L’OPEP+ ne fera probablement rien pour faire baisser les prix des carburants

Ce jeudi, l’OPEP+, qui associe les principaux pays producteurs de pétrole, se réunit pour faire le point sur le marché mondial. Il y a peu de chances que cette réunion permette de calmer la flambée des prix. Au contraire.

Publié le 1 juin 2022
Temps de lecture : 5 min

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L’OPEP+ ne fera probablement rien pour faire baisser les prix des carburants

Ce jeudi 2 juin, l’OPEP+, qui réunit les 13 pays fondateurs de l’OPEP ainsi que 10 pays alliés, dont la Russie, tiendra une réunion pour faire le point sur le marché mondial du pétrole. Cette réunion n’est pas innocente dans le sens où elle fait naturellement suite à la décision européenne d’installer progressivement au cours de l’année 2022 un embargo sur le pétrole russe alors que la production de ce pays pèse pour 10 à 12% de la demande mondiale.

Cette réunion est naturellement de la plus haute importance pour le marché mondial qui saura à l’issue de celle-ci si on retrouvera un peu d’accalmies dans les transactions. Ou pas. Car l’embargo décrété par l’Union vis-à-vis du pétrole russe entraînera clairement une réorganisation du marché. Actuellement, la Russie fournit encore à l’Europe 3,5 millions de barils par jour, soit environ 30% de la production du pays. Le fait qu’il y ait un embargo empêchera donc la Russie d’écouler cette production, mais aussi aux Européens de devoir trouver de nouvelles filières d’approvisionnement. Un vrai casse-tête.

Quelles alliances au sein de l’OPEP+ ?

On se demande évidemment ce que sera la décision de cette haute instance ? Naturellement les Européens espèrent que l’Arabie Saoudite acceptera d’augmenter sa production pour fournir plus de brut aux Occidentaux qui en ont bien besoin. Cette action permettrait de calmer le marché et, accessoirement, de faire aussi baisser les prix.

Seulement voilà, l’Arabie Saoudite est partenaire de Moscou depuis 2016 et il est donc plus que probable que ce pays du Moyen-Orient cède aux pressions pour accroître sa production. Riyad souhaite en effet ne pas déclencher les foudres de Moscou. Et c’est bien compréhensible, car il est plus facile de réguler le marché avec la Russie plutôt que sans. Et donc de maintenir les prix à un niveau de rémunération acceptable pour ces pays. En outre, l’OPEP+ avait déjà accepté d’augmenter sa production de brut de 400.000 barils par jour après l’invasion en Ukraine. Il n’est donc probablement pas question de faire plus… Cela dit, l’OPEP+ devra malgré tout faire attention de ne pas trop laisser filer les prix vers le haut. Car ce contexte pourrait alors accélérer la transition énergétique, ce qui n’est clairement pas dans leur intérêt.

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Risques de pénuries et d’explosion des prix ?

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On l’a déjà abordé : il n’y a pas de risque de pénuries de pétrole, car le niveau de production est actuellement suffisant. Il faudra évidemment voir si cette théorie tient dans le temps, car la Chine est encore en sommeil en raison de sa politique zéro covid qui pèse sur ses activités économiques. Le risque de pénurie est donc minime, car les infrastructures existent déjà dans tous les pays et il est donc uniquement nécessaire de réorienter les flux.

Reste à savoir si les prix du pétrole risquent encore d’augmenter, certains n’hésitant pas à dire qu’un prix au litre compris entre 3 et 4 euros pour cet été reste tout à fait possible.

Il faut cependant nuancer cela, car s’il n’y a pas de problème d’approvisionnement, certains pays réorienteront leur production, d’autant plus que la demande de brut a diminué ces dernières semaines en raison de la crise économique mondiale et de l’inflation. Ne pas jouer le jeu pourrait donc être très néfaste pour les pays producteurs, d’autant que la pression sera aussi mise sur le marché pour conserver des prix bas par l’intention des États-Unis d’augmenter leur production, notamment par le biais du pétrole de schiste.

Quelle réaction de la Russie ?

L’embargo décrété par les Européens sur le pétrole russe aura bien entendu des conséquences sur son économie. Et c’est normal : un manque à gagner de 3,5 millions de barils par jour, ce n’est vraiment pas rien. Cela dit, la Russie va bien évidemment essayer de vendre son pétrole ailleurs et notamment à l’Inde et à la Chine qui sont de gros consommateurs. Toutefois, ces deux grandes puissances ne pourront pas absorber le volume de pétrole européen, tout simplement parce que la Chine est encore à l’arrêt (coronavirus), mais aussi parce que ces pays d’Asie ne sont pas dupes et ils ne souhaitent pas devenir totalement dépendants de la Russie à terme.

Tout ceci devrait donc contribuer à maintenir des prix élevés sur le long terme, mais probablement pas de les faire exploser même si les derniers indicateurs nous amènent à un nouveau prix record pour l’essence à partir de demain. En effet, Le prix maximum de l’essence 95 RON E10 s’établira à 2,1380 euros le litre (+0,121 euro), un niveau jamais-vu en Belgique. Cette nouvelle hausse est due à la nervosité des marchés suite à l’annonce de l’Union européenne, mais aussi en raison de la saison des vacances aux USA qui fait traditionnellement grimper les prix de l’essence.

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Par David Leclercq Rédacteur automobile

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