Les voitures électriques boudées sur le marché de l’occasion

Les chiffres européens le montrent : les voitures d’occasion se vendent mal ou difficilement. Car la baisse des prix des voitures neuves à batterie impose aussi aux vendeurs de véhicules de seconde main de casser les prix.

Publié le 6 février 2024
Temps de lecture : 4 min

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Les voitures électriques boudées sur le marché de l’occasion

La voiture électrique se déploie de plus en plus dans nos rues, un état de fait qui va se renforcer dans les prochaines années avec la baisse des prix, mais aussi avec l’enrichissement du marché de l’occasion qui compte lui aussi de plus en plus de modèles électriques. Certes, la voiture à batterie n’est toutefois pas encore très représentée sur le marché de la seconde main. Selon Traxio, fédération des professionnels de la mobilité, le véhicule à batterie n’a représenté que 1,8% des 689.000 voitures d’occasion échangées en 2023 sur le marché belge, soit un peu plus de 12.400 voitures. Une paille. Ces chiffres sont d’ailleurs corroborés par ceux de Gocar Data qui compile toutes les données des plates-formes en ligne. En Belgique, il y a actuellement un peu plus de 7.000 voitures électriques à vendre (online) contre 154.892 véhicules thermiques (hybrides compris), soit 4,2% de l’offre. C’est chez nous un peu plus élevé, ce qui s’explique aisément par le succès des électriques comme voitures de société.

Cela dit, les vendeurs doivent faire face à un problème de taille : malgré l’augmentation de l’offre par rapport à 2022, les voitures se vendent difficilement. Et il y a une raison à cela : les voitures électriques d’occasion sont souvent (trop) chères. C’est là aussi ce que montre les chiffres de Gocar Data : sur la totalité de l’offre, le prix moyen d’une voiture électrique mise en vente est de 51.084 euros, contre 44.543 euros pour un modèle hybride et 25.834 euros pour un modèle 100% thermique.

Une chute des prix du neuf

Si les voitures d’occasion sont souvent jugées trop chères, c’est parce que le prix du neuf s’est écroulé sur le marché du neuf. Des données de la Banque HSBC font apparaître que la valeur moyenne à la revente des 10 modèles électriques les plus vendus aux États-Unis s’est écroulée de -28% l’an dernier et de -20% en Grande-Bretagne. Forcément, c’est aussi le cas chez nous : Tesla, Volkswagen, Skoda et d’autres constructeurs ont considérablement diminué leurs tarifs ces dernières semaines.

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Pour rappel, Tesla vient de baisser le prix du Model Y de 4.000 euros de manière permanente après avoir gagné en efficacité de production tandis que Skoda vend désormais l’Enyaq à moins de 40.000 euros, tout comme les ID.3 et lD.4 chez Volkswagen. Renault a aussi œuvré pour que le nouveau Scénic E-Tech soit proposé à moins de 40.000 euros, prime flamande à l’achat oblige.

Une perte de valeur accélérée

Cette situation implique que les vendeurs sont aujourd’hui contraints de faire d’importantes concessions sur les prix pour ne pas rester avec leurs stocks sur les bras. Pour eux, le délai de vente reste particulièrement important, car il ne faut pas oublier que la perception du vieillissement d’une voiture électrique est bien plus négative que pour une voiture thermique. Les mois écoulés sont des mois qui accentuent la perte de valeur – même si elle n’est pas avérée objectivement –, surtout pour ce qui concerne la batterie dont tout le monde craint la fin de vie. En outre, les progrès enregistrés par les batteries au cours des quelques derniers mois ou années sont énormes en termes de performances, de vitesse de recharge et, parfois, de longévité. Ce qui ajoute à la perte de valeur des modèles plus anciens.

Comment se profile l’avenir ? Probablement avec une période de transition. Car les baisses de prix des voitures électriques sur le marché du neuf vont se poursuivre en 2024 avec l’arrivée de plus en plus de constructeurs chinois ainsi que celle de véhicules neufs plus abordables comme la Citroën ë-C3 ou la R5. De ce fait, les revendeurs d’occasion vont devoir encore raboter les prix pendant plusieurs mois encore, le temps que les véhicules moins chers arrivent sur le marché. Reste à voir en Flandre toutefois comment le marché évoluera avec la prime à l’achat aussi disponible pour les voitures d’occasion (3.000 euros en 2024, 2.500 euros en 2025 et 2.000 euros en 2026). Une situation assez unique qui n’existe pas ailleurs en Europe et qui pourrait vraiment soutenir le marché belge de la seconde main.

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Par David Leclercq Rédacteur automobile

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