C'est une règle implicite qui existe toujours au sein des cercles d’affaires belges : il ne faut jamais mélanger politique et affaires. Le patron de Tesla, Elon Musk, aurait probablement mieux fait d’observer cette maxime. Car même si le cours de l'action de sa marque automobile se porte mieux depuis sa démarche politique, les chiffres de vente de ses automobiles en Europe sont pour le moins inquiétants et ils nécessitent probablement une révision de la stratégie.
Les immatriculations de Tesla ont en effet fortement chuté en janvier. C’est le cas dans notre pays, où la marque a subi une baisse de -44,8% avec seulement 1.008 unités écoulées contre 1.826 l'an dernier. Mais le reste de l’Europe manifeste le même repli. La France qui est le deuxième marché de l'UE pour Tesla et les ventes y ont chuté de -63% au mois de janvier 2025 (par rapport à l’an dernier). La situation n'est pas très différente aux Pays-Bas, deuxième bastion de l'électromobilité après la Norvège. Au mois de décembre de l'année dernière, Tesla a trouvé 6.000 nouveaux clients, mais début 2025 – le mois de l'investiture du président Donald Trump et de ce qui a été considéré par beaucoup comme un « salut nazi » de la part de Musk –, les ventes se sont effondrées à... 900 unités, soit une baisse de -83% !

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Les chiffres les plus bas depuis 18 mois
La marque a également perdu sa position dominante en Norvège, pays exemple en matière d’électromobilité (les ventes en neuf ont été à 95,6% électriques le mois dernier). Là, Tesla n’a même pas réalisé le tiers des ventes de Volkswagen qui s’est érigé en nouveau leader. En Allemagne, Tesla possède un site de production près de Berlin, mais ça n’a pas convaincu les acheteurs avec des ventes en recul de 41%. Dans l'ensemble, il s'agit des chiffres les plus mauvais depuis un an et demi. Ce n’est pas anodin, car, à l'exception de l'Allemagne, les ventes de véhicules électriques sont restées relativement stables sur de nombreux marchés.
Il y a bien sûr des explications. La dernière version du modèle phare, le Model Y, n’a pas encore été commercialisée et elle ne figure donc pas encore dans les chiffres. Il est possible que certains clients attendent donc avant de signer le bon de commande. Par ailleurs, le passage d’un millésime à l’autre compte aussi. Au mois de décembre, Tesla offre toujours des prix plus agressifs pour stimuler les ventes (comme le montrent les chiffres des Pays-Bas) et ce ballon se dégonfle forcément au cours du premier mois de l'année. Par ailleurs, dans de nombreux pays, les règles en matière de taxes et de subventions changent constamment, ce qui peut avoir un effet négatif. Mais, rappelons que ces obstacles existent aussi pour d'autres marques. Et puis on remarque qu'en Belgique, par exemple, Polestar a connu une croissance de +115% au cours du dernier mois.

Opinions politiques
La concurrence est certainement beaucoup plus dure pour Tesla. Mais en fait, celle-ci semble surtout bénéficier des frasques d’Elon Musk. Flirter avec les partis d'extrême droite (AfD en Allemagne, Meloni en Italie), soutenir Trump, rien de tout cela n’est de nature à convaincre. Et certainement pas vis-à-vis de la clientèle de gauche qui a soutenu Tesla à ses débuts - et qui se tournent maintenant en masse vers les autocollants d'excuse. Bloomberg est du même avis. Bien que l'impact soit difficile à quantifier, l'agence de presse évoque sans détour le lien entre les opinions politiques d’Elon Musk et les ventes de Tesla.
Malheureusement pour Musk, les signes sur le marché domestique ne sont pas bons non plus. En Californie, berceau de la marque et porte-étendard américain de la voiture électrique, les ventes ont reculé de -11,6%. Tesla conserve néanmoins sa position de leader. Mais pour combien de temps ? Dans cette région, il est à noter que la tendance générale est à la hausse, les voitures électriques ayant progressé de +0,7% l'an dernier. Les observateurs soulignent que les propos très républicains de Musk n'ont pas été appréciés au sein de l'État majoritairement démocrate. Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives avec un seul mois d’écoulé, mais les signes avant-coureurs ne trompent en général pas.
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