussi la banque d’investissement américaine Jefferies.

Une opportunité pour mieux redémarrer ?

Les analystes attendent notamment que Volkswagen – le deuxième constructeur mondial – prenne des décisions fortes pour inverser la tendance. Le groupe a en effet perdu -29,5% de sa valeur boursière depuis 2020 alors que ses concurrents ont progressé d’autant. Si le groupe ne veut pas finir au fond du trou, il va donc devoir réagir. Volkswagen doit améliorer sa rentabilité (la marge opérationnelle sera encore réduite en 2024) autant que ses processus pour retrouver sa superbe alors qu’à l’heure actuelle, le groupe conclut surtout des partenariats pour ne pas se faire totalement dépasser (avec Xpeng par exemple ou Hyundai).

Q83

Cela dit, il ne s’agit pas que de Volkswagen. C’est le secteur automobile européen tout entier qui aurait besoin d’une remise en question et d’une réorganisation. Mais arrivera-t-elle ? Carlos Tavares semble être le seul à l’engager, le CEO ayant annoncé que pour combattre le modèle chinois, il fallait l’adopter. Avec les réductions de coûts que cela suppose.

Il n’en reste pas moins que l’affaire de l’usine de Forest retient toute l’attention et bien au-delà des frontières belges. Car selon les analystes de Bernstein, Audi Brussels est l’une des unités les plus onéreuses du groupe Volkswagen et elle peine depuis longtemps à dégager des profits. En outre, il est certain que les puissants syndicats allemands se montreront favorables à une fermeture de l’usine de Forest, car elle évitera peut-être une autre fermeture en Allemagne…

La situation est donc des plus difficiles. Car au-delà des modèles économiques qui « exigent » toujours plus de rentabilité et d’efficacité, il y a des hommes et des femmes qui se retrouveront dans les difficultés et l’incertitude, et ce alors que l’Europe et les gouvernements plaident depuis des années pour une réindustrialisation de l’Europe et à une indépendance économique retrouvée. On a juste l’impression que c’est l’inverse qui se produit. Certes, il faut se positionner face à la Chine, mais pas à n’importe quel prix. Depuis trop longtemps, l’Europe a laissé filer dans le reste du monde une bonne partie de la production industrielle. Et elle s’en mord aujourd’hui les doigts. Espérons qu’un autre modèle soit possible et que les travailleurs comme les consommateurs d’Europe puissent au final en tirer profit.

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Par David Leclercq Rédacteur automobile

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