On s’en souvient : en 2015, le plafond du tunnel Rogier s’était effondré. Diagnostic : un manque d’investissements et d’entretien chronique qui a abouti à cet accident. Le problème, c’est que le tunnel Rogier était loin d’être le seul ouvrage dans le cas. En effet, les diverses inspections ont amené à la fermeture instantanée sur tunnel Stéphanie qui souffrait des mêmes maux. Après enquête, il s’avérait que ces travaux, couteux, avaient été reportés de législature en législature jusqu’à ce que plus rien n’aille. Une histoire encore bien belge.
Pour remédier à la situation, un budget d’urgence avait été débloqué en 2016 pour la rénovation des 26 tunnels de plus de 300 mètres de la région, le tout opéré sur 10 ans sous l’impulsion de Pascal Smet (one.brussels).
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Des reports importants
Après 6 ans de mise en œuvre, le programme pluriannuel d’investissement (PPI) a permis de rénover ce qui était prévu. Mais cela va s’arrêter là manifestement. Si le point doit encore faire l’objet d’un accord de gouvernement avec le cabinet de la ministre de la Mobilité, Elke Van den Brandt (Groen), il est en effet prévu que tous les autres investissements de rénovation soient reportés… de plusieurs années.
Le journal économique L’Écho a pu se procurer le nouveau programme pluriannuel d’investissement et il indique que les travaux des tunnels Belliard et Loi initialement prévus entre 2021 et 2024 à la période 2023-2026. Et pour le tunnel Rogier, c’est encore pire : les travaux ne seraient envisagés qu’en 2027-2028 au lieu de 2024-2025. Idem pour le tunnel Trône dont les rénovations sont reportées à 2030-2032, soit 3 ans plus tard que prévu.
Il y aura malgré tout des travaux d’urgence a pu constater l’Écho, notamment pour le plafond, les trémies ou la ventilation. Aucune nouvelle par contre des travaux prévus pour les tunnels Louise, Cinquantenaire, Montgomery et Bailli, mais tout porte à croire qu’ils sont aussi eux aussi fortement décalés dans le temps.
Réduire les frais
Les explications avancées sont diverses pour justifier ces reports : crise du covid, pénurie de main d’œuvre et des matériaux ainsi que, comme l’indique elle-même la ministre de la Mobilité régionale, Elke Van den Brandt, la proposition d’un autre calendrier qui est susceptible de créer moins d’embarras de circulation. Dans ce contexte précise le cabinet, il n’est pas possible de fermer actuellement d’autres tunnels que celui de Trône pour des raisons de gestion du trafic. D’accord pour ces explications, mais on ne peut s’empêcher malgré tout de penser que d’autres raisons pourraient aussi justifier ces reports. Comme le fait que les finances de la Région ne sont pas au beau fixe ou encore qu’il y a une intention manifeste de réduire la présence de la voiture dans la capitale.
On pourrait donc se demander s’il ne s’agit pas non plus d’une manière de réduire le nombre d’infrastructures dédiées à la voiture, comme c’est le cas pour le viaduc Hermann-Debroux ou encore pour la fin de l’E40 ou de l’A12 qui deviendront des boulevards urbains. Du côté de chez Elke Van den Brandt, on dément cette potentialité. N’empêche que ces derniers mois, force est de constater la réduction de l’espace dédié à la voiture et la volonté de pousser les usagers vers d’autres formes de transport (mobilité douce, transports en commun, etc.). Quoi qu’il en soit, le contexte et les actes suggèrent de manière assez évidente une chasse à la voiture qui contraste d’ailleurs avec les prévisions du Bureau du Plan qui nous indique que l’automobile représentera toujours plus de 80% de la part modale à l’horizon 2040.
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